Dans l’enseignement public, un groupe scolaire est un établissement d’enseignement primaire, comprenant à la fois les classes de maternelle (petite, moyenne et grande sections) et d’élémentaire (CP, CE1, CE2, CM1 et CM2) sous une direction commune. Pourtant, le Groupe scolaire Pont de Treichville sis non loin de la cité policière et de la cité douane du pont, en plus d’avoir en son sein une menuiserie, est nuitamment le dortoir de personnes non identifiées. Approchés, une institutrice exerçant dans l’établissement et Ouédraogo Abdoulaye, le gardien ont affirmé n’avoir rien remarqué de suspect dans l’école. « C’est ma famille et moi qui sommes dans cet établissement depuis 1992.Une fois la nuit tombée, j’effectue mes rondes jusqu’au matin et je n’ai jamais rien remarqué d’anormal », a laissé entendre le gardien. A la question de savoir s’il n’a jamais été confronté aux ‘’ djonkis’’ (drogués) au sein de l’établissement la nuit, le gardien Abdoulaye affirme qu’« avant le déguerpissement des magasins, il a été confronté aux drogués qui sautaient la clôture de l’établissement. La police informée, a dû intervenir et certains consommateurs de drogues ont été arrêtés ». Poursuivant, Abdoulaye a laissé entendre qu’après ce triste épisode, il n’a plus jamais eu de disputes avec des drogués au sein de l’établissement. Des enquêtes menées à la ‘’colombo’’, nous ont permis de battre en brèche les affirmations du gardien et de conclure que l’école du pont, qui en apparence ne laisse rien entrevoir le jour, se transforme en un véritable ‘’internat’’ la nuit tombée.
Un véritable ‘’internat’’ la nuit tombée
Une fois que ‘’le rideau nocturne’’ s’ est abattu sur le groupe scolaire pont, nous avons aperçu des individus non identifiés, matelas sur la tête, nattes entre les aisselles, se diriger vers des salles de classes de ‘’ l’EPP avenue 3’’ (bâtiment situé au fond de l’école) dont les portes dépourvues de poignets n’ont rien à cacher à d’éventuels voleurs. Ceux n’ayant pas les moyens de s’offrir des matelas ou nattes, se contentent de simples cartons qui leur servent de couchettes qu’ils étendent en face du bâtiment. Des allées et venues d’individus se font sentir à l’étage de l’Epp avenue 3. On aurait dit des élèves venus assister à des cours du soir ; mais loin de là car vu l’aisance avec laquelle, debout au balcon, ils admiraient la beauté du ciel étoilé, on aurait dit qu’ils sont locataires de studios. Ne voulant pas attirer l’attention du personnel de l’établissement, nos ‘’ badauds ‘’, déguerpissent les lieux très tôt à 6 h. Dans le but d’en savoir davantage sur ces individus non identifiés qui profitent gratuitement de l’école, rendez-vous a été pris avec le vice-président du COGES dudit groupe scolaire, Dianda Mahamoud.
Les explications du vice-président du COGES
A la question de savoir les raisons de la présence d’un menuisier au sein d’un groupe scolaire, sachant bien que le silence ne rime pas avec la menuiserie ; le vice-président, conscient de la situation, a apporté quelques éclairages. « Après que les cotisations annexes du Coges ont été supprimées par l’Etat ivoirien, nous (le Coges) étions confrontés à des difficultés pour honorer des engagements vis-à-vis de l’établissement. Entre autres, le gardien de l’école n’était pas rémunéré, plusieurs tableaux devaient être renouvelés », a-t-il indiqué. Poursuivant, il a soutenu qu’ils ont été « obligés de faire un ‘’arrangement’’ avec le menuisier qui au préalable, nous avait sollicité pour occuper un espace dans l’établissement. La cause, l’espace qu’il occupait hors de l’établissement et qui longeait la clôture de l’école a subi une opération de déguerpissement ». Aussi, a-t-il déclaré que « d’un commun accord, nous avons ‘’temporairement’’ décidé de le laisser s’installer dans l’école et en contrepartie il palliait aux difficultés liées à la rémunération du gardien et au renouvellement des tableaux. Des instructions lui ont été laissées de ne pas faire du bruit aux heures de classe, ce qu’il respecte jusqu’à ce jour ». Concernant ces individus non identifiés qui dorment dans l’établissement les soirs, le vice-président a déclaré ne pas être informé. « Ce que je sais c’est qu’il existe trois ressortissants nigériens qui aident le gardien à surveiller l’école la nuit tombée », a précisé Dianda Mahamoud avant de promettre lui-même s’enquérir des faits en menant sa petite enquête. « C’est un lieu d’apprentissage pour nos enfants, car pour être un membre du Coges, il faut avoir son enfant qui fréquente l’établissement », a-t-il reconnu. Raison pour laquelle il pense qu’ils n’ont pas intérêt à laisser les enfants étudier dans un établissement qui ne respecte pas les normes éducatives. « Ainsi dès notre accession à la tête du Coges, nous avons mené une série de travaux dans le but de parfaire l’apprentissage de nos enfants. Nous avons barricadé certains endroits et fermé la cantine afin d’éviter certaines situations désagréables dans l’école », a renchéri le vice-président Dianda avant d’énumérer des doléances aux autorités municipales.
Les attentes des parents d’élèves
« Nous traversons des phases difficiles car les fonds promis par l’Etat devant servir à faire face aux difficultés du Coges sont insignifiants face à nos réalités. Nous demandons à la Mairie d’honorer ses engagements car c’est elle le premier responsable du Coges. Le Groupe scolaire Pont ne possède pas de toilettes. Nous avons émis des courriers qui n’ont pas obtenu une suite favorable. Suite à la construction des classes de la maternelle et du logement du gardien, il a été question de détruire les toilettes de l’EPP Pont et d’en construire de nouvelles. Mais rien a été honoré car aucune toilette n’a été construite jusqu’à ce jour, et celles existantes ne sont pas opérationnelles car toutes bouchées » a-t-il plaidé. Chaque groupe scolaire vit ses réalités et de ce fait un travail en synergie des autorités municipales, du Coges et du personnel éducatif doit être mené pour que nos écoles demeurent ce qu’elles ont été, le temple du savoir et rien d’autre.
Par Gustave Kouassi