Le président du Conseil régional du Folon (Nord-ouest), Cissé Sindou, et président du Conseil d’administration de la Société multinationale de bitumes, a accordé une interview à l’AIP dans laquelle il appelle les filles et les fils à l’union pour le développement de sa région.
Monsieur le président, vous avez été député suppléant puis président du Conseil régional du Folon depuis 2013 jusqu’à ce jour. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Merci pour l’opportunité que vous m’offrez de répondre à cette question. Il n’est pas souvent aisé de parler de soi. L’homme accomplit ses missions comme un devoir comme nous le disent les religieux. Le destin est une feuille blanche que Dieu nous donne et il nous appartient d’y inscrire des phrases positives inspirées de nos actes et de nos actions. Cela dit, nous avons été député suppléant de la circonscription de Minignan, Sokoro et Kaniasso, puis président de région et je suis à mon deuxième mandat. Il a plu au président de la République de me nommer au poste de PCA de la société multinationale de bitumes (SMB). Je voudrais saisir cette tribune que vous m’offrez, pour exprimer à nouveau mon infinie reconnaissance au président de la République et aux populations de la région du Folon pour la confiance qu’elles ont placée en ma modeste personne.
Vous êtes à votre deuxième mandat. Quelle est votre vision pour le Folon
Ma vision découle de ma volonté d’être président de cette région. Rentré des USA ou j’ai vécu, m’étant frotté au développement anglo-saxon ; j’ai pensé que je me dois d’apporter ma modeste contribution au développement de la région du Folon. Sur le plan sanitaire, sur le plan éducation et sur le plan infrastructurel, il a plu au président République de nous confier les 16 compétences dédiées aux conseils régionaux. A mon premier mandat j’ai trouvé une région quasiment en marge du développement depuis plusieurs décennies. Il nous fallait presque partir de zéro. Sans aucune prétention de dire que j’ai tout fait, nos populations reconnaissent que c’est nous qui avons jeté les bases et les jalons du développement dans notre région du Folon.
Vous évoquiez les compétences des Conseils régionaux...
Oui bien sûr dans le domaine de la santé, le conseil a pour mission de construire et d’équiper les centres de santé. Nous avons également l’éducation. Tous ce qui est hors de la commune que ce soit le préscolaire, le primaire et les collèges sont du ressort des conseils régionaux. La vie associative et tout ce qui est lié au développement économique et social sont confiés aux conseils régionaux. En ce qui concerne les routes, le conseil a pour mission de faire des entretiens légers qu’on appelle communément reprofilages. Les reprofilages lourds et la réalisation des gros ouvrages sont du ressort du ministère des infrastructures. Les conseils ne font pas de bitumage encore moins des reprofilages lourds au risque de mettre tout leur budget dans le bitumage de 10 à 15 km de route.
En termes de bilan qu’est-ce que l’on peut retenir à mi-parcours
A ce stade de notre gestion, sans tomber dans l’autosatisfaction, il y a beaucoup de secteurs où les indicateurs sont au vert. Cependant, dans certains domaines nous avons encore des défis à relever. En ce qui concerne l’éducation nous avons pris le conseil régional avec un seul collège au chef-lieu de région. Dans les autres sous-préfectures il y avait des débuts mais les bâtiments étaient inachevés. Aujourd’hui nous avons construit des collèges dans tous les chefs-lieux de sous-préfectures, Mahandiana-Sokourani, Sokoro, Kimbrila-Nord, Kaniasso.
Rappelons aussi que le collège de la commune de Tienko a bénéficié de 17 classes dont 4 en cours de réalisation et le collège de la commune de Goulia a également bénéficié de 15 salles de classes, ils ont tous les deux, été érigés en lycées aujourd’hui grâce à la disponibilité de ces infrastructures d’accueil qui sont nos œuvres. Nous avons même amorcé le processus de doter certains gros villages qu’on dénomme villages-centres en collèges de proximité comme Sanaférédougou et d’autres villages. Mieux nous avons obtenu 4 lycées de proximité d’une valeur de 10 milliards. Nous avons 4 localités qui sont dotées de collèges de proximité et nous ambitionnons de transformer certains de ces collèges en centres techniques de formation.
Au niveau du primaire nous avons construit 66 salles de classes et réhabilité 18 écoles Primaires en état de dégradation avancés, mais le besoin est toujours croissant avec les naissances en nette croissance. Plusieurs localités sont dotées de préscolaires. Toute la région du Folon a bénéficié d’école Primaire Publique et nous continuons à rapprocher plus les collèges des populations. Nous avons obtenu un centre annexe de baccalauréat depuis 2021 à Minignan, notre objectif aujourd’hui est d’encourager les enfants à aller à l’école pour assurer l’avenir de la Région.
Quel bilan établissez-vous dans le domaine sanitaire ?
Quand on regarde le budget alloué au conseil régional, l’éducation et la santé ont une place de choix dans notre politique. Il est clair que sans la santé, on ne peut rien faire et c’est pourquoi nous avons mis les bouchées doubles dans ce domaine. C’est un total de 20 centres de santé construits dont celui de Kehi encours et 6 centres de santé réhabilités, 10 logements de personnels sanitaires construits et 1 laboratoire dans la commune de Tienko. Partant de la situation qui prévalait à notre arrivée à la tête de notre région où il n’existait aucun Hôpital Général, 07 Centres de Santé Urbain, 0 Centre de Santé Rural et 0 Dispensaires Ruraux, l’on peut dire sans de tromper que les voyants sont quasiment au vert en matière de santé dans la région du Folon. La forte croissance et la pression démographique nous contraignent à des efforts continus dans ce domaine certes, mais de gros progrès y ont été enregistrés. Certains ironisent, parfois, en disant que chaque village du Folon à un centre de santé nous sommes a 7-8km sur une norme de 15 km de distance entre les centres de santé. La logique voudrait que, pour équiper il faut avoir construit au préalable. Pour le bonheur de nos vaillantes populations, nous allons continuer de construire des centres de santé partout où le besoin se posera. Cette année nous avons fourni du matériel biomédical d’une valeur de 80 millions.
Aujourd’hui, nous enregistrons régulièrement des témoignages de la part de nos populations sur l’impact des réalisations sanitaires. Je caricature souvent en disant que la Région du Folon avant l’arrivée du Président Alassane Ouattara et la Région du Folon depuis de 2011 c’est le jour et la nuit.
Une fois les populations en bonne santé, ne faudrait-il pas songer à la création d’emploi en marge du secteur traditionnel de l’agriculture ?
Vous venez de toucher du doigt un chantier qui nous tient à cœur. Le secteur agricole reste et demeure le principal secteur pourvoyeur d’emploi dans notre région. Nous avons cependant de nombreux jeunes aux formations et compétences diversifiées et qui souhaitent surtout rester pour accompagner le développement initié dans notre Région. Notre grand problème est le manque d’infrastructure industrielle pour résorber le chômage des jeunes et l’autonomisation de la femme. Un de nos défis majeurs aujourd’hui est de tout mettre en œuvre à travers des partenariats stratégiques nationaux et internationaux pour attirer des industriels afin de résorber le chômage des jeunes et favoriser l’autonomisation de la femme.
Déjà en 2015-2016, nous avons commencé une collaboration avec l’INIE en octroyant des fonds de garantie aux femmes et aux jeunes pour les accompagner dans l’autonomisation et la réalisation de leur projet. Personnellement, nous avons des groupes de jeunes et de femmes à qui nous donnons des appuis financiers. C’est vrai que même en aidant ces femmes et ces jeunes, le taux de réussite est souvent en dessous de la moyenne. Il faut de l’encadrement pour permettre aux femmes et aux jeunes d’être mieux outillés afin d’être de vrais acteurs du développement régional.
Avec la menace djihadiste avez-vous des projets pour aider les jeunes et les femmes ?
Il faut saluer l’Etat qui a octroyé une dotation de fonds aux six régions transfrontalières pour la réalisation de projets spéciaux en destination des jeunes et des femmes pour que nos populations ne soient pas à la merci des djihadistes car l’oisiveté reste la mère des vices et des tentations maléfiques.
Avec le bitumage des axes routiers de la région quel message avez-vous à donner aux investisseurs pour le Folon
Je voudrais réitérer les remerciements de nos populations ainsi que ceux de ma modeste personne au président de la République, SEM Alassane OUATTARA. Il a tout mis en œuvre pour le bitumage des routes Odienné, Minignan et Odienné frontière Mali. Ce sont des actions qui constituent le socle du développement véritable. En le faisant, le président de la République insuffle le développement économique dans la Région du Folon et traduit éloquemment son affection et son attachement à toutes les Régions de la Côte d’Ivoire en l’occurrence la nôtre. Suivant donc cet esprit et cette vision du Président de la République, je voudrais lancer un appel solennel aux investisseurs à venir s’installer dans notre région. C’est une région riche économiquement et qui bénéficie aujourd’hui d’infrastructures routières permettant de relier toutes les autres régions de la Côte d’Ivoire ainsi qu’un pays limitrophe tel que le Mali. Cela dit, je voudrais encourager l’Etat à bitumer les bretelles pour désenclaver totalement notre région du Folon.
Notre région demeure une région à fort potentiel économique avec l’existence des bas-fonds et des plateaux. Si c’est réserves agricoles sont aménagées, la région du Folon constituera un grenier important du riz pour la Côte d’Ivoire. Nous avons un sous-sol riche avec du manganèse à Kaniasso. Sans la route ce potentiel ne peut être exploité. Pour ce qui est de l’agriculture, le climat et le sol du Folon sont les plus favorables à la culture du soja et du maïs.
Votre mot de fin
Je voudrais simplement rappeler que le développement est un processus. Cela ne peut se faire que lorsqu’il y a la paix et l’entente. J’en appelle à la responsabilité des filles et des fils de la région du Folon. Nous devons tout mettre en œuvre pour la cohésion et l’union entre les fils et filles du Folon. L’Etat fait sa part. Les filles et les fils doivent se mettre ensemble pour apporter leur part dans le développement de la région du Folon. Personne ne viendra insuffler et soutenir le développement à notre place dans notre région.
(AIP)
Interview réalisée par Soro Sionfolo, AIP Korhogo
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