x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 1 septembre 2025 | BBC

Chars, tourisme et prises de photos : pourquoi Kim Jong-un et Poutine se rendent à Pékin

Chars, tourisme et prises de photos : pourquoi Kim Jong-un et Poutine se rendent à Pékin
© BBC
Chars, tourisme et prises de photos : pourquoi Kim Jong-un et Poutine se rendent à Pékin
Les services en langues coréenne, russe et chinoise de la BBC se penchent sur ce que l'on peut attendre de la rencontre des principaux dirigeants mondiaux lors d'un défilé militaire à Pékin.

Mercredi, dans une démonstration massive de puissance militaire, des missiles nucléaires et des chars d'assaut défileront sur la place Tiananmen à Pékin, tandis que des avions de chasse de cinquième génération sillonneront le ciel.

Mais lors du défilé organisé à l'occasion du "Jour de la Victoire" en Chine, tous les regards ne seront pas tournés vers la technologie militaire exposée, mais plutôt vers le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, et le président russe, Vladimir Poutine, qui assisteront à l'événement en tant qu'invités du président Xi Jinping.

Les deux dirigeants ont rarement voyagé à l'étranger ces dernières années. Que nous apprend donc leur présence à cet événement marquant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur les relations entre ces trois nations clés et leurs projets pour l'avenir ?

Des experts des services de la BBC en langues coréenne, russe et chinoise nous donnent leur avis sur le défilé.

Prestige nord-coréen et tourisme

"Cette rencontre entre Kim et Xi serait leur première depuis près de six ans", signale Juna Moon, du service coréen de la BBC.

"Kim s'est rendu en Chine pour la dernière fois avant d'aller au sommet de Hanoi en 2019, afin d'y rencontrer le président Donald Trump pendant le premier mandat de ce dernier, et Xi s'est rendu à Pyongyang plus tard, dans la même année", rappelle Moon.

Cet événement marque plusieurs premières - ce sera la première fois que les dirigeants de la Corée du Nord, de la Chine et de la Russie seront vus ensemble, par exemple.

C'est inhabituel pour les récents dirigeants nord-coréens, puisque Kim Jong-un et son père et prédécesseur, Kim Jong-il, se sont limités à des rencontres diplomatiques en tête à tête.

Il convient également de noter que c'est la première fois qu'un dirigeant nord-coréen assiste à un défilé militaire chinois depuis 1959.

"Cette visite survient alors que la Corée du Nord est confrontée à des difficultés économiques et se prépare à des anniversaires politiques importants, ce qui rend l'aide chinoise cruciale", explique Moon, en soulignant la flambée des prix du riz dans le pays.

Kim Jong-un voudra s'assurer que l'aide de la Chine signifie que le 80e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs de Corée du Nord, en octobre, et le neuvième congrès du parti, prévu l'année prochaine, seront marqués par la grandeur plutôt que par l'austérité.

Mais la Corée du Nord a également un problème économique plus surprenant, qui nécessite l'aide de la Chine.

"Pyongyang espère attirer un grand nombre de touristes chinois dans la zone de villégiature côtière de Wonsan-Kalma, récemment ouverte, explique Moon, ce qui nécessiterait la bénédiction du Parti communiste chinois."

Mais le voyage du leader nord-coréen à Pékin n'aura pas qu'un but financier.

Kim aime généralement équilibrer ses relations entre la Russie et la Chine, afin de ne pas être trop dépendant de l'un ou l'autre de ces pays. Cet événement lui offrira une rare occasion d'être vu avec les deux.

"En s'alignant sur Xi et Poutine, Kim cherche à se présenter comme un égal des superpuissances et à signaler le rôle central de la Corée du Nord dans un axe potentiel Chine-Russie-Corée du Nord", explique M. Moon.

Kim Jong-un espère peut-être même que le président Xi assistera aux célébrations du Parti des travailleurs de Corée du Nord en octobre, ce qui rehausserait sa stature tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger.

Qu'est-ce que cela signifie pour le voisin de la Corée du Nord, la Corée du Sud ?

"La visite de Kim est également largement interprétée comme un contre-pied stratégique à la coopération croissante entre les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon, analyse Moon, et comme un signe que Pyongyang est prêt à approfondir son alignement à trois avec la Chine et la Russie."

Le journaliste du service de langue coréenne de la BBC pense que "si la visite de Kim à l'occasion de la fête de la Victoire renforce la coopération entre la Corée du Nord, la Chine et la Russie, les conséquences pour l'environnement sécuritaire de la Corée du Sud pourraient être graves".

"Le risque d'une coopération plus profonde, bien qu'officieuse, entre Pyongyang, Pékin et Moscou dans le domaine des systèmes d'armement, de la sécurité et de l'environnement est très élevé", signale-t-il.

La Russie de retour sur la scène internationale

L'invitation à Pékin, qui survient peu après un sommet avec le président Donald Trump en Alaska, est "de la musique aux oreilles de Vladimir Poutine", estime Alexey Kalmykov, du service de la BBC en russe.

"Pendant des années, la Russie a été de plus en plus coupée du monde par des sanctions pour son invasion de l'Ukraine", ajoute-t-il.

"Poutine, qui était autrefois un égal à la table du G7, est devenu un paria avec un mandat d'arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale. Mais aujourd'hui, coup sur coup, deux grandes puissances mondiales lui déroulent le tapis rouge", observe Kalmykov.

Il est d'avis que "jusqu'à récemment, les autorités russes n'auraient pas pu rêver d'un tel succès sur la scène internationale". "Aujourd'hui, c'est une réalité."

La participation de Vladimir Poutine au défilé de Pékin lui permettra non seulement d'asseoir sa position sur la scène internationale, mais aussi de rassurer le peuple russe sur la position internationale du pays.

"Les nombreuses poignées de main, les accolades amicales et les tapis rouges ont pour but de montrer au public russe que Moscou n'est pas le partenaire junior de Pékin, mais son égal", explique Kalmykov.

Outre les relations personnelles, le défilé chinois du "Jour de la Victoire", qui marquera le 80e anniversaire de la capitulation du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale et de la fin du conflit, comportera un autre aspect essentiel : la démonstration de force de la Chine.

"La démonstration de force en Chine enverra un signal important au reste du monde : le Sud global est uni autour de Xi et de Poutine, et c'est une force avec laquelle il faut compter", déclare Kalmykov.

Un autre message clé sera également envoyé à la Maison Blanche, indiquant que toute tentative de creuser un fossé entre Moscou et Pékin sera vouée à l'échec.

"L'amitié sans limite entre la Russie et la Chine est bien vivante", fait remarquer Kalmykov.

La Chine présente sa puissance militaire

Lors de ce défilé, la Chine tentera de démontrer au monde qu'elle est une puissance militaire moderne et mondiale.

Les autorités chinoises ont annoncé que le défilé de soixante-dix minutes présenterait la nouvelle génération d'armes de l'Armée populaire de libération, y compris des systèmes hypersoniques avancés, des systèmes de défense aérienne et antimissile, et des missiles stratégiques, tous sélectionnés parmi les principaux équipements de combat actuels de la Chine, a appris la BBC auprès des autorités chinoises.

Avant l'événement, un porte-parole du gouvernement a déclaré qu'un grand nombre de nouveaux équipements seraient présentés pour la première fois.

Cela ne manquera pas d'attirer l'attention du monde entier car, selon le Bulletin of the Atomic Scientists, la Chine développe et modernise actuellement ses armes nucléaires plus rapidement que n'importe quel autre pays.

Sur le plan diplomatique, la Chine aura moins de problèmes avec sa liste d'invités que lors des événements précédents.

La Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d'arrêt contre le président Poutine et Pékin a déjà été condamné pour avoir invité des personnes recherchées par la CPI à des événements de ce type.

Mais la décision du président Trump d'inviter le dirigeant russe en Alaska rendra difficile la critique de la Chine, selon le service en langue chinoise de la BBC, car "les soldats américains ont déroulé le tapis rouge pour Poutine".

Ce n'est pas seulement important de savoir qui participera au défilé, encore faut-il savoir qui n'y participera pas.

Lors du même défilé, il y a dix ans, l'ancien président du parti KMT, alors au pouvoir à Taïwan, était un invité de marque.

C'était "pendant la période de lune de miel des relations entre les deux rives du détroit", explique le service en langue chinoise de la BBC.

Mais depuis 2016, Taïwan est gouverné par le Parti démocrate progressiste, qui entretient généralement des relations plus froides avec Pékin.

En partie en réponse à la répression de la dissidence par la Chine à Hong Kong, "Taïwan a interdit aux fonctionnaires de se rendre à Pékin pour assister au défilé militaire", a appris la BBC.

En conséquence, aucun représentant taïwanais ne se joindra aux 26 chefs d'État qui devraient assister à l'événement.

La Chine revendique l'autonomie de Taïwan comme son territoire et s'est depuis longtemps engagée à la "réunifier".


PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ