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Art et Culture Publié le dimanche 3 janvier 2021 | Abidjan.net

Littérature/ Paul Koffi Koffi, écrivain: « J’écris pour partager.. »

© Abidjan.net Par Marc Innocent
Enseignement technique et professionnel: le ministre Paul Koffi Koffi rencontre les fondateurs d`établissements privés
Le ministre Paul Koffi Koffi de l`enseignement technique et de la formation professionnelle a échangé, ce vendredi 12 Février 2016 au foyer du lycée technique d`Abidjan, avec les fondateurs des établissements privés sous sa tutelle.
Paul Koffi Koffi est un haut cadre de l’administration ivoirienne et fonctionnaire international. Il a même été ministre ayant dirigé au moins deux départements au sein du gouvernement ivoirien. Mais il nous parle ici de sa vie d’écrivain. Une bibliographie déjà bien fournie qu’il compte enrichir. Trois questions, trois réponses !

En seulement quelques années, vous avez sorti 4 livres et ce n’est pas tout. Deux autres sont déjà annoncés. D’où vous vient cette grande inspiration et comment organisez-vous votre temps pour produire puisque l’écriture n’est pas votre profession ?

Merci pour l’opportunité en ce début d’année de m’exprimer sur cette facette de ma personne qui est l’écriture. Je profite avant de répondre de présenter mes meilleurs vœux à tous les frères et sœurs, amis et connaissances, à toute la Côte d’Ivoire, pour une année 2021 de paix et de réconciliation, de bonheur, de santé et de succès dans toutes nos actions.

Précisons que mon premier ouvrage date de 2008 et le dernier à ce jour de 2017. Il s’agit de :

· Le défi du développement en Côte d’Ivoire Ed Harmattan, 2008 ;

· Houphouët-Boigny et les mutations politiques en Côte d’Ivoire 1980 à 1993, Ed Harmattan,2010 ;

· Les années Bédié :1993-1999 et l’appel de Daoukro de 2014,Frat Mat Editions, 2017 ;

· Management stratégique, approches et expériences, Editions Tabala ,2017 ;

Ceux qui sont prêts et annoncés pour 2021 sont :

· Employabilité des diplômés du secteur éducation-formation en Côte d’Ivoire ;

· Horizon 2040.

Cette inspiration vient essentiellement de 3 situations. La première de mon éducation de base faite dans les livres avec feu mon père Instituteur qui nous a dès le bas âge appris à aimer la lecture.

Je m’abreuvais de sa modeste bibliothèque à la maison après les cours pour lire les auteurs Africains de l’éditeur « Présence Africaine » avec les Camara Laye, Bernard Dadié, Mongo Beti, etc, puis il y a les Victor Hugo, les Philosophes Grecs ou des Lumières comme Montesquieu, mais aussi les savants, Physiciens, Mathématiciens, Prix Nobel, comme Einstein, Cheick Anta Diop, etc. Cela me donnait d’ailleurs l’occasion de remporter les concours d’auditeurs à Radio Bouaké comme questions pour un champion sur FR3.

Quand dans le supérieur on me donnait la bourse ici en Côte d’Ivoire ou en France, je me rendais directement à la Librairie, notamment la FNAC ou Gibert Jeune etc à Paris pour acquérir les nouveaux ouvrages.

Ensuite, j’ai découvert Jacques Attali, ce cerveau de premier ordre qui écrit sans discontinuité. Il est à son 73eme ouvrage je crois à 73 ans ! Il faut le faire.

Enfin, j’adore écrire comme pour certains aller à la plage. Je prépare mes ouvrages sur une longue période. J’ai une programmation qui est liée soit à l’actualité, soit à mes activités soit à une thématique qui me passionne. Par exemple, l’ouvrage à venir sur « Horizon 2040 » a été rédigé d’avril à juillet 2020 pendant le confinement dû au Coronavirus qui nous a cantonné de force. J’avais depuis longtemps préparé les matériaux par la lecture et les recherches. J’ai moi-même une bibliothèque de plus de 500 ouvrages. Mes moments d’écriture c’est soit le matin très tôt entre 6h et 8h ou très tard entre 22H et 1h du matin, ou le week-end. Evidemment ce n’est pas tout le temps car j’ai le boulot et la famille. J’écris vraiment par plaisir et pour exprimer mes opinions.

Vous abordez la politique, le développement, le management et la prospective entre autres sujets. Quel message voulez-vous passer à vos lecteurs ?

J’ai constaté dans la carrière qu’on était toujours aux ordres et que les gens se contre fichaient de vos opinions sur les événements. C’est bien dommage, on écrit très peu en Afrique. Dans le continent ou dans notre pays, vous avez des gens hyper diplômés, compétents, brillants et experts dans leurs domaines, mais ils n’écrivent pas pour éclairer l’opinion sur leur science, métier ou discipline. Ils finissent leur carrière avec leurs expériences et diplômes sur les bras. Il faut servir, servir et se taire. A côté de vous on préfère allez chercher une expertise internationale alors que les gens ont les compétences autour d’eux. Parfois, quand c’est bleu il faut dire que c’est rouge. Pour éviter ou réduire la non utilisation des compétences locales, il faut écrire et accoucher ses idées sur papier. Il faut néanmoins reconnaître que les pouvoirs Africains se méfient des écrivains, alors ça décourage certains.

J’ai servi pendant au moins 37 ans à des niveaux divers dans la fonction publique nationale et à l’internationale sur des questions très diversifiées et je suis aussi un praticien du développement. J’ai servi au Ministère du Travail, à l’Economie et aux Finances, au Cabinet de 5 Premiers ministres, et comme membre du Gouvernement, Elu, et aussi à l’international dans plusieurs pays dans des organisations internationales comme la Guinée et Madagascar et actuellement à l’UEMOA à Ouagadougou pour couvrir 8 pays. J’ai cette longue expérience diversifiée j’écris pour partager. C’est le cas du « défi du développement ». J’ai encadré la rédaction du DSRP de Côte d’Ivoire pour bénéficier de l’allègement de la dette, et j’ai piloté plusieurs projets. Ca me donne des idées.

Je suis aussi enseignant, j’ai enseigné à l’ENSEA, à l’ENA, à l’ENSPT, etc, par exemple mon ouvrage sur « le Management stratégique » est mon manuel à l’ENSEA que j’ai transformé en livre. L’ouvrage sur « l’employabilité des diplômés… ». J’ai traduit ma thèse de Doctorat en Economie en livre de même que mon expérience au Gouvernement à l’Enseignement Technique et à la Formation Professionnelle.

Mon admiration pour Jacques Attali est grande, car il écrit sur plusieurs sujets par exemple : l’économie, l’environnement, la philosophie, l’histoire, la médecine, la musique, la politique, etc. Il est encyclopédique.

J’ai écrit sur le Président Houphouët lorsqu’il introduisait la démocratie à l’Ivoirienne dans le parti unique en 1980 jusqu’au multipartisme intégral en avril 1990. Il faut rappeler cela à ceux qui s’engagent en politique. Ensuite, j’ai aussi écrit sur le Président Bédié. J’écris sur ceux qui ne sont plus aux affaires. On doit savoir ce qu’ils ont fait. D’autres ouvrages en préparation viendront sur d’autres leaders ou périodes de la vie de la Côte d’Ivoire.

Comment voyez-vous la décennie 2021-2030, à l’orée de 2021 ? Les changements souhaitables, les changements possibles et les changements inévitables par rapport aux décennies passées et surtout par rapport à celle qui vient de s’achever.

Il faudra lire « Horizon 2040 ». Il faut noter que de 1960 à 1990, l’Afrique a eu pendant 30 ans les pères de la Nation au pouvoir avec leurs modes de fonctionnement dans un système de parti unique et une gestion sans partage. Ils se sont battus pour les indépendances politiques. Et puis en 1990, avec l’ouverture démocratique dans le monde, il y a eu la deuxième génération de Chefs d’Etat. Leur gestion s’achève en 2020 soit aussi 30 ans. Le constat est souvent amer, car les leaders de la deuxième génération dans la majorité des cas n’ont pas mieux fait que leurs prédécesseurs, leurs aînés. On assiste en dépit de croissance forte du PIB par-ci, par-là, à des niveaux de seuil de pauvreté élevés autour des 40%. Le continent Africain est celui qui recèle le plus de pauvres et le moins de pays émergeants. L’Asie a pris son envol et a décollée. Nous attendons l’arrivée de la prochaine génération des leaders Africains, la troisième pour des lendemains on espère meilleurs. Elle doit affirmer et afficher l’Etat de droit qui est la porte d’entrée de la consolidation démocratique nécessaire à l’émergence économique. La Covid est venue compliquer l’équation mais donne des opportunités de se remettre en cause.

Une correspondance particulière de
Barthélemy KOUAME
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