Bondoukou - Au total 399 cantines scolaires disséminées dans la région du Gontougo fournissent aux élèves, en particulier à la fille élève des établissements primaires publiques, des rations alimentaires essentielles et conséquentes pour l’amélioration de leur rendement scolaire.
Des rations alimentaires nécessaires pour des élèves du Gontougo
Dans le village de Takoutou situé dans la circonscription de l’inspection de l’éducation primaire 1 de Bondoukou, la joie se lit sur les visages des enfants rencontrés, lors du repas de midi à la cantine scolaire. Plaisir et délectation des élèves du primaire devant des plats de riz et d’haricot. Le constat est poignant, ce 28 janvier 2022.
La ration quotidienne servie dans le cadre du Programme alimentaire mondial (PAM) est bénéfique pour l’épanouissement scolaire des élèves de cette localité et par ricochet de la jeune fille du Gontougo. Leurs parents étant occupés par les travaux aux champêtres ou au travail, la cantine de l’école donne aux élèves d’avoir le ventre plein et suivre assidument les cours de l’après-midi.
« Je suis content de manger à la cantine. Mes parents sont au champs. La cantine m’aide beaucoup », témoigne Kouamé Anicet de la classe de CM2. Pour les écoliers de ce village, enfants de vigiles, de fermiers et planteurs, entre autres, il n’aurait pas été probable qu’ils aient à manger à midi. Selon la jeune Ephraïm Affoué Koffi, ces plats lui donnent de ne pas avoir faim et de suivre convenablement les cours.
Pour la cantinière, Kossonou Affoué, ces repas sont essentiels pour des enfants livrés à eux, après les cours du matin. Ces plats motivent les enfants à se rendre à l’école, soutient le directeur de l'établissement, Bamba Moussa. « Ils réduisent le taux d’absence de ces élèves. Surtout chez nous, nous avons plus de filles que de garçons », a-t-il dit.
Selon le directeur régional de l’Education et de l’Alphabétisation de Bondoukou, Coulibaly Naffo, ces structures de restauration pour les apprenants du primaire sont nécessaires à bien des égards. Elles contribuent à la hausse significative du taux de fréquentation des élèves et à la présence importante de la jeune fille à l’école.
Le taux de scolarisation de la jeune fille en hausse
Selon les données de la direction des stratégies, de la planification et des statistiques, dans la région du Gontougo, le taux brut d’admission dans les écoles primaires est en hausse allant de 113,30% à 116,13% de 2018 à 2021 pour un taux de scolarisation estimé à 111,63%. Quand le taux brut d’admission de la jeune fille s’élève à 118,69% et un taux de scolarisation de 115,07%.
Le conseiller en charge des cantines scolaires de l’inspection un de Bondoukou, Séa Michel Tahi, plaide pour la pérennisation des cantines. Car les fiches d’assiduité des élèves démontrent la nécessité et l’importance des cantines scolaires. « Dans les fiches d’assiduité, cela se ressent, le taux est élevé dans les écoles à cantine, c’est pratiquement 100% », a-t-il dit.
Selon lui, le rendement scolaire est vraiment élevé. Une étude comparée entre les écoles à cantine et de celles sans cantine est révélatrice. « Les indicateurs d’assiduité et de forte fréquentation sont élevés dans les écoles à cantine. Ces cantines sont bénéfiques pour le succès des enfants », a-t-il ajouté. S’agissant de la jeune fille, la tendance montre qu’elles sont nombreuses à l’école, du fait des cantines scolaires.
Au vu de son expérience du terrain, l’institutrice Kouamé Amenan de l’école de Takoutou soutient également qu’un enfant rassasié travaille mieux et produit de bons résultats scolaires. « Avec 25 francs, l’enfant mange à sa faim, dans cette cantine scolaire et réagit bien », a-t-elle signifié.
La présence de ces structures de restauration scolaires s’explique par la paupérisation présente dans cette zone. Ce sont 86% des écoles et 80% des élèves qui travaillent dans des conditions difficiles, notamment sans électricité. Dans cette zone, près de 70% des écoles, au titre de l’année 2020 – 2021, évoluent dans un milieu rural contre 30% en milieu urbain.
Des jeunes filles naguère convoitées pour servir de filles de ménage dans les grandes villes
Selon les chiffres de la direction des cantines, sur un effectif de 27 420 élèves, 27 735 sont censés être pris en charge dans les 174 cantines soutenues par le PAM, soit 13 657 filles et 14 048 garçons pour un total de 27 735. Ces apprenants, pour la plupart, ont droit à un repas sur une période de 120 jours de fonctionnement sur l’année scolaire.
Au niveau gouvernemental, ce sont 23 jours qui sont pris en charge dans les 225 cantines scolaires. A ce niveau, les rationnaires se chiffrent à 33 018 dont 16 222 filles et 16 797 garçons pour un effectif des élèves estimés à 66 081 élèves. Les soutiens apportés par le PAM et les cantines intégrées du gouvernement semblent bénéfiques pour une tranche importante des élèves de la région du Gontougo, notamment les filles élèves.
Ces actes de bienfaisance servis dans 399 cantines scolaires ont permis aux jeunes filles élèves naguère livrées au métier de servitude et envoyées en masse vers les grandes villes de reprendre en grand nombre le chemin de l’école, selon des investigations menées sur place à Bondoukou.
Selon le coordonnateur conseiller en charge des cantines scolaires à Bondoukou, Dans la zone de Bondoukou, beaucoup de filles étaient utilisées dans les grandes villes dont Abidjan comme des servantes. « Elles étaient très souvent délaissées au détriment des garçons », a déploré M. Sangaré.
Les politiques sociales mises en œuvre ont rectifié le tir depuis l’avènement de ces structures de restauration. Elles vont à la l’école comme les garçons, a-t-il apprécié.
Lors de la phase 1 du programme du PAM, une ration sèche, à,savoir, un sac de riz de 50 kg était offert aux jeunes filles par trimestre pour les soutenir. Cette action louable a contribué à leur bien-être scolaire. « Des familles préparent le riz dans les jours de fête. Le riz est une denrée demandée », a-t-il indiqué. Cette dotation permettait à la jeune fille d’aller à l’école. « Nous avons fait l’expérience. Nous avons constaté un surplus de jeunes filles. Des femmes avaient ramené leurs filles à l’école », a-t-il affirmé.
La pérennisation des cantines scolaires, un enjeu au bénéfice de la jeune fille
Jeudi 28 janvier, des camions transportent des tonnes de vivres et riz du PAM vers les écoles pour la restauration des élèves de Bondoukou et Tanda.
« Ce sont des vivres que le PAM a bien voulu mettre à notre disposition, deux magasins à Tanda et celui de Bondoukou », témoigne le conseiller coordonnateur des cantines à la DRENA de Bondoukou, M. Sangaré.
Ces vivres sont destinés aux 174 cantines. Lors de cette première distribution de riz, d'huile et de haricots, Tanda bénéficiera de 216 T et Bondoukou de 103 T.
Ces dons sont inscrits dans le programme de pérennisation des cantines scolaires mis en œuvre par le PAM. Dans ce cadre, ce sont 120 jours de fonctionnement qui sont prévus contre 23 jours pour les cantines fiancés par le gouvernement. Cette différence augure des mesures à prendre pour équilibrer les temps de restauration des élèves.
La deuxième phase du projet du PAM prévoit malheureusement, une réduction significative de 25 % chaque année, du nombre de vivres destinés à ces structures. Cette nouvelle donne qui prend fin en 2026 va aboutir à un désengagement à terme de cette organisation et une réappropriation souhaitée par les services par l’Etat ivoirien. La ration sèche tant aimée par les familles des élèves, dans les cantines PAM sera suspendue.
Et sur les 120 jours prévus en 2021, à terme en 2026, ce sont 20 jours de fonctionnement qui seront servis aux élèves. Face à cette situation contraignante, M. Sangaré propose un engagement plus important de l’Etat ivoirien et un soutien plus accru des communautés et des leaders politiques, religieux et administratifs.
A cet effet, des campagnes de sensibilisation dans les villages avec notamment des activités génératrices de revenus à la clé, la mobilisation des cadres s’intensifient pour créer une symbiose d’actions pour maintenir ces structures.
A Bondoukou, ce sont des champs de maïs, 13 tricycles attribués à des cantines de femmes et des soutiens divers qui sont remis dans ce cadre. Dans le village d’Akasso, les mutualistes repartissent les besoins des cantines en fonction de leurs membres. Cette cantine fonctionne chaque année tous les jours de l’année scolaire, grâce à ces dons.
En outre, ce sont plus de 73 groupements liés au PAM, qui œuvrent constamment pour soutenir cette entreprise de pérennisations, en appui avec l’ANADER. « Les appuis sont divers, les intrants, des broyeuses multifonctions, du matériels pour l’élevage amélioré. Des champs sortent de terre dans des villages, avec une mobilisation communautaire à Yomian Yango.
Pour lui, il faut également une loi pour normaliser et faire des cantines scolaires des outils nécessaires et impératifs en Côte d’Ivoire et en faire une priorité nationale pour le bien de la jeune fille. « Quand vous regardez les cantines, dans les effectifs vous verrez que la tendance est ascendante. Et il y a beaucoup plus de filles dans les écoles que les garçons », a-t-il insisté.
Les cantines scolaires auront de beaux jours si l’Etat ivoirien prend des mesures substantielles pour formaliser son existence et renforcer sa dotation budgétaire. Dans le Gontougo, leur présence est une exigence communautaire d’une grande importance.
nmfa/cmas