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Société Publié le jeudi 13 octobre 2022 | Le Nouveau Réveil

Assika N’ziblekro (Bocanda) : Maisons et champs inondés, école menacée / Kra Dénis, président de la Mutuelle : « Il y a urgence… »

© Le Nouveau Réveil Par DR
Kra Dénis, président de la Mutuelle du village de Assika N’ziblekro (Bocanda)

Peuplé de 2200 âmes, Assika N’ziblekro village situé dans la sous-préfecture de Begansou (département de Bocanda) vit des moments difficiles. Le village depuis des jours est inondé. Face à cette situation, le président de la mutuelle du village, Kra Dénis, dans cette interview situe l’ampleur de la situation et demande de l’aide.


Vous êtes le président de la mutuelle d’Assika N’ziblekro, village inondé depuis des jours. Vous n’êtes donc pas un président heureux en ce moment n’est-ce pas?


Pas du tout. Pas du tout. On ne peut pas être heureux en ces moments difficiles. Vous savez que notre village est en aval du fleuve N’zi. Ce fleuve lui-même prend sa source au nord de la Côte d’Ivoire depuis la Bagoué jusqu’au fleuve Bandama. Lorsque nous sommes dans les fortes saisons de pluie au nord de la Côte d’Ivoire depuis le Burkina même d’ailleurs, nous subissons les affres des crues. Et cette année, le N’zi est véritablement en crue et le village s’en trouve inondé.



Est-ce la première fois qu’Assika N’ziblekro connaît cette situation ?


Non, pas la première fois. Mais ce sont des situations qui sont rares. Parce que de mémoire, il y a eu un cas similaire en 1968, en 1984 et le cas actuel est le 3ème aussi grave.

 


Assika N’ziblekro est peuplé de combien d’habitants ?


Selon le dernier recensement RPDH de 2021, nous sommes à plus de 2200 âmes.



Quelle est la situation sur le terrain aujourd’hui ?


Elle est actuellement évolutive. Elle dépend des pluies. Il pleut encore au nord, il pleut encore dans notre zone. Nous faisons donc le point de la situation heure par heure, j’allais dire jour par jour.



Et donc ?


Jusqu’à ce midi (NDLR mardi midi), il y a encore des situations de sinistre qui se déclaraient. Au fur et à mesure on nous les remonte.



Y a-t-il une amélioration ou est-ce que la situation va de mal en pis ?


La situation se stabilise parce que les villageois prennent des dispositions. Quand on voit le niveau de l’eau qui monte, c’est la solidarité villageoise qui se manifeste. Les parents déménagent pour aller chez ceux qui sont plus en hauteur. Mais ce qu’on ne peut pas sauver, ce sont les plantations. A ce niveau, on ne peut rien faire.



Comment évaluez-vous les dégâts si vous devez faire un bilan ?


En termes de bilan humain, Dieu merci il n’y a pas encore eu de perte en vie humaine. Et nous prions qu’il n’en ait pas. S’agissant de dégâts matériels, il faut dire qu’autour de 30 à 40 % des maisons du village sont inondées. Des champs sont inondés également. C’est à ce niveau qu’on peut situer les dégâts.



Vos parents ont-ils pratiquement tout perdu ?


Beaucoup ont perdu leurs biens. Les dégâts varient d’une famille à une autre. Si vous êtes une famille qui est sur une côte et que vous n’avez pas été touchés, on ne peut pas dire que vous avez étés touchés par cette inondation. Il y a des familles qui ont pratiquement déménagé. Vous connaissez la promiscuité qui va s’en suivre. Ce sont de petits habitats et donc quand une famille doit déménager pour aller vers une autre famille, ce sont des situations d’inconfort.



Quelle est la situation de l’école dans le village ?


L’école se trouve dans une zone un peu marécageuse donc les eaux coulent en ce moment dans sa direction. Mais pour le moment, l’école n’est pas encore inondée. Elle est menacée. Nous craignons fort que si les pluies continuent à cette allure, que l’école soit fermée momentanément.


Quels sont les soutiens que vous avez eu et ceux que vous attendez ?


Pour le moment, nous n’avons pas encore eu de soutiens. Mais nous recevons des coups de fils. Il y a l’Observatoire de la cohésion sociale et de la solidarité qui nous a joints pour nous demander de lui faire le point de la situation. Donc nous sommes pour le moment au stade d’intentions. Il n’y a pas encore eu de déplacement de structures étatiques pour voir de près la situation.



Alors qu’il y a urgence ?


Il y a urgence. Il y a des structures comme l’Alerte précoce qui peuvent faire un déplacement, les sapeurs-pompiers également. Nous sommes des amateurs, nous ne pouvons évaluer que ce que nous pouvons. Mais il y a des structures adéquates en la matière pour faire ce travail.



Cela fait la 3ème fois que le village connaît selon vous, cette situation. Pensez-vous à une solution durable ?


Je ne peux pas dire qu’il y a une solution miracle. Les situations d’inondation, ce sont des cataclysmes naturels. La ville d’Abidjan même en subit. La Floride aux Etats-Unis en subit. Donc on ne peut pas parler de durabilité. Mais ce qu’on pourrait faire dans un premier temps, c’est d’arranger les voies d’accès et de voir dans quelle mesure on peut approfondir le lit normal du fleuve pour qu’il cesse de déborder.



En dehors d’Assika N’ziblekro y a-t-il d’autres villages inondés ?


Des villages voisins comme Kimoukro qui est sinistré. Depuis la zone d’Anada, M’bahiakro jusqu’à nous, il y a autour d’une dizaine de villages qui sont sinistrés et qui connaissent cette même situation. C’est le lieu de lancer un appel aux autorités compétentes du gouvernement. Notamment le ministère de la Solidarité et de la cohésion sociale, aux autorités préfectorales, sous-préfectorales, municipales, le Conseil régional de l’aide. En cette période de rentrée vous vous imaginez que c’est difficile si les parents doivent se déplacer et continuer de pourvoir aux moyens des enfants pour aller à l’école. C’est vraiment difficile. Je disais tantôt que les champs sont inondés, il va falloir assez rapidement trouver des vivres et non vivres pour venir en soutien aux parents sinistrés.


En dehors de cette inondation, votre zone subit aussi le phénomène de l’orpaillage clandestin, comment réagissez-vous face à cela ?


Pour le moment, nous sommes sous le coup des inondations. Souffrez qu’on n’entame pas ce volet de l’orpaillage qui existe bel et bien. Mais grâce à nos efforts en tant que parents, nous nous sommes concertés avec nos parents et je puis vous dire que dans le village, le phénomène n’a pas encore commencé. Il existe dans les villages voisins mais nous avons trouvé un accord pour demander au cas où on devrait faire une exploitation, que ce soit au moins semi industriel. Pour l’heure, il n’y a pas d’orpaillage dans le village.


Interview réalisée par DJE KM

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