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Société Publié le mercredi 28 octobre 2020 | Le Nouveau Réveil

Rentrée judiciaire de la Cour d’Appel d’Abidjan, hier / Thomas N’dri, le Bâtonnier, charge les juges : « Un grand juge n’est pas le juge d’un régime... »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Maître Thomas Zé N’dri, Bâtonnier de l’ordre des Avocats
La Cour d’Appel d’Abidjan a effectué "sa rentrée de classe", hier mardi 27 octobre 2020 et ce, après deux mois de vacances. A l’audience solennelle de cette rentrée judiciaire, des magistrats du Siège nommés auprès de cette Cour ont été installés. Egalement les auditeurs de justice nouvellement nommés ont prêté serment en qualité de magistrat. S’exprimant à cette audience, au nom du barreau de Côte d’Ivoire, Maître Thomas Zé N’dri, Bâtonnier de l’ordre des Avocats, a jeté un regard sur « La grandeur du juge et la grande heure du juge ». Pour lui, le ‘’grand juge’’, c’est celui qui est indépendant, courageux et intègre. « (…) Dans une démocratie, le juge n’est pas un banal fonctionnaire ou un fonctionnaire banal. Il est l’arbitre respecté de tous et de tous les conflits sociaux, économiques et politiques.

La paix, la tranquillité et la prospérité de la nation dépendent pour beaucoup du degré de conscience de sa responsabilité dans l’application équitable des lois de la République (…) Vos décisions ont un effet contraint et puissant. Il n’y a pas de République sans grand juge indépendant et courageux. C’est au juge, quels que soient son ancienneté, sa position, son grade, à qui le peuple souverain de Côte d’Ivoire a confié le pouvoir exclusif de réguler paisiblement et équitablement les litiges, qu’ils soient sociaux, économiques et politiques. Sans courage et intégrité, les diplômes, les grades et même les hochets de Napoléon ne servent strictement à rien. (…) », a relevé, d’entrée de propos, le bâtonnier. Par ailleurs, il a fait le constat que des juges piétinent, par les décisions qu’ils rendent, le pouvoir que le peuple souverain leur confère. «(…) Le barreau pense que ce n’est pas le thermomètre qu’il faut casser mais il faut plutôt guérir le mal. Malheureusement, et mille fois hélas, quelques-uns des juges nous donnent quelquefois l’impression de ne pas savoir que le peuple souverain de Côte d’Ivoire a fait d’eux des rois dans notre République et non des serviteurs ou esclaves de qui que ce soit, de quoique ce soit et de quelques intérêts en dehors de la seule loi (…) C’est l’homme qui honore le titre et non le titre qui honore, disait le président Houphouët. Le juge, par sa grandeur, fait la fierté du peuple au nom duquel il rend la justice dans la République », a fait savoir maître Thomas Zé N’dri, avant d’insister sur ce fait « Un grand juge n’est pas le juge d’un régime car par définition, un parti ou un régime est une partie du tout, d’un tout et dans la loi implacable de la vie, tout passe comme tout est passé et comme tout passera.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Dit le sage. Le juge, le grand juge n’est pas un juge de Cour ou de régime sinon il perd respect et crédibilité. Le peuple, la République et la nation sont au-dessus des régimes. Le juge qui veut devenir grand doit se mettre au-dessus de tout ce qui touche à son indépendance », note-t-il. Cette audience solennelle était présidée par le premier Président de la Cour d’Appel, Ally Yéo. Pour sa part, l’avocat général, Lebry Marie Léonard, a prodigué des conseils aux nouveaux magistrats. Il faut noter que ce sont 3574 dossiers qui seront examinés par la Cour d’Appel.

JN
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