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Économie Publié le jeudi 18 avril 2024 | Le Nouveau Réveil

Filière Cajou/ Programme d’approvisionnement du CCA: les transformateurs nationaux mis en perte, une 3e année consécutive

© Le Nouveau Réveil Par DR
Côte d’Ivoire : des transformateurs demandent au gouvernement le maintien des subventions cajou de 2022 sur 5 ans pour éviter la faillite

Les transformateurs ivoiriens de cajou continuent de broyer du noir face à la forte concurrence des exportateurs asiatiques et à l’absence de financement bancaire. Ces transformateurs nationaux avaient pourtant fondé tout leur espoir dans le programme d’approvisionnement en noix brute du Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA) qui était censé leur permettre de palier à l’absence de financement bancaire et d’avoir accès aux noix brutes face aux exportateurs asiatiques.


Pour rappel, ce programme mis en place depuis 2022 par le gouvernement implique que le CCA livre aux transformateurs ivoiriens en début de campagne 20% de leur besoin en noix brute. Par le nantissement de ce stock de noix brute reçu du CCA, appelé stock d’amorçage, les transformateurs procèdent eux-mêmes à l’achat de leur besoin restant.


Malheureusement, force est de constater que cet ambitieux programme du gouvernement va connaitre encore en 2024 un échec retentissant comme en 2022 et 2023, en raison des défaillances du CCA. 


En effet, près de deux mois après l’ouverture de la campagne d’achat de noix brute de cajou, seulement six transformateurs nationaux sur un ensemble de quinze usines présélectionnées pour ce programme, ont commencé à recevoir des noix brutes de cajou de la part du CCA. Pour ces six usines bénéficiant du programme d’approvisionnement du CCA, à ce jour le stock reçu du CCA représente globalement moins de la moitié du volume attendu au titre du stock d’amorçage (au total 14 000 T pour ces six usines). 


Les neuf autres usines de nationaux n’ont pour le moment aucune visibilité sur une probable livraison du CCA. Parmi ces neuf usines, la pilule est très amère pour cinq nouveaux investisseurs nationaux (ECOCAJOU, CICOA, AIC, GEPPA INDUSTRIES, CABEL) qui avaient tout misé sur ce programme d’approvisionnement, d’autant qu’étant nouvelles, elles ne souffrent d’aucune dette vis-à-vis du CCA. 


Avec ce rythme de livraison très lent, voire inexistant pour neuf usines, alors que la campagne tire inexorablement vers sa fin, avec la qualité se dégradant au fil du temps, les usines des nationaux ne pourront pas couvrir le reste de leur besoin et seront contraintes encore cette année de tourner en sous-activité et donc à perte. 


Selon tous les acteurs, le CCA peine à livrer le stock d’amorçage, qui représente pour les quinze sociétés en réalité seulement 26 000 T, soit 2% de la production nationale, en raison du défaut de paiement du CCA. En effet, le CCA connait des tensions de trésorerie à cause de sa mauvaise santé financière. 


Cette situation de défaillance des livraisons du CCA cause un énorme préjudice aux transformateurs nationaux qui ne font qu’accumuler de pertes colossales depuis trois ans, sans le moindre signe d’un lendemain meilleur.


Les transformateurs nationaux traversent actuellement une période de détresse alarmante. Ils doivent non seulement affronter la crise mondiale de cajou qui a créé des pertes structurelles, sans recevoir de subvention comme ce fut le cas en Inde et au Vietnam et aussi faire face aux pertes engendrées par le dysfonctionnement du programme du CCA.


Si rien n’est fait, les transformateurs nationaux disparaitront tous pour laisser la place aux acteurs étrangers.

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