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Société Publié le mardi 22 juin 2021 | Abidjan.net

Littérature : l’écrivain ivoirien Ebi Yofiè présente son premier roman « Hier, loin devant » (Entretien)

© Abidjan.net
L’écrivain ivoirien Ebi Yofiè présente son premier roman « Hier, loin devant »
Depuis le mois de mai dernier, l’écrivain ivoirien Ébi Yofiè a mis sur le marché son premier roman intitulé « Hier, loin devant ». Sortie en France, l’œuvre exhorte à embrasser une carrière professionnelle qui cadre avec la satisfaction d’être intrinsèquement heureux. Dans cet entretien, l’auteur nous en parle…


En tant que romancier, vous avez choisi un nom de plume. Pourquoi un tel choix, alors que vous signiez vos essais de votre nom à l’état civil, Jean-David N’Da ?

« É BI YO FIÈ » est en fait une phrase en langue Apollo N’Zima qui signifie « il y en a chez toi ». C’est une façon de dire aux personnes qui adressent des critiques acerbes à autrui de faire attention à ce qu’elles disent et de faire preuve de tolérance. En ce qui concerne le choix d’un nom de plume, j’ai en effet été essayiste pendant dix années et j’ai publié plusieurs livres que j’ai signés de mon vrai nom. Cependant, j’ai décidé d’établir une distinction de forme entre ma carrière de romancier et celle d’essayiste et d’introduire une identité 100% africaine à ce projet, car la première chose que présente un auteur c’est d’abord son nom. Et en l’espèce, je le voulais porteur d’une dynamique de tolérance et de mesure.

« Hier, loin devant", un titre un peu spécial, j’allais dire philosophique. De quoi s’agit-il dans ce roman ?

Il s’agit de l’histoire de Frangin Léon, un jeune cadre ivoirien nouvellement chômeur au sortir de la crise postélectorale de 2011 qui se redécouvre une passion pour la plume datant de ses années étudiantes alors que son mariage bat de l’aile et qu’il n’a plus un rond. Il décide alors d’un plan grotesque : se rendre à Londres pour demander l’asile, afin de participer à un concours littéraire prestigieux qui pourrait lui offrir une nouvelle carrière en tant qu’écrivain. Le problème, c’est qu’il fait contre l’avis de son épouse. S’ébranle donc une série d’événements que le lecteur découvrira.


À travers l’histoire de Frangin Léon, quel message entendez-vous faire passer à l’opinion ?

Frangin est une personne atypique. Il a une carrière enviée puisqu’il est directeur dans une grande entreprise ivoirienne privée qui exerce dans le domaine de l’urbanisme. Mais il n’est pas heureux dans son travail et l’après-crise le pousse à bout à cause de ses employeurs qui lui demandent toujours plus, au moment où il lui revient qu’il a un talent sous-exploité. Seulement son épouse ne partage pas son point de vue.

Justement, quel a été l’impact de ce choix sur la vie de couple de Frangin Léon ?

Sans trop révéler de l’histoire, son épouse Yéli Gaspard tombe bien évidemment de nue quand elle apprend que Frangin Léon s’est rendu à Londres pour demander l’asile. Et Frangin, pour sa part, une fois à Londres doit faire appel à des personnes pour l’aider, notamment un de ses anciens amis étudiants qui est un journaliste haïtien basé à New York. Dans le livre, la vie de ce dernier est un parallèle à celle de Frangin Léon et leur relation amicale sera déterminante pour la tournure que vont prendre les choses.


Pour vous, l’ambition professionnelle doit-elle primer sur la relation sentimentale ?

Je crois que l’amour est fondamental. Il faut cependant que les personnes qui décident d’orienter leur vie professionnelle d’une certaine façon puissent trouver un certain équilibre entre leur vie sentimentale et leur carrière.

Quels sont les thèmes qui sont abordés dans ce roman ?

Le thème de l’immigration revient puisque c’est un cadre ivoirien qui devient demandeur d’asile en Europe. Mais le livre profite de cette occasion pour aborder d’autres thèmes d’actualité. Par exemple, les discriminations raciales, les violences conjugales, la foi, le développement personnel sont juxtaposés aux réalités sociopolitiques et socio-économiques ivoiriennes à travers l’histoire.


L’exode des jeunes africains vers l’Occident notamment l’immigration clandestine ne semble pas s’arrêter malgré les efforts contre ce phénomène. Quel est votre regard en tant qu’intellectuel ?

L’exode des jeunes en Afrique me semble lié à notre écosystème. Les personnes qui s’expatrient le font parce qu’elles veulent améliorer leurs conditions de vie. Il y a peu de gens qui prendraient sur eux de braver désert et océan pour arriver en Europe ou en Amérique s’ils n’estimaient pas qu’il y ait une situation plus confortable pour eux qui s’y trouvait. Ils n’ont pas nécessairement raison de croire cela, mais ils croient cela à cause du quasi-néant qu’ils voient chez eux. Je crains que cette situation ne soit pas prête de s’arrêter, tant que nos sociétés africaines ne seront pas capables de générer de l’espoir, localement, à toutes les tranches d’âge. Sans cet espoir, beaucoup de personnes continueront de prendre le risque de braver l’océan au prix de leur vie.

Quelle leçon tirez-vous de ce premier roman à votre actif comparativement aux essais que vous produisez jusqu’à présent ?

Les essais que j’ai écrits étaient à thème. « Du nouvel ordre ivoirien » évoque la crise sociopolitique en Côte d’Ivoire, « Point de rupture » parle du rôle des médias dans le contexte de mondialisation, « Dieu est blanc » affronte les discriminations raciales et leur impact social aussi bien en Afrique qu’aux États-Unis, « L’élixir du moi » aborde un thème qui revient dans ce premier roman, le développement personnel et la pensée positive et « Le travail forcé » s’interroge sur la vie professionnelle moderne. « Hier, loin devant » parcourt tous ces sujets d’une façon ou d’une autre, car ils me tiennent tous à coeur, mais le livre le fait avec une bonne dose d’humour au milieu d’une histoire de famille, d’amour et d’amitié. À terme, le texte veut surtout donner un message d’espoir aux personnes qui estiment avoir des aptitudes et des talents dont elles n’ont pas encore fait usage professionnellement et les encourage à se jeter à l’eau, en étant prêts à assumer la responsabilité de leurs choix.

Par Robert Kra

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