En exclusivité, le Président Bédié a confié au Magazine international des grands travaux "Acturoutes, La Revue" ses sentiments au moment de l’inauguration du pont qui porte son nom. Par ailleurs, il a exprimé sa vision de la Côte d’Ivoire et l’état de ses relations avec le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Monsieur le Président, vous avez imaginé ce pont à travers les 12 travaux de « l’Éléphant d’Afrique ». 19 ans après, il est une réalité et il porte votre nom, alors que vous n’avez pas pu conduire ces travaux vous-même. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Je ressens, vous l’imaginez bien, une grande joie de voir que ce projet phare qui a fait partie des « Douze chantiers de l’Éléphant d’Afrique », est devenu aujourd’hui, une réalité. Un pont est par définition, une infrastructure importante qui relie deux quartiers, deux villes ou même deux pays. Il constitue un lien, ai-je dit, qui renforce les échanges économiques, politiques, culturels et sociaux entre les populations. Il a pour effet de raccourcir les distances et fait gagner du temps.
Vous vous rappelez sans doute que les travaux avaient déjà commencé, lorsque pour les raisons que vous savez, ils ont été arrêtés. Les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de l’Etat n’ont pas considéré ce pont comme une priorité et il a fallu que le Président Alassane Ouattara le sort des tiroirs pour le réaliser.
Je remercie le Président Alassane Ouattara et je sais aussi que toute la Côte d’Ivoire le remercie également. Il réalise le pont avec d’autres aménagements qui donnent une fière allure au projet et à la ville d’Abidjan.
Le Président Ouattara m’a fait l’agréable surprise, à l’occasion de la cérémonie de démarrage des travaux dudit pont, de m’annoncer qu’il lui donnait mon nom. Ce fut et c’est toujours un honneur particulier que je ressens et je tiens, une fois de plus à l’en remercier.
Ce pont vous immortalise aux côtés des Présidents Houphouët-Boigny et Charles de Gaulle dont les deux premiers ouvrages du même type portent les noms. Voyez-vous cela comme la consécration d’un bâtisseur ?
Shakespeare, célèbre dramaturge anglais, a dit dans une de ses pièces que le monde est une vaste scène où chacun vient jouer sa partition.
Suis-je un bâtisseur ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que dans les fonctions que j’ai eu à occuper, notamment celle de Président de la République de Côte d’Ivoire, j’ai cherché à apporter au pays ce que je pouvais, ce que je pensais utile pour lui. C’est ainsi qu’ont été faites plusieurs réalisations auxquelles j’ai pris une part importante. En initiant les « Chantiers de l’Éléphant d’Afrique », je souhaitais faire en sorte, après avoir vu les Dragons d’Asie, comme Singapour, la Malaisie et d’autres pays de cette zone, que j’ai pu visiter, que la Côte d’Ivoire devienne, pourquoi pas, un Éléphant d’Afrique à l’image des Dragons d’Asie.
Je suis heureux de noter que le Président de la République est en train de réaliser ces projets, dont bien entendu, le troisième pont, devenu aujourd’hui, Pont Henri Konan Bédié.
Cela est-il une consécration pour moi de voir ce pont porter mon nom? C’est à la postérité et à vous autres journalistes de le dire. De nombreux bâtiments, institutions, stades et places, à travers le pays, portent déjà mon nom. Mais je dois dire que le cas du pont Henri Konan Bédié me réjouit tout particulièrement.
Les Ivoiriens et l’opinion internationale ont connu la grande rivalité qu’il y avait entre vous et le Président Alassane Ouattara. En 2010, vous n’avez pas hésité à appeler à voter pour lui. Vous faites d’ailleurs le même appel pour 2015. De son côté, c’est lui qui donne votre nom à ce prestigieux pont. Doit-on en dire que la réconciliation est définitivement scellée entre ces deux « fils d’Houphouët-Boigny » ?
Quelle autre conclusion voudriez-vous tirer de cette situation ? Depuis plus de dix ans, les brouilles que nous avons pu avoir ont été levées et nous nous sommes réconciliés. Peut-être que cela ne semble pas être du goût de tous ! Mais il nous faut dire à tous et à chacun que nous sommes, mon jeune frère et moi, animés du même idéal, celui de travailler pour le peuple de Côte d’Ivoire, que le Président Félix Houphouët -Boigny nous a laissé.
Monsieur le Président, certains vous décrivaient comme un rancunier, mais pour beaucoup aujourd’hui, Henri Konan Bédié est l’homme qui a su pardonner la « grande douleur » de sa vie, c’est-à-dire le coup d’Etat de 1999 et son lot d’humiliations. Quel message adressez-vous aux Ivoiriens de tous bords politiques (Rhdp et Opposition) pour une paix durable ?
J’ai toujours dit que le temps est la mesure de toute chose. Il est heureux que beaucoup d’Ivoiriens découvrent aujourd’hui, la réalité. Notre chef à tous, le père fondateur Houphouët-Boigny, disait que la plus grande école était celle qui ne délivrait pas de diplômes, l’école de la vie. Elle enseigne comment vivre.
Oui, j’ai souffert du coup d’Etat de 1999 qui ne se justifiait pas. J’ai souffert de beaucoup d’humiliations, mais j’ai toujours fait confiance à mon créateur. Grâce à lui, j’ai pu surmonter tout ce qui m’a été fait, y compris par des personnes qui m’étaient très proches.
Pour l’amour de notre pays, nous devons apprendre à oublier les offenses, à nous pardonner, à nous réconcilier. Rien de solide ne peut se bâtir dans le désordre, dans la guerre. Nous devons rapidement fermer la parenthèse de dix à douze ans que nous avons vécus et désormais nous regarder comme des frères, avec des opinions différentes mais surtout nous tenir la main et regarder dans la même direction.
Notre nation a besoin de paix, une paix durable, celle des cœurs et des esprits qui engage toutes les filles et tous les fils de ce beau pays.
Interview réalisée
par Barthélemy KOUAME
Monsieur le Président, vous avez imaginé ce pont à travers les 12 travaux de « l’Éléphant d’Afrique ». 19 ans après, il est une réalité et il porte votre nom, alors que vous n’avez pas pu conduire ces travaux vous-même. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Je ressens, vous l’imaginez bien, une grande joie de voir que ce projet phare qui a fait partie des « Douze chantiers de l’Éléphant d’Afrique », est devenu aujourd’hui, une réalité. Un pont est par définition, une infrastructure importante qui relie deux quartiers, deux villes ou même deux pays. Il constitue un lien, ai-je dit, qui renforce les échanges économiques, politiques, culturels et sociaux entre les populations. Il a pour effet de raccourcir les distances et fait gagner du temps.
Vous vous rappelez sans doute que les travaux avaient déjà commencé, lorsque pour les raisons que vous savez, ils ont été arrêtés. Les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de l’Etat n’ont pas considéré ce pont comme une priorité et il a fallu que le Président Alassane Ouattara le sort des tiroirs pour le réaliser.
Je remercie le Président Alassane Ouattara et je sais aussi que toute la Côte d’Ivoire le remercie également. Il réalise le pont avec d’autres aménagements qui donnent une fière allure au projet et à la ville d’Abidjan.
Le Président Ouattara m’a fait l’agréable surprise, à l’occasion de la cérémonie de démarrage des travaux dudit pont, de m’annoncer qu’il lui donnait mon nom. Ce fut et c’est toujours un honneur particulier que je ressens et je tiens, une fois de plus à l’en remercier.
Ce pont vous immortalise aux côtés des Présidents Houphouët-Boigny et Charles de Gaulle dont les deux premiers ouvrages du même type portent les noms. Voyez-vous cela comme la consécration d’un bâtisseur ?
Shakespeare, célèbre dramaturge anglais, a dit dans une de ses pièces que le monde est une vaste scène où chacun vient jouer sa partition.
Suis-je un bâtisseur ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que dans les fonctions que j’ai eu à occuper, notamment celle de Président de la République de Côte d’Ivoire, j’ai cherché à apporter au pays ce que je pouvais, ce que je pensais utile pour lui. C’est ainsi qu’ont été faites plusieurs réalisations auxquelles j’ai pris une part importante. En initiant les « Chantiers de l’Éléphant d’Afrique », je souhaitais faire en sorte, après avoir vu les Dragons d’Asie, comme Singapour, la Malaisie et d’autres pays de cette zone, que j’ai pu visiter, que la Côte d’Ivoire devienne, pourquoi pas, un Éléphant d’Afrique à l’image des Dragons d’Asie.
Je suis heureux de noter que le Président de la République est en train de réaliser ces projets, dont bien entendu, le troisième pont, devenu aujourd’hui, Pont Henri Konan Bédié.
Cela est-il une consécration pour moi de voir ce pont porter mon nom? C’est à la postérité et à vous autres journalistes de le dire. De nombreux bâtiments, institutions, stades et places, à travers le pays, portent déjà mon nom. Mais je dois dire que le cas du pont Henri Konan Bédié me réjouit tout particulièrement.
Les Ivoiriens et l’opinion internationale ont connu la grande rivalité qu’il y avait entre vous et le Président Alassane Ouattara. En 2010, vous n’avez pas hésité à appeler à voter pour lui. Vous faites d’ailleurs le même appel pour 2015. De son côté, c’est lui qui donne votre nom à ce prestigieux pont. Doit-on en dire que la réconciliation est définitivement scellée entre ces deux « fils d’Houphouët-Boigny » ?
Quelle autre conclusion voudriez-vous tirer de cette situation ? Depuis plus de dix ans, les brouilles que nous avons pu avoir ont été levées et nous nous sommes réconciliés. Peut-être que cela ne semble pas être du goût de tous ! Mais il nous faut dire à tous et à chacun que nous sommes, mon jeune frère et moi, animés du même idéal, celui de travailler pour le peuple de Côte d’Ivoire, que le Président Félix Houphouët -Boigny nous a laissé.
Monsieur le Président, certains vous décrivaient comme un rancunier, mais pour beaucoup aujourd’hui, Henri Konan Bédié est l’homme qui a su pardonner la « grande douleur » de sa vie, c’est-à-dire le coup d’Etat de 1999 et son lot d’humiliations. Quel message adressez-vous aux Ivoiriens de tous bords politiques (Rhdp et Opposition) pour une paix durable ?
J’ai toujours dit que le temps est la mesure de toute chose. Il est heureux que beaucoup d’Ivoiriens découvrent aujourd’hui, la réalité. Notre chef à tous, le père fondateur Houphouët-Boigny, disait que la plus grande école était celle qui ne délivrait pas de diplômes, l’école de la vie. Elle enseigne comment vivre.
Oui, j’ai souffert du coup d’Etat de 1999 qui ne se justifiait pas. J’ai souffert de beaucoup d’humiliations, mais j’ai toujours fait confiance à mon créateur. Grâce à lui, j’ai pu surmonter tout ce qui m’a été fait, y compris par des personnes qui m’étaient très proches.
Pour l’amour de notre pays, nous devons apprendre à oublier les offenses, à nous pardonner, à nous réconcilier. Rien de solide ne peut se bâtir dans le désordre, dans la guerre. Nous devons rapidement fermer la parenthèse de dix à douze ans que nous avons vécus et désormais nous regarder comme des frères, avec des opinions différentes mais surtout nous tenir la main et regarder dans la même direction.
Notre nation a besoin de paix, une paix durable, celle des cœurs et des esprits qui engage toutes les filles et tous les fils de ce beau pays.
Interview réalisée
par Barthélemy KOUAME