Niakara, Le fonio, une céréale autrefois cultivée et consommée dans les villages de l’actuel département de Niakara, a aujourd’hui disparu du calendrier cultural de tous les paysans, a appris l’AIP, lundi 22 août 2022, auprès des opérateurs agricoles de la circonscription.
”Le fonio reste quasiment inexistant dans le calendrier cultural des paysans dans les villages du département de Niakara alors que les expérimentations réalisées montrent que la culture de cette céréale est possible dans les zones écologiques favorables au maïs, au sorgho et au riz, comme cette circonscription du Hambol", a déclaré l'étudiant en agronomie, Claude Tuo Wana, 23 ans.
Des allégations corroborées par des paysans locaux, au nombre desquels Hamadou Ouattara (56 ans), un agriculteur à Loho qui a soutenu que le fonio a le mérite de pouvoir se cultiver sur les sols pauvres ou riches.
”Mais il ne supporte pas les sols salins et argileux et cette céréale est moins exigeante en eau. Par ailleurs, en rotation, le fonio réussit sur des sols qui ont accueilli le sorgho, le maïs ou le riz pluvial”, a-t-il ajouté.
”Mais, il faut l’avouer, la culture du fonio était très délicate et contraignante en termes de précaution, de respect de chaque étape et de mobilisation de main d’œuvre, surtout à la récolte“, a toutefois relevé Adama Yéo Wardjouna (60 ans), un opérateur agricole à Nanwokaha, un village de la sous-préfecture de Niakara.
De l’avis de ce sexagénaire, c’est l’une des raisons qui pourrait expliquer le fait que ”la culture du fonio soit reléguée aux oubliettes, de nos jours“.
Selon M. Yéo, 75 jours après les semis, le fonio est prêt pour la récolte. Et, pour le savoir, il suffit de voir le jaunissement des plantes qui se courbent. Ensuite pour récolter, l’agriculteur fauche les tiges par touffe en les liant sous forme de gerbes de 2 à 3 kg, a-t-il expliqué.
La récolte du fonio, a-t-il poursuivi, se faisait à la main. Ensuite, sur une bâche, le cultivateur séchait les gerbes pendant au plus trois jours avant le battage et les aires de battage devaient être bien aménagées afin de limiter la présence d’impureté.
”D’ailleurs, on conseillait de recouvrir les aires de battage de nattes ou de bâches plastiques. Puis, le cultivateur procédait au vannage et au séchage des grains de fonio jusqu’à 14% d’humidité”, se souvient encore Adama Yéo précisant que le fonio se conservait dans des sacs en jute, des paniers traditionnels ou des silos.
“Le lieu de stockage du fonio devait être bien aéré et tout ça, c’est trop compliqué, voilà pourquoi le fonio a aujourd’hui disparu du calendrier cultural de tous les paysans“, a-t-il conclu.
(AIP)
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