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Editorial Publié le mercredi 23 décembre 2015 | La Tribune Ivoirienne

« Un cadavre va mourir »

En accueillant son ami et frère Blaise Compaoré, ancien président de la République du Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, après la chute inattendue de ce dernier du Pouvoir, Alassane Ouattara était loin, très loin de s’imaginer qu’il se mettait un os dans la gorge. Peut-être par amitié, mais bien plus par reconnaissance pour tout le service rendu et tout le soutien qu’il lui a apporté, aux heures chaudes de l’adversité contre Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat actuel, Alassane Ouattara, n’a pas fait de calculs. Il a offert, comme on le ferait pour un frère, gîte et couvert à celui qui a passé 27 ans à la tête d’une nation qui avait faim de liberté et soif de démocratie. M. Ouattara n’a donc pas mesuré le risque et minimisé ce que pouvait lui coûter cet acte de grande générosité.
Mais voilà qu’aujourd’hui, M. Ouattara doit faire face à une grosse responsabilité historique. On lui demande de livrer Blaise Compaoré aux autorités de son pays, pour répondre des faits d’assassinat sur la personne du capitaine Thomas Sankara, ex-chef d’Etat du Burkina Faso, tué lors d’un coup d’Etat dans ce pays. En effet, comme un voleur à qui l’on demande de restituer un objet volé, les autorités burkinabè ont lancé un mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré, leur compatriote, à charge donc pour le pays qui l’héberge de le mettre à leur disposition.
Que va donc faire Ouattara dans cette affaire à couper le sommeil ? Telle est la grande interrogation. Va-t-il protéger Blaise Compaoré jusqu’au bout, au risque de se mettre la justice burkinabé et les autorités de ce pays à dos ? Dira-t-il à Blaise « son frère » : « T’inquiète ! On meurt ensemble ! ». Ou alors, M. Ouattara, qui clame à qui l’écoute qu’il est homme épris de justice, affrétera-t-il tout simplement un avion pour le Burkina au fin d’offrir l’époux de Chantale aux autorités de ce pays sur un plateau d’argent ? Dans l’un ou l’autre cas, ‘’ un cadavre va mourir’’, comme on le dit dans le langage populaire. Juste une façon de dire que quelqu’un laissera forcément des plumes dans cette affaire.
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