La Côte d’Ivoire à travers la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) accueille la 11ᵉ Conférence des Instances de Régulation de la Communication d’Afrique (CIRCAF), réunissant 27 pays membres du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) autour du thème: "La régulation de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le secteur de la communication audiovisuelle et numérique", un enjeu crucial à l’ère des avancées technologiques rapides.
Lors de l’ouverture ce jeudi 28 novembre 2024, Me René Bourgoin, président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) de Côte d’Ivoire, a rappelé la nécessité urgente de contrôler l’impact de l’Intelligence Artificielle pour préserver la démocratie. « Si on laisse ces outils sans régulation, c'est la mort de la démocratie(…)Nous devons prendre à bras le corps cette question de la régulation de l’intelligence artificielle. », a-t-il rappelé. Selon lui, l’IA, bien que prometteuse, soulève des problématiques importantes, notamment dans le domaine de la désinformation et des campagnes de manipulation, particulièrement en période électorale.
Pour Tossou Marcellin, représentant du président de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Bénin et secrétaire exécutif du RIARC, l’IA constitue un double défi pour les régulateurs. « Face à cette intelligence artificielle, nous devons faire preuve d'une intelligence intellectuelle accrue », a-t-il invité. Poursuivant, il a mis en lumière les risques économiques liés à l’automatisation, notamment dans les médias, et le danger de prolifération des fausses informations.
Roche-Olivier Mestre, Président de l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et numérique, (ARCOM) en France a pour sa part reconnu le potentiel transformateur de l’IA, tout en appelant à la vigilance. « Les plateformes, lorsqu’elles sont bien utilisées, constituent des opportunités formidables, mais elles posent des défis énormes lorsqu’elles sont détournées », a-t-il indiqué.
Latifa Akharbach, présidente du RIARC et de la HACA du Maroc, a plaidé pour une régulation dynamique et flexible. « L’intelligence artificielle influence déjà fortement les dynamiques économiques et les comportements sociaux. Nous devons garantir qu’elle favorise le bien commun, protège les droits humains et soutienne le développement équilibré des écosystèmes médiatiques » , a-t-elle plaidé.
Le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, représentant le Premier ministre, a insisté sur l’importance d’une coordination régionale pour réguler efficacement l’IA notamment en période électorale. « La problématique de l’IA ne peut être l’affaire d’un seul État. C'est pourquoi l'esquisse d'un cadre réglementaire que vous allez adopter est fortement attendue. Cette esquisse servira de base à l'adoption d'un cadre juridique approprié de la régulation de l'IA dans le secteur de la communication audiovisuelle.(…)Elle constitue un défi majeur pour nos démocraties, aussi jeunes soient-elles », a-t-il affirmé en soulignant les menaces que représentent les infox pour la stabilité sociale, citant des exemples récents de désinformation ayant provoqué des violences en Afrique.
La CIRCAF se poursuivra jusqu'au 30 novembre prochain pour finaliser des propositions visant à encadrer l’usage de l’IA dans les médias audiovisuels et numériques africains en élaborant une déclaration commune. Les conclusions seront transmises aux gouvernements membres pour une adoption coordonnée.
R-SEKONGO