Et si l’on appliquait les prescriptions de la politique nationale pharmaceutique ?
La faiblesse du pouvoir d’achat des ménages et le coût élevé des médicaments donnent lieu en Afrique subsaharienne au développement du commerce illicite de produits pharmaceutiques qui constitue un problème de santé publique. En Côte d’Ivoire, le haut lieu de ce commerce est situé à Adjamé-Roxy.
Pourquoi malgré toutes les campagnes de sensibilisation initiées par les autorités sanitaires pour mettre en garde contre l’usage des médicaments de la rue, le phénomène perdure-t-il ? Comment y mettre fin ?
Adjamé, boulevard Nangui Abrogoua, dans les périmètres de l’ex- cinéma Roxy, c’est là le siège de la plus grande pharmacie à ciel ouvert de Côte d’Ivoire, depuis des années. Bien connu des populations abidjanaises, ce haut lieu informel de santé publique ne désemplit jamais. Ce mardi 14 octobre 2014, il est 8 heures. En dépit de la pluie de la veille qui a rendu presque impraticables les artères devenues pour la circonstance boueuses, les clients se bousculent pour se frayer un chemin. Les raisons de cette affluence sont nombreuses.
Le coût élevé des médicaments
Martial B. est sans emploi. Ici, il est chez lui. Chaque fois qu’il doit acheter un médicament, il n’a qu’une seule destination. « Il faut éviter les préjugés, les médicaments qui se vendent ici sont les mêmes qu’on trouve dans nos pharmacies. La seule différence qui nous conduit ici, c’est le prix. Dans les pharmacies, les prix sont élevés et rien ne se négocie. Or ici, on a la possibilité de le faire. J’ai une ordonnance qui fait 14 875 FCFA en pharmacie. Avec 10 000 FCFA, je viens de me procurer les mêmes médicaments », explique-t-il.
En plus des prix pratiqués, s’ajoute la possibilité d’être servi au détail pour certains médicaments. Cela suffit à contenter Sylvestre Gomé, Machiniste de profession. « Ici, certains médicaments nous sont vendus au détail. Aujourd’hui, je viens d’acheter des médicaments pour le traitement de mon paludisme. Comme je n’ai pas assez d’argent sur moi, j’en ai pris aussi en détail.»
Pour Aboubacar, ces médicaments sont de bonne qualité. De plus, les femmes qui les vendent connaissent bien la posologie comme les médecins. « Les vendeuses connaissent les médicaments. Quand vous leur donnez votre ordonnance, elles savent déjà de quoi vous souffrez. Il y a ici des délégués médicaux qui viennent livrer les médicaments et même des gens pour lire les ordonnances », rassure notre interlocuteur. Dernier argument avancé par les clients, la pharmacie à ciel ouvert de Roxy est mieux approvisionnée que certaines officines légalement constituées. Du traitement de la simple fièvre à la maladie la plus grave, tous les médicaments y sont disponibles. Même ceux qui servent au bloc opératoire ! Le hic, c’est le manque d’hygiène et la conservation des produits, exposés à la chaleur.
Loi du silence
Sur l’identité de leurs fournisseurs et l’origine de ces médicaments, les vendeuses gardent le silence. La moindre question paraît suspecte et les regards que l’on vous lance expliquent avec aisance qu’elles ne vous diront rien. Pas la peine d’insister, car des personnes veillent sur la quiétude et la sérénité de ce commerce. Une interdiction formelle est faite aux vendeuses de donner des informations sur leur activité surtout à des journalistes ! L’une d’entre elles nous conseille même de quitter les lieux avant que les autres ne découvrent notre identité.
Comment préserver la santé des populations ?
Dans le but d’éradiquer ce commerce de la mort, une descente y a été effectuée le 27 août 2013. L’opération avait conduit à la saisie et à la destruction de plus de 10 tonnes de médicaments illicites par la brigade des stupéfiants et des drogues. Hélas, rien n’y fit! La solution pour atténuer ce fléau serait, selon Franck Éloi G, Informaticien, d’envisager une baisse conséquente du prix des médicaments. « L’État doit accorder des subventions aux différents laboratoires déjà présents et aussi aux pharmacies pour mener cette politique. Si les médicaments sont moins coûteux, les gens se détourneront très vite des commerces illicites.»
Julien Djédjé
La faiblesse du pouvoir d’achat des ménages et le coût élevé des médicaments donnent lieu en Afrique subsaharienne au développement du commerce illicite de produits pharmaceutiques qui constitue un problème de santé publique. En Côte d’Ivoire, le haut lieu de ce commerce est situé à Adjamé-Roxy.
Pourquoi malgré toutes les campagnes de sensibilisation initiées par les autorités sanitaires pour mettre en garde contre l’usage des médicaments de la rue, le phénomène perdure-t-il ? Comment y mettre fin ?
Adjamé, boulevard Nangui Abrogoua, dans les périmètres de l’ex- cinéma Roxy, c’est là le siège de la plus grande pharmacie à ciel ouvert de Côte d’Ivoire, depuis des années. Bien connu des populations abidjanaises, ce haut lieu informel de santé publique ne désemplit jamais. Ce mardi 14 octobre 2014, il est 8 heures. En dépit de la pluie de la veille qui a rendu presque impraticables les artères devenues pour la circonstance boueuses, les clients se bousculent pour se frayer un chemin. Les raisons de cette affluence sont nombreuses.
Le coût élevé des médicaments
Martial B. est sans emploi. Ici, il est chez lui. Chaque fois qu’il doit acheter un médicament, il n’a qu’une seule destination. « Il faut éviter les préjugés, les médicaments qui se vendent ici sont les mêmes qu’on trouve dans nos pharmacies. La seule différence qui nous conduit ici, c’est le prix. Dans les pharmacies, les prix sont élevés et rien ne se négocie. Or ici, on a la possibilité de le faire. J’ai une ordonnance qui fait 14 875 FCFA en pharmacie. Avec 10 000 FCFA, je viens de me procurer les mêmes médicaments », explique-t-il.
En plus des prix pratiqués, s’ajoute la possibilité d’être servi au détail pour certains médicaments. Cela suffit à contenter Sylvestre Gomé, Machiniste de profession. « Ici, certains médicaments nous sont vendus au détail. Aujourd’hui, je viens d’acheter des médicaments pour le traitement de mon paludisme. Comme je n’ai pas assez d’argent sur moi, j’en ai pris aussi en détail.»
Pour Aboubacar, ces médicaments sont de bonne qualité. De plus, les femmes qui les vendent connaissent bien la posologie comme les médecins. « Les vendeuses connaissent les médicaments. Quand vous leur donnez votre ordonnance, elles savent déjà de quoi vous souffrez. Il y a ici des délégués médicaux qui viennent livrer les médicaments et même des gens pour lire les ordonnances », rassure notre interlocuteur. Dernier argument avancé par les clients, la pharmacie à ciel ouvert de Roxy est mieux approvisionnée que certaines officines légalement constituées. Du traitement de la simple fièvre à la maladie la plus grave, tous les médicaments y sont disponibles. Même ceux qui servent au bloc opératoire ! Le hic, c’est le manque d’hygiène et la conservation des produits, exposés à la chaleur.
Loi du silence
Sur l’identité de leurs fournisseurs et l’origine de ces médicaments, les vendeuses gardent le silence. La moindre question paraît suspecte et les regards que l’on vous lance expliquent avec aisance qu’elles ne vous diront rien. Pas la peine d’insister, car des personnes veillent sur la quiétude et la sérénité de ce commerce. Une interdiction formelle est faite aux vendeuses de donner des informations sur leur activité surtout à des journalistes ! L’une d’entre elles nous conseille même de quitter les lieux avant que les autres ne découvrent notre identité.
Comment préserver la santé des populations ?
Dans le but d’éradiquer ce commerce de la mort, une descente y a été effectuée le 27 août 2013. L’opération avait conduit à la saisie et à la destruction de plus de 10 tonnes de médicaments illicites par la brigade des stupéfiants et des drogues. Hélas, rien n’y fit! La solution pour atténuer ce fléau serait, selon Franck Éloi G, Informaticien, d’envisager une baisse conséquente du prix des médicaments. « L’État doit accorder des subventions aux différents laboratoires déjà présents et aussi aux pharmacies pour mener cette politique. Si les médicaments sont moins coûteux, les gens se détourneront très vite des commerces illicites.»
Julien Djédjé