La Fédération du Nigéria a organisé, on peut le dire, la première élection démocratique de son histoire. Premier coup d’essai, coup de maître pour le pays le plus peuplé du continent qui est habitué aux alternances par les voies des armes. Pendant un demi-siècle, le Nigéria n’a connu que des tumultes politiques. La plupart des dirigeants qui se sont succédés à la tête de la Fédération ont accédé au pouvoir en ayant recours au même mode opératoire. C’est-à-dire, le coup d’Etat militaire.
En effet, au petit matin du mardi 31 mars après un peu plus de 24 heures de dépouillement, le président sortant, Jonathan Goodluck, n’a pas attendu le verdict de la Commission Electorale pour reconnaître la victoire de son adversaire, le général Muhammadu Buhari. Celui-là même qui a dirigé le Nigéria avec une main de fer dans les années 80 après un putsch militaire.
Les violences postélectorales, qui ont émaillé la dernière présidentielle de 2011 mettant en opposition les deux rivaux, avaient fait plus de mille morts au compteur. Un précédent qui a fait penser que les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Mais que non. Les deux candidats ont respecté le pacte de non-violence qu’ils ont signé en appelant leurs partisans au calme. Le message est bien passé.
En plus des risques de violences, l’on redoutait également les menaces de la secte islamique Boko Haram de saborder le déroulement des élections par des attentats à la bombe. Heureusement, le pire a été évité dans les Etats de Yobe, Borno et Adamawa qui sont devenus ses bastions.
Le Nigéria, un des plus grands pays du continent – grand par sa taille et sa population évaluée à un peu plus de 180 millions d’habitants – a démontré aux yeux du monde entier qu’il peut être aussi un modèle de démocratie sur le continent.
En ouvrant la voie d’une élection démocratique et apaisée, le Nigéria a indiqué le chemin à suivre aux autres nations africaines devant connaître une élection présidentielle. Le système biométrique pour lire les cartes d’électeurs utilisé pour la fois première sur le continent a donné, sans aucun doute, un gage de transparence au scrutin. Cette prouesse technologique mise au service de la démocratie, moins onéreuse, devrait faire école chez les ouest-africains et même ailleurs.
Commençons par la Côte d’Ivoire. C’est avec la peur au ventre que les Ivoiriens attendent la prochaine présidentielle d’octobre 2015. Le traumatisme de la crise postélectorale de 2010 est encore très présent dans les esprits des uns et des autres. Et, il y a de bonnes raisons d’avoir peur. En effet, durant les cinq années écoulées, la réconciliation n’ayant pas été au rendez-vous, les ressentiments dans le camp Ouattara et Gbagbo sont restés quasiment intacts. Tout porte à croire que les élections prochaines pourraient encore déboucher sur des violences postélectorales.
Un autre pays retient l’attention des observateurs. Il s’agit du Burkina Faso. Ce pays sort fraîchement d’une crise de gouvernance qui a vu l’éviction de Blaise Compaoré du pouvoir. Ce dernier a dû abandonner son fauteuil sous la pression de la rue et de l’opposition. Le président par intérim Michel Kafando et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, ont beau donné des gages de bonne tenue du scrutin, les burkinabé, eux, restent sceptiques. Ils n’oublieront pas de sitôt le syndrome du pays voisin, la Côte d’Ivoire, qui a impacté la vie sociopolitique de leur pays.
Idem en Guinée et au Togo. Les prémices d’élections mouvementées sont visibles aussi bien à Conakry qu’à Lomé. En Guinée, le président sortant, Alpha Condé, est perçu par l’opposition comme un président autocratique et donc soupçonné de vouloir se maintenir au pouvoir en organisant des élections sur mesure en sa faveur. Pour l’opinion internationale, la Guinée reste un pays potentiellement instable depuis la mort de son premier président, Ahmed Sékou Touré.
Au Togo, le président Faure Eyadema, n’est pas le moins mis en cause par son opposition. La polémique continue d’enfler dans les différents camps quant à sa légitimité à se représenter. Pour son camp, le fils du père Gnassingbé Eyadema a le droit de rempiler à la tête du pays dès lors que la constitution le lui autorise. Le mandat présidentiel n’étant toujours pas limité dans ce pays. La majorité parlementaire au pouvoir avait rejeté en juin dernier le projet de réformes politiques visant à limiter le nombre de mandat à deux quinquennats.
Que cela ne tienne, l’opposition et la société civile n’entendent pas abdiquer. Elles lui rétorquent d’user de subterfuges pour se maintenir au pouvoir comme son défunt père qui a régné d’une main de fer pendant près de 40 ans. Qu’en serait-t-il le jour du scrutin si l’opposition venait à y participer ou à le boycotter ? Personne ne le sait. Sur le terrain, les esprits s’échauffent. Le président Faure sait qu’il aura fort à faire pour colmater les brèches au sein même de sa famille biologique. N’est-ce pas que l’affaire Kpatcha Gnassingbé continue d’empoisonner la fratrie depuis sa condamnation par une justice soupçonnée d’être aux ordres de son demi-frère président pour tentative de coup d’Etat ? En face, l’opposition, sûre de remporter le scrutin, souhaite une élection démocratique, transparente et ouverte pour mettre fin au règne de la dynastie des Eyadema.
Clément Yao
En effet, au petit matin du mardi 31 mars après un peu plus de 24 heures de dépouillement, le président sortant, Jonathan Goodluck, n’a pas attendu le verdict de la Commission Electorale pour reconnaître la victoire de son adversaire, le général Muhammadu Buhari. Celui-là même qui a dirigé le Nigéria avec une main de fer dans les années 80 après un putsch militaire.
Les violences postélectorales, qui ont émaillé la dernière présidentielle de 2011 mettant en opposition les deux rivaux, avaient fait plus de mille morts au compteur. Un précédent qui a fait penser que les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Mais que non. Les deux candidats ont respecté le pacte de non-violence qu’ils ont signé en appelant leurs partisans au calme. Le message est bien passé.
En plus des risques de violences, l’on redoutait également les menaces de la secte islamique Boko Haram de saborder le déroulement des élections par des attentats à la bombe. Heureusement, le pire a été évité dans les Etats de Yobe, Borno et Adamawa qui sont devenus ses bastions.
Le Nigéria, un des plus grands pays du continent – grand par sa taille et sa population évaluée à un peu plus de 180 millions d’habitants – a démontré aux yeux du monde entier qu’il peut être aussi un modèle de démocratie sur le continent.
En ouvrant la voie d’une élection démocratique et apaisée, le Nigéria a indiqué le chemin à suivre aux autres nations africaines devant connaître une élection présidentielle. Le système biométrique pour lire les cartes d’électeurs utilisé pour la fois première sur le continent a donné, sans aucun doute, un gage de transparence au scrutin. Cette prouesse technologique mise au service de la démocratie, moins onéreuse, devrait faire école chez les ouest-africains et même ailleurs.
Commençons par la Côte d’Ivoire. C’est avec la peur au ventre que les Ivoiriens attendent la prochaine présidentielle d’octobre 2015. Le traumatisme de la crise postélectorale de 2010 est encore très présent dans les esprits des uns et des autres. Et, il y a de bonnes raisons d’avoir peur. En effet, durant les cinq années écoulées, la réconciliation n’ayant pas été au rendez-vous, les ressentiments dans le camp Ouattara et Gbagbo sont restés quasiment intacts. Tout porte à croire que les élections prochaines pourraient encore déboucher sur des violences postélectorales.
Un autre pays retient l’attention des observateurs. Il s’agit du Burkina Faso. Ce pays sort fraîchement d’une crise de gouvernance qui a vu l’éviction de Blaise Compaoré du pouvoir. Ce dernier a dû abandonner son fauteuil sous la pression de la rue et de l’opposition. Le président par intérim Michel Kafando et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, ont beau donné des gages de bonne tenue du scrutin, les burkinabé, eux, restent sceptiques. Ils n’oublieront pas de sitôt le syndrome du pays voisin, la Côte d’Ivoire, qui a impacté la vie sociopolitique de leur pays.
Idem en Guinée et au Togo. Les prémices d’élections mouvementées sont visibles aussi bien à Conakry qu’à Lomé. En Guinée, le président sortant, Alpha Condé, est perçu par l’opposition comme un président autocratique et donc soupçonné de vouloir se maintenir au pouvoir en organisant des élections sur mesure en sa faveur. Pour l’opinion internationale, la Guinée reste un pays potentiellement instable depuis la mort de son premier président, Ahmed Sékou Touré.
Au Togo, le président Faure Eyadema, n’est pas le moins mis en cause par son opposition. La polémique continue d’enfler dans les différents camps quant à sa légitimité à se représenter. Pour son camp, le fils du père Gnassingbé Eyadema a le droit de rempiler à la tête du pays dès lors que la constitution le lui autorise. Le mandat présidentiel n’étant toujours pas limité dans ce pays. La majorité parlementaire au pouvoir avait rejeté en juin dernier le projet de réformes politiques visant à limiter le nombre de mandat à deux quinquennats.
Que cela ne tienne, l’opposition et la société civile n’entendent pas abdiquer. Elles lui rétorquent d’user de subterfuges pour se maintenir au pouvoir comme son défunt père qui a régné d’une main de fer pendant près de 40 ans. Qu’en serait-t-il le jour du scrutin si l’opposition venait à y participer ou à le boycotter ? Personne ne le sait. Sur le terrain, les esprits s’échauffent. Le président Faure sait qu’il aura fort à faire pour colmater les brèches au sein même de sa famille biologique. N’est-ce pas que l’affaire Kpatcha Gnassingbé continue d’empoisonner la fratrie depuis sa condamnation par une justice soupçonnée d’être aux ordres de son demi-frère président pour tentative de coup d’Etat ? En face, l’opposition, sûre de remporter le scrutin, souhaite une élection démocratique, transparente et ouverte pour mettre fin au règne de la dynastie des Eyadema.
Clément Yao