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Editorial Publié le samedi 23 janvier 2016 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Ecrivain, auteur et journaliste

La réalité dépasse toujours, et largement le rêve. Adolescent, jeune, ma grande et même unique ambition était d’écrire, d’être écrivain. Influencé par la littérature russe classique, je m’étais abonné à une revue appelée : « Lettres soviétiques » que je recevais d’une maison d’édition du parti communiste français qui éditait livres et revues soviétiques traduits en français. Très tôt, j’avais une conscience politique poussée. Le jour que je recevais dans ma boite postale mon magazine : « Lettres soviétiques » était comme le plus beau jour de ma vie. Interviews d’écrivains, extraits de livres, actualités sur les auteurs et les écrivains, etc…J’étais ravi de lire et de savoir que le gouvernement du peuple et pour le peuple mettait à la disposition des auteurs et écrivains les plus célèbres, populaires et compétents une voiture, une « datcha », du moins leur offrait toutes ces choses. La datcha ! Combien de fois par jour j’y pensais. Ecrire trois livres vous permettait de rentrer dans ce monde fermé des privilégiés du paradis socialiste. Evidemment, mon souhait le plus ardent était l’avènement d’un pouvoir socialo-communiste. En dormant la nuit, ma prière était que le matin, je me réveille avec l’installation d’un pouvoir socialo-communiste qui aura de la considération pour l’art et l’écriture. Inutile de dire que je détestais le monde capitaliste. Beaucoup d’écrivains étaient riches mais à la faveur du lecteur. C’était du chacun pour soi et Dieu pour tous. Un monde impitoyable où tout instant était une bataille pour sortir de la jungle. Avec l’effondrement du mur de Berlin, ce fut la fin du monde socialo-communiste. Plus de rêve de « datcha ». Et comment pouvoir compter sur le public que le capitalisme, appelé libéralisme, pour ne pas faire sentir sa cruauté, avait soustrait, par des artifices, des arts et des lettres. Les conditions de l’écrivain africain seront désastreuses. Pas de lecteurs. Il arrive dans un univers de grand analphabétisme, d’une pauvreté larvée privilégiant les feuilletons et des longs métrages de pacotilles diffusant la sous-culture occidentale. En plus, une distribution médiocre à cause de ces facteurs et aussi des éditeurs qui ne misaient que sur sa vache à lait, le livre scolaire. Des écrivains et auteurs, talentueux et célèbres, ne peuvent que pleurer devant leurs minces droits d’auteur que le gouvernement se plait à imposer sans aucune compassion. Paradoxalement, la presse trouve dans la même situation que l’édition journal, les mêmes entraves que l’édition littéraire. En plus, l’Internet a plongé la presse mondiale dans une crise profonde. Très peu de journaux ont su s’adapter à ce nouveau changement et ne sachant toujours pas, à travers Internet, vendre leurs journaux. Alors, des journalistes, talentueux et même célèbres vivent comme des « clochards ». Mais contrairement aux écrivains, les journalistes font peur au pouvoir. Hier soir, j’ai appris (J’écris mes chroniques tous les jeudis matins à l’aube) que le pouvoir augmentait considérablement la subvention de la presse privée et mieux, que cette presse a bénéficiée l’année dernière d’une impression subventionnée de neuf mois. Comme l’a dit le PR cela doit pouvoir permettre aux journalistes d’avoir une vie décente. Quelques fois parler fort, se plaindre constamment, réciter des contes et légendes deviennent payantes. Félicitations aux journalistes. Je croyais que seuls les enseignants avec leur pouvoir de grève étaient les seuls enfants gâtés du pouvoir. Et voilà que la presse en faisait partie. Il ne reste plus qu’à gonfler leur commande de publicité pour que presque tous les journalistes accèdent à une « datcha ». L’écrivain méritant ne pourra que rêver encore et toujours. Si 0, 5 pour cent de l’argent « offert cadeau » chaque année à la presse pouvait revenir aux écrivains et aux auteurs méritants deux ou trois pourraient avoir chaque année leur « datcha » ou appartement en ville, à Abidjan. Je dis bien écrivain car des chanteurs, devenus vieux, ont eu leur « datcha. » Le père de la nation aimait dire : « Nous ne sommes pas un pays socialiste mais nous allons construire en Côte d’Ivoire l’un des sociales les plus hardis. » Je crois que ce moment est arrivé avec son héritier le plus solide. Déjà, des pensions à des artistes-musiciens. Toujours pas d’écrivains. Mais je suis persuadé que nous aurons tôt ou tard notre privilège socialiste, avant d’entrer dans l’année de l’émergence. Premier ministre, il a participé à l’acquisition de ma maison, avec une somme personnelle de deux millions de francs. C’est vrai qu’un Ouattara a peur d’un Coulibaly, mais qu’il ne donne pas aux autres, l’occasion d’aboyer ou de se transformer en lion, même si le fauve a encore ces quatre pattes brisées. Mais une petite étincelle peut créer un grand incendie. Une amie romancière, il y a un certain nombre d’années, se rend à l’ambassade américaine pour demander un visa. Quand elle s’est dit écrivaine, joie des fonctionnaires américains qui lui ont demandé une preuve. Quand ils ont vu ses livres, ses interviews, ses photos dédicaçant, plus de questions. Un visa de cinq ans automatiquement. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Isaïe Biton Koulibaly
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