La Réserve intégrale du mont Nimba (RIMN) que se partagent trois (3) pays, à savoir la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Libéria, est classée sur la liste des patrimoines mondiaux en péril depuis 1992. La raison, cette aire protégée est fortement agressée du fait de l’infiltration des humains qui y pratiquent l’orpaillage, l’agriculture sans compter avec le braconnage et le trafic des essences végétales.
L’UNESCO, à travers ses représentations en Côte d’Ivoire et en Guinée, attend de ces Etats une synergie d’action pour que la RIMN soit restaurée et protégée conformément aux textes qui prévoient la protection des patrimoines mondiaux. C’est fort de cela qu’autorités civiles et militaires Ivoiriennes et Guinéennes se sont retrouvées à Man du lundi 7 Février au mardi 8 Février 2022, pour s’accorder sur certains points et envisager des stratégies pour redorer le blason de la RIMN. Cette rencontre, qui n’est pas la première du genre, montre encore des signes de discorde dans l’application des accords conclus précédemment.
En effet, la partie ivoirienne de la RIMN avait été infiltrée par les déplacés lors de la crise militaro-politique qui a secoué le Libéria voisin en fin des années 80 et début 90. Les déplacés, qui ont élu domicile à l’intérieur de la réserve, ont commencé par mettre en valeur les terres. Ainsi, des villages et campements sont nés dans la partie ivoirienne de la RIMN. A la fin de la crise du Libéria, l’Etat de Côte d’Ivoire a pris ses responsabilités en priant les occupants de la RIMN de déguerpir les lieux avec des mesures d’accompagnement. L’opération a porté ses fruits puisque jusqu’à ce jour, il n’y a pas d’habitats et des résidents au sein de la RIMN, en tout cas pour ce qui concerne l’espace ivoirien, hormis quelques actions de forestiers clandestins et braconniers qui sont traqués de jour comme de nuit par les agents de l’OIPR (Office ivoirien des parcs et réserves).
En Guinée par contre, les riverains de la RIMN dans la années 90, emboitent le pas aux déplacés Libériens et pénètrent la réserve en exploitant les ressources animales et végétales. Les orpailleurs constatant que les agriculteurs ne sont pas inquiétés, vont faire irruption dans la réserve à la recherche du métal précieux, l’or. En peu de temps, la partie guinéenne de la RIMN devient une oasis des orpailleurs clandestins. Le pactole qu’engrangent ces miniers artisanaux attire les gros bonnets du milieu qui vont prospecter la réserve avant de s’y installer. Une société s’y installe avec tous les risques liés à la dégradation de cette biosphère qui regorge des espèces animales et végétales uniques en leur genre au monde. C’est cette situation qui a amené l’UNESCO à classer la RIMN au nombre des patrimoines mondiaux en péril.
Pour le retrait de la RIMN sur cette liste noire, il faudra arrêter toute activité au sein de la réserve et c’est là que se trouve le couac. Les autorités guinéennes affirment que la présence de la mine est légale en application d’un décret déclassant une portion de la RMN, précisément la surface où l’entreprise minière exerce. Quant aux autorités ivoiriennes, elles estiment que la mine n’a pas sa place au sein de la RIMN.
Au vu de ce quiproquo, difficile donc de trouver un accord pour le retrait de la RIMN sur la liste des patrimoines mondiaux en péril. Quant aux autres solutions que sont la dotation en matériels de pointe pour la surveillance de la réserve, la création d’activités génératrices de revenus pour les populations riveraines, Ivoiriens et Guinéens sont unanimes que l’UNESCO doit aider les deux Etats dans ce sens.
Les résolutions du dernier séminaire de Man pour trouver des voies et moyens pour enrayer la RIMN sur la liste des patrimoines mondiaux en voie d’extinction, ont été consignées dans un document dont copies seront remises aux plus hautes autorités ivoiriennes et guinéennes ainsi qu’aux responsables des organisations en charge des biens matériels et immatériels de l’UNESCO.
TIANTIGUI SADIA