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Société Publié le lundi 6 juillet 2020 | APA

Arrêt des déguerpissements au quartier Abattoir Port-Bouët d’Abidjan

© APA Par DR
Arrêt des déguerpissements au quartier Abattoir Port-Bouët d`Abidjan
La ministre ivoirienne de la Salubrité et de l’assainissement, Anne Ouloto, a demandé samedi l’arrêt des déguerpissements au quartier Abattoir de Port-Bouët (Sud d’Abidjan), initié par la municipalité à la suite d’une recolonisation d’un site réquisitionné par l’Etat.
La ministre ivoirienne de la Salubrité et de l’assainissement, Anne Ouloto, a demandé samedi l’arrêt des déguerpissements au quartier Abattoir de Port-Bouët (Sud d’Abidjan), initié par la municipalité à la suite d’une recolonisation d’un site réquisitionné par l’Etat.

« Moi, je vous demande de me faire confiance, on n’a qu’à tout arrêter », a déclaré Mme Anne Ouloto, indiquant que le maire qui évoque une reconstruction sur le site, est « d’accord pour arrêter le déguerpissement. Donc, de part et d’autre, on va laisser tout tomber pour le moment ».

Devant les populations, visiblement en détresse, elle a assuré que la semaine prochaine, il allait être trouvé un jour, afin que le porte-parole des victimes, les députés, le maire, le District et le ministre du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables Abdourahmane Cissé, un « fils » de la cité, «regardent au fond du problème ».

« Ce que nous allons trouver comme solutions, je suis sûr que ça sera dans votre intérêt, mais ça ne sera pas à vos conditions », a relevé Mme Anne Ouloto, ajoutant tout le monde va être toutefois «content à la fin », car on ne peut pas mettre des familles à la rue du jour au lendemain.


Elle a fait savoir que « tout ce que le gouvernement fait, c’est pour les populations et non contre les populations ». Pour ce faire, les parties prenantes vont, autour d’une table, discuter en vue de trouver des solutions idoines. En attendant, elle a invité les populations à une opération de nettoyage du site.

« Palabre de terrain, ça ne finit pas dans la famille et ça peut diviser une famille gravement. Or le président Ouattara ne veut pas de palabre entre les Ivoiriens et les populations qui vivent en Côte d’Ivoire », a-t-elle dit.

« Vous avez bien fait de m’appeler M. le ministre (Abdourahmane Cissé) », a lancé Mme Anne Ouloto qui veut également associer le ministère de la Construction et le District d’Abidjan, notamment impliqué dans ce déguerpissement, pour chercher la solution.


Surnommée « Maman bulldozer » pour ses opérations de déguerpissement, la ministre Anne Ouloto, a dit « sachez que mon bulldozer, il a un cœur. C’est le bulldozer d’Alassane Ouattara, il a un cœur, il a des yeux et des oreilles pour écouter. Donc, on ne casse pas les choses au hasard ».

« Je casse avec le cœur dans l’intérêt des populations », a-t-elle laissé entendre, avant d’ajouter qu’actuellement, son département se « concentre sur les zones à risques », où les inondations peuvent causer des dégâts et tuer.

Selon la mairie, via son représentant, il y avait « des tentatives de morcellement pour venir reconstruire ». C’est pourquoi des forces de l’ordre ont été déployées sur le site pour déguerpir les populations revenues sur le site.


En 2018, le District d’Abidjan a engagé une opération de déguerpissement sur le site situé à proximité du cimetière de Port-Bouët, obligeant certaines familles à y trouver refuge, entre temps. Et ce, afin que l’Etat récupère cet espace public.

Bandé Karamoko, conseiller municipal et président des déguerpis du quartier Abattoir, estime que «tous les arguments avancés par le District étaient en réalité des arguments fallacieux utilisés pour venir exproprier une population pour ses terres », vu la présence d’opérateurs économiques sur le site.

Le District d’Abidjan a fait irruption en 2018, sur des arguments selon lesquels le site serait une zone inondable et les populations habiteraient sur les canalisations d’eaux usées et les populations habiteraient sous des pylônes à haute tension, a-t-il rappelé.

Pour ce faire, « nous avons donné de la voix et dénoncé cette forfaiture » et pris attache avec les autorités, parce que « c’est un site qui date des années 60, nos parents y étaient, et nous avons des titres de propriété », a soutenu M. Bandé.


« Nous avons été déguerpis par le District d’Abidjan, cependant on ne sait pas en quoi le maire réclame la propriété du site. », a affirmé M. Bandé qui note qu’à maintes reprises, le maire a fait irruption dans la commune avec des corps habillés et un opérateur économique sur le site.

« Il est illégal parce que ces déguerpisseurs n’étaient munis d’aucun mandat et les corps habillés ont été réquisitionnés de façon frauduleuse », juge-t-il, rapportant qu’il y avait pratiquement quatre cargos de militaires et « à chaque fois le maire envoie des corps habillés et nous nous opposons ».

Des populations, revenues sur le site, « abritent dans des abris de fortune que le maire veut déguerpir de force, manu militari et nous nous opposons », a lâché M. Bandé, faisant savoir que le maire, lors des campagnes, avait « écrasé des larmes ici », et « après son élection » c’est lui-même qui se transforme en bourreau de ces populations.

Selon le porte-parole des déguerpis du quartier Abattoir de Port-Bouët, cité balnéaire située dans le Sud d’Abidjan, « on a au total 6 872 personnes impactées par ce déguerpissement ». Pour cette rencontre avec la ministre, des chefs de communautés étaient présents.

AP/ls/APA
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