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Editorial Publié le vendredi 20 février 2015 | Le Sursaut

Chronique/Politique d’emplois en Côte d’Ivoire: les grandes inquiétudes du ministre Daniel Anikpo

Le ministre Daniel Anikpo est très critiques sur les questions d’emplois, notamment les politiques d’absorption du taux de chômage dans les Etats.

Il y a quelques semaines, j’ai fait l’analyse de la politique de l’émergence en Côte d’Ivoire. En privilégiant les variables économiques du développement, en particulier la création d’emplois, j’ai conclu que la politique de l’émergence en matière de création d’emplois est un échec. En début de semaine, le Premier Ministre était devant les instances de la banque mondiale pour faire le bilan de sa politique économique. Il devait présenter, en session plénière, en tant que principal intervenant du panel de haut niveau, «le rôle du secteur privé comme moteur de la croissance et de la création d’emplois dans les états fragiles». Et d’après fraternité matin, le PM «venait d’exposer les actions menées par le Gouvernement au bénéfice du secteur privé, moteur de la croissance». Et nulle part, le journal ne mentionne les résultats concrets de ces actions menées. Surtout, les résultats en matière de création d’emplois, puisque la création d’emplois figurait dans le thème de son exposé. Je veux croire que l’envoyé spécial de Fraternité Matin a oublié de les mentionner. En effet, les sommités qui assistaient à cette conférence ne pouvaient se contenter d’une description des actions menées au bénéfice du secteur privé et s’arrêter là. Je me pose la question de savoir si le Premier ministre a présenté les résultats qu’il a déjà livrés en Côte d’Ivoire, à sa quatrième conférence et qui m’ont permis de conclure à un bilan médiocre de sa politique de création d’emplois ou s’il a donné d’autres chiffres ? S’il a donné les mêmes chiffres de création d’emplois qu’il a livrés en Côte d’Ivoire, nous confirmons, que la politique du Gouvernement en matière de création d’emplois n’est pas un succès comme il l’a proclamée à Washington. En effet, et ce n’est un secret pour aucun Ivoirien, en quatre années de politique d’émergence, notre gouvernement n’a créé que quelques deux cent soixante dix huit mille emplois (278000). Ces emplois sont répartis entre secteur privé qui totalise deux cent trente sept mille emplois (237000) et le secteur public qui a quarante et un mille emplois (41000). Pourquoi nous confirmons que ces résultats sont catastrophiques ? Nous nous appuyons sur deux types d’analyse : l’analyse quantitative et l’analyse qualitative.
L’analyse quantitative se fonde sur deux points. La confrontation de l’offre et de la demande d’emplois révèle que notre pays a un stock de dix millions de sans emplois, chômeurs et chômeurs déguisés. Face à cet océan de dix millions de demandeurs d’emplois, créer 278000 emplois en quatre années, soient, soixante neuf mille cinq cent emplois par an (69500), est une goutte d’eau insignifiante. Un déséquilibre très grand demeure. A ce niveau d’analyse déjà, on peut aisément affirmer que le Gouvernement est vaincu, et disqualifié. Au niveau de l’analyse quantitative toujours, nous avons noté les promesses du Candidat ADO à la présidence de la République. Il promettait de créer un millions d’emplois en cinq ans. Ici encore, la confrontation de la promesse de création d’un million d’emplois et l’offre effective de deux cent soixante dix huit mille emplois, en quatre ans, est très grand. Le déséquilibre est très marqué. A supposer que, les choses restant statiques, les Ivoiriens comptent sur la politique de la création d’emplois du Gouvernement pour résorber le stock des dix millions de chômeurs, à raison de soixante neuf mille cinq cent emplois créés par an, il nous faut attendre, cent quarante quatre années bien comptées. Soit un siècle et demi. Malheureusement pour les Ivoiriens, les choses ne sont pas stationnaires. Elles bougent, elles changent. Et nous abordons l’analyse qualitative. Là encore, comme savent bien faire les économistes, nous allons confronter l’offre et la demande d’emplois. La Côte d’Ivoire fabrique dans sa machine scolaire et universitaire, près de cinq cent mille nouveaux demandeurs d’emplois qui viennent chaque année, grossir les rangs de chômeurs existants. Alors que la capacité annuelle de création d’emploi du Gouvernement n’est que de 69500. Là encore, nous avons un écart immense entre l’offre et la demande d’emplois. Pour créer les cinq cent mille nouveaux emplois dont le pays a besoin chaque année, il faut attendre sept ans. Nous faisons remarquer que nous n’avions pas pris en compte la situation de création nette d’emplois qui intègre les emplois perdus du fait de fermetures d’entreprises et les nouveaux emplois créés. Si, nous intégrons les emplois perdus du fait des faillites des PME/PMI ivoiriennes, la situation serait encore plus dramatique. Donc avec les performances lamentables du Gouvernement à créer des emplois, la Côte d’Ivoire doit s’attendre à un solde net du chômage insupportable. Le pays doit s’attendre, dans les temps à venir, à se réveiller un matin et se trouver impuissant face à une explosion sociale inévitable. Une bombe à retardement. A bon entendeur, salut !
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