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Société Publié le lundi 28 novembre 2022 | Abidjan.net

Accès de la femme à la terre dans le Gôh-Djiboua : ce qu’en disent les hommes (Panel)

Accès de la femme à la terre dans le Gôh-Djiboua : ce qu’en disent les hommes (Panel)
© Abidjan.net Par DR
Accès de la femme à la terre dans le Gôh-Djiboua : ce qu’en disent les hommes (Panel)
Le Réseau des femmes journalistes (ReFJPCI) était à Divo, dans la région du Gôh-Djiboua, le 18 novembre dernier, pour la tenue de son initiative les Petits déjeuners du genre (PDG).

Le Réseau des femmes journalistes (ReFJPCI) était à Divo, dans la région du Gôh-Djiboua, le 18 novembre dernier, pour la tenue de son initiative les Petits déjeuners du genre (PDG).


Au cœur du partage, la récurrente question de l’autonomisation de la femme et de l’accès à la terre, qui « fut très enrichissant », assure une note d’information du réseau transmise dimanche à Abidjan.net


Dans la modernité de la société ivoirienne qui se construit au rythme du temps qui s’écoule, « le droit positif français n’a pas vraiment eu raison des cultures et traditions, us et coutumes », estime-t-on dans la note.


Une certitude qui fait dire à Louis André Dacoury-Tabley, Ministre-gouverneur du Gôh-Djiboua qu’«en réalité, sous la chape du volumineux droit républicain, dit moderne, la coutume a la vie dure et active. La fille, l’épouse, n’a aucun droit d’accès aux biens matériels de la famille, du lignage et ou du couple. Aujourd’hui, cela a pour nom discrimination. Le combat, disons plutôt le débat, demeure d’actualité constance ».


Une actualité qui interpelle les consciences. En effet, alors que la République instaure une égalité de droit entre tous ses enfants, « dans la société de tradition Dida, avec leurs voisins et frères Bété, la fille, par définition, ne fait que venir au monde ici. Elle est destinée à se marier ailleurs (…) De l’autre côté, du fait de son mariage et donc de son statut d’épouse, ses « maris » ne la considèrent jamais comme une des leurs ». Des traditions, qui comme sous bien d’autres parties du ciel ivoirien, inspirent cette analyse au Ministre-gouverneur : « Dans ce type de société, on estime tout simplement que le genre féminin en situation de mobilité permanente n’a que faire d’une propriété immobilière (la terre) ».


La patrilinéarité contraste avec la Constitution


Le District autonome du Gôh-Djiboua s'étend sur 17580 km2. Il est constitué de 2 régions (le Gôh et le Loh-Djiboua), de 5 départements, 33 sous-préfectures et 449 villages autour desquelles gravitent des centaines de campements. Sa population est de 2 088 000 habitants dont 47 % de femmes. Le poids des traditions exclu la moitié de la population de la propriété foncière. Mais « le temps et les circonstances devraient jouer dans le bon sens », assure le Ministre-gouverneur. Il a tout de même bien conscience qu’il faut trouver « des moyens de contournement pour garantir à la femme une saine autonomisation pour un développement durable sans heurts ».


Penser un développement inclusif, c’est donc ne pas oublier, comme a tenu à le rappeler le président du Conseil régional du Lôh-Djiboua, l’ex Ministre Dja Blé, que « l’admission de la règle exclusive de la patrilinéarité privilégiant le contrôle de la terre par la gente masculine contraste avec la législation ivoirienne à travers sa loi fondamentale (la constitution), ainsi que la loi n°98-750 du 23 Décembre 1998 relative au foncier rural, (qui) consacre à la femme le droit à la propriété foncière; la constitution de 2016 qui entérine l’égalité entre l’homme et la femme ; les reformes portant sur la loi sur la succession qui stipule que les filles et les garçons ainsi que les conjoints survivants ont le droit à l’héritage ». La femme ne peut donc être légalement exclue de l’accès à la terre. Pour le Ministre Dja Blé : « l’argument qui devrait militer à l’accès des femmes à la terre est indéniablement son leadership dominant dans la promotion des cultures vivrières et maraichères durant ces vingt dernières années… »


Aujourd’hui plus qu’hier, la femme dans la Gôh-Djiboua, et certainement dans les autres contrées du pays, devraient donc disposer de parcelles de terre. Aujourd’hui plus qu’hier, parce que dans le Gôh-Djiboua, il y a urgence : « … D’içi 2025 si rien n’est fait, on ne parlera pas de malnutrition dans notre District, mais de famine… ». Et pour cause : « le dernier rapport sur la nutrition à Yamoussoukro des 15 et 16 novembre 2022 est très alarmiste pour notre District ou les basfonds ont été entièrement consacrés aux cultures de rentes (cacao-palmier à huile et hévéa) ». Pour le président du Conseil régional, il faut passer à l’action : Acheter des parcelles de terre pour les femmes.


Entre deux familles


La question de l’accès de la femme à la terre est une problématique cruciale qu’il faut aborder dans une approche holistique. Professeur Gnéba Kokora Michel, expert-invité du ReFJPCI rappellera qu’étant « appelée à fonder un foyer, la femme bété ou dida en milieu traditionnel passe la majeure partie de sa vie chez son mari (…) C’est là qu’elle s’acquittait de sa part dans les travaux des champs d’où l’on tirait l’essentiel de l’alimentation (…) Si, par malheur le mari décédait, la femme restait dans la famille de son défunt mari (…) Elle n’était cependant pas héritière de ces terres qui, par le jeu de la succession en famille, revenaient aux enfants, le moment venu. » Parce qu’il était rare que la femme au pays Bété et Dida vive dans sa famille (de naissance), elle ne pouvait donc pas assurer la garde des terres de cette famille. Il en était de même pour les terres de la famille du conjoint, et ceci à cause de l’éventualité d’une séparation (d’un divorce)…


Situation peu enviable donc pour un être qui, parce que femme, est appelée à vivre, comme suspendu(e) entre sa famille de naissance et sa famille par mariage, sans avoir le droit de prétendre à un enracinement foncier. C’était hier, disait le professeur Gnéba. Avec les lois modernes, assure-t-il, « dans le Gôh-Djiboua d’aujourd’hui, le statut de la femme connaît une évolution fort prometteuse » ; rassuré qu’il est « que grâce aux multiples avantages liés à la modernité, plus rien ne s’oppose à l’accès de la femme à la propriété foncière rurale, tel que cela se constate déjà çà et là, puisqu’on y a même enregistré des femmes chefs de village ». Un optimisme quelque peu refroidit par un réalisme contraignant : « Il y a encore du chemin à faire. » Chemin à parcourir dans un esprit de solidarité et d’une réelle fraternité comme l’ont demandé les femmes, les guides religieux et les chefs de village et de communauté qui ont pris part au PDG ce 18 novembre à Divo. Certaines responsables des organisations féminines souhaitent qu’un véritable atelier soit organisé pour permettre une réflexion inclusive sur la question de l’accès des femmes à la terre.


Le PDG, comprendre pour s’enrichir mutuellement


Objectif atteint pour le ReFJPCI dont la présidente, S.M. Agnès Kraidy, a rappelé que les PDG, « c’est un espace, non pour juger les cultures, les traditions, les habitudes, mais pour les connaître, les comprendre… Afin de mieux nous connaître… de nous enrichir mutuellement ». Une activité qui s’inscrit aussi dans la transmission, avec la formation des animatrices et des animateurs des radios de proximité assurée par Marie-Laure Zakry, journaliste, enseignante à l’ISTC Polytechnique.


Le PDG de Divo était placé sous la présidence du Ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Amédé Kouakou, Député-Maire de Divo, le parrainage de Ministre-Gouverneur du District du Gôh-Djiboua, Louis André Dacoury-Tabley. Cette rencontre a réuni le Préfet de région, des directeurs régionaux de l’Administration, des chefs traditionnels et de communautés, des guides religieux, des associations de femmes et de jeunes…Et aussi un représentant de la Deutsche Welle Akademie, Thomas Mösch, qui a rappelé le sens de l’engagement de son institution aux côtés des organisations de la société civile : « Au vu de l'histoire allemande, il nous tient à cœur que chaque être humain puisse exprimer son opinion librement et qu'il ait accès à une information indépendante. C'est pour cela que nous encourageons le développement de systèmes médiatiques libres et transparents ». La DWA œuvre au renforcement des droits de l'homme et à la promotion de l'accès libre à l'information pour toutes les personnes.


Après Divo, le Réseau des femmes journalistes poursuit son chemin en questionnant les problématiques du genre. A Abidjan, en août dernier, le PDG a porté sur l’image de la femme dans l’art sculptural ivoirien. La prochaine escale donnera lieu à meilleure compréhension du pouvoir de la femme dans la monarchie en pays Akan.


L’initiative les PDG s’inscrit dans le projet Innover pour dialoguer mis en œuvre avec le double soutien de la Deutsche Welle Akademie et la Coopération allemande,


 


Rk

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