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Politique Publié le lundi 5 janvier 2009 | Le Nouveau Réveil

Le Président Bédié dans la région du Sud Comoé du 10 au 20 janvier / Dr Aka Aouélé (vice-président du PDCI-RDA)

“Bédié sera accueilli comme un chef d'Etat et comme la tradition l'exige”
C'est le lundi 12 janvier 2009 que le Président Henri Konan Bédié foulera le sol d'Aboisso, la terre qui a vu naître son illustre épouse. Il séjournera dans le département jusqu'au 20 janvier prochain. Cheville ouvrière de l'organisation de la visite du Président Bédié dans le Sanwi, Dr. Aka Aouélé, vice-président du PDCI, explique dans cette interview, comment Aboisso entend démontrer son attachement au sphinx de Daoukro.


M. Le président, vous êtes vice-président du PDCI, quel est le positionnement de votre parti dans le Sanwi. Autrement dit, comment le PDCI-RDA se porte dans la région d'Aboisso ?


J'ai toujours été confiant au positionnement du PDCI dans cette région même à l'avènement du multipartisme en 1990. Et je remonte un peu loin, à un moment où les choses n'étaient pas faciles, j'ai toujours été confiant. Mais aujourd'hui plus que par le passé, je puis vous dire que je suis parfaitement à l'aise pour dire que le PDCI demeure un parti incontournable dans cette région. Pourquoi ? Vous savez que pendant longtemps, ce qui pouvait être considéré comme la faiblesse du PDCI, c'est de n'avoir été que le seul parti à avoir gouverné. 33 ans pour Félix Houphouët-Boigny, 6 ans pour Henri Konan Bédié et donc il était facile pour ses détracteurs de relever çà et là des erreurs dans sa gestion. Même si on savait, et aujourd'hui on le sait plus, que finalement la gestion du PDCI-RDA a été l'une des meilleures. Mais puisqu'il n'y avait pas d'éléments de comparaison, puisque c'était le seul parti qui avait été le parti au pouvoir, on en avait tellement entendu parler, donc très facilement on traitait le PDCI de tous les noms, de parti de voleurs, de parti qui n'achetait pas bien les produits, de parti qui forme des chômeurs. Mais avec les deux partis qui se disputent la place sur le territoire d'Aboisso, le PDCI et le FPI, aujourd'hui, il suffit de voir les choses objectivement et de comparer les 6 ans du Président Bédié aux 8 ans du FPI et du président Gbagbo pour tirer les leçons. Dans tous les domaines ça se voit. On voit comment la filière café-cacao est gérée, on voit le taux de chômage des jeunes diplômés qui sont réduits à gérer des cabines téléphoniques etc. on voit le prix du cacao. Pendant tout le temps où le Président Bédié était au pouvoir, c'est le Ghana qui vendait son cacao ici. Mais depuis maintenant 8 ans, c'est l'inverse. Ce sont les planteurs d'Aboisso qui vont vendre leur cacao au Ghana etc. On connaît également tous les problèmes de désordre que le pays connaît. Donc je pense que tous ceux qui ne sont pas des fanatiques dans notre région, tous ceux qui adhèrent à des partis en demandant à ces partis de faire du développement, la bonne politique, je crois qu'ils ont compris que la vérité se trouve du côté du PDCI-RDA. Et aujourd'hui, nous sommes parfaitement à l'aise pour conduire notre parti le PDCI-RDA vers des élections et espérer pouvoir en sortir la tête haute.


Donc M. le président, la percée du FPI dont on parlait c'était de la poudre aux yeux ?

Oui. C'est dire qu'il y a eu une période d'illusion. Parce qu'il y avait eu beaucoup de promesses, de fausses promesses. Vous savez que quand vous êtes paysan et qu'on dit qu'on va acheter votre cacao à 3000f le kg, vous croyez. Quand on dit que vous allez bénéficier d'une assurance maladie, que votre enfant va fréquenter l'école gratuitement, vous y croyez. Mais quand vous voyez que ce même enfant sort de l'école et qu'il gère une cabine téléphonique, vous vous rendez compte que vous avez été dupé. Beaucoup d'Ivoiriens se sont rendus compte qu'on a abusé d'eux et donc cette percée c'était une illusion et très souvent les gens nous disent "on s'est trompés. Le PDCI demeure le parti de la vérité, le parti du développement".

On remarque désormais un retour massif des militants FPI au PDCI-RDA
Tout à fait. Et cela procède de ce que nous avons dit. Tous ceux qui ne font pas de la politique politicienne, qui ne sont pas des fanatiques, qui veulent voir clair, dès lors qu'ils se sont rendus compte que tout ce qui a été dit, c'est du bluff, et que la réalité quotidienne c'est la cherté qui touche le prix du ciment, des tôles, du riz, du savon etc., ils ont avisé. Parce qu'aujourd'hui même, si on achète votre cacao à 700f le kg, il faut savoir que ça vaut 300f il y a quelques années parce que vous ne pouvez rien acheter. Vous ne pouvez même pas acheter votre riz avec le prix d'un kg de cacao. Donc on assiste effectivement à un retour extrêmement important au PDCI de beaucoup de gens qui étaient au FPI ou des gens qui avaient quitté le PDCI pour aller au FPI.


Quel point pouvez-vous faire de l'identification à Aboisso ?

Il y a beaucoup de problèmes. Nous avons une satisfaction, c'est l'engouement, la mobilisation des populations à la suite des campagnes de sensibilisation qui ont été faites. Mais le système piétine. Le système ne se passe pas à notre grande satisfaction tout simplement parce qu'il n'y a pas les moyens. Les jeunes gens, les jeunes filles n'ont pas à manger. Ils ne sont pas payés, ils ont du mal à dormir, ils n'ont pas tout le matériel qu'il faut pour travailler. Ils sont pris en charge par les chefs de villages, par les populations, par des cadres de bonne volonté. Depuis un mois que les équipes sont dans la région, nous avons appris qu'elles n'ont encore rien perçu. Et quand il n'y a pas par exemple de formulaire, ou un problème de batterie, ces équipes sont obligées souvent d'attendre quatre ou cinq jours voire une semaine avant qu'on leur livre ce qui leur manque. Tout ça, c'est du temps perdu et on a un peu l'impression que tout ceci participe d'une stratégie, certainement de retarder l'opération elle-même comme on a l'habitude peut-être pour ne pas aller rapidement aux élections. Mais je pense que ceux qui ont mis en place cette stratégie se trompent parce que les populations ont compris. Et même les jeunes gens de l'enrôlement font beaucoup de sacrifice pour que l'opération soit menée à bonne fin.


M. le président, il y a actuellement le scandale de faux jugements supplétifs à Aboisso. Quel est votre commentaire sur ce sujet ?

Je préfère attendre la fin des enquêtes avant de me prononcer sur ce point. Il est clair que si c'est le cas, peu importe l'ampleur de la fraude, il faudrait prendre des sanctions contre les auteurs.


Le Président Henri Konan Bédié va bientôt séjourner à Aboisso, le village de son épouse. Quel sentiment anime les populations et les cadres PDCI de la région ?

Vous avez dit que le Président Bédié vient dans le village de son épouse. Cela veut dire qu'il vient pratiquement dans son village lui aussi. Cela veut dire pour nous fils et filles de cette région, que le Président est pour nous un allié en tant que beau-frère. Ça, c'est un point important. De ce point de vue d'ailleurs, je pense que l'appel que nous voudrions lancer bien sûr s'adresse en premier lieu aux militants du PDCI-RDA comme c'est d'abord leur affaire mais aussi nous voudrions que cette visite soit ouverte à l'ensemble des ressortissants de cette région. Ensemble donc pour exprimer vis-à-vis du premier responsable de leur parti en ce qui concerne les militants, des sentiments de vrai militantisme, une adhésion totale au premier responsable de leur parti. Pour les autres, qu'ils expriment également des sentiments de fraternité quel que soit leur parti. C'est quand même leur allié, nous sommes des Africains. C'est leur allié, c'est leur "Beau" qui vient leur rendre visite. Il faut également qu’eux aussi expriment un sentiment de fraternité. Ensuite pour les autres, il ne faut pas oublier que le Président Bédié fut le Président de la République de Côte d'Ivoire, chef de l'Etat. Qu'il soit ancien Président, il demeure toujours Président dans notre entendement. Et dans ces conditions, je crois qu'il doit avoir une troisième catégorie de ressortissants de cette région qui doit pouvoir avoir un comportement républicain et donc réserver au Président Bédié un accueil digne du nom d'un ancien Président. Donc dans tous les cas, je crois que chaque ressortissant de cette région doit se retrouver dans l'une de ces catégories. Soit en étant un militant du PDCI-RDA, soit en se considérant comme un allié ou un "Beau" soit en disant que je suis tout simplement républicain. Donc je suis convaincu dans ces conditions que le Président Bédié sera accueilli ici comme un grand homme d'Etat.


M. le président, la Côte d'Ivoire tarde à aller aux élections. Votre commentaire ?

Je n'arrive pas à comprendre le comportement des hauts responsables de ce pays ou de tous ceux qui se considèrent comme tels. Nous faisons tous le constat que la Côte d'Ivoire est malade. Qu'elle est malade politiquement, économiquement, socialement, diplomatiquement. Une fois qu'on a fait ce constat, on doit s'empresser quand même de trouver rapidement une porte de sortie. Or, voilà des années que cela dure et nous trouvons toujours des raisons, en tout cas les responsables, les différents acteurs, trouvent toujours des raisons pour faire traîner et prolonger la souffrance des Ivoiriens. J'ai du mal à comprendre. C'est pour ça que modestement, je souhaite que si les uns et les autres ont la crainte de Dieu, vraiment, qu'ils s'élèvent au-dessus de leurs contradictions internes, au-dessus de leurs intérêts partisans pour libérer le peuple de Côte d'Ivoire parce que c'est une situation qu'on peut gérer. Il n'y a rien aujourd'hui qui puisse fondamentalement nous opposer. Lorsqu'aujourd'hui on retrouve et le chef de l'Etat et le Premier ministre qui devaient être les deux vrais protagonistes dans le même gouvernement, j'ai du mal à comprendre que nous traînions encore les pas. Donc vivement, que dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire, les hauts responsables de ce pays, les différents acteurs, aient pitié de la population pour nous sortir de ce bourbier.


Comment voyez-vous la victoire du PDCI-RDA aux prochaines élections?

Moi je suis confiant. J'ai pris part aux différentes tournées du Président Bédié et j'ai vu ce qui se passe. Pour le responsable d'un parti d'opposition qui mobilise comme le Président Bédié le fait lors des différentes tournées, on ne peut qu'espérer sa victoire. Parce qu'habituellement, c'est le Président en exercice qui mobilise. Or là, c'est tout à fait l'inverse et pour un Président qui a été chassé du pouvoir et qui revient, cela veut dire tout simplement que les Ivoiriens veulent retourner à leurs premières amours. Donc pour moi l'espoir est permis pour le PDCI-RDA.


M. le président du conseil général d'Aboisso, vous êtes aussi le vice-président de l'Assemblée des districts et départements de Côte d'Ivoire (ADDCI). Dites-nous, quelle est aujourd'hui la situation des conseils généraux ?

Je dirais d'emblée que les conseils généraux sont au bord de l'asphyxie. En ce sens que nous ne disposons plus de notre autonomie financière pour fonctionner. Pour vous donner une idée, depuis le début de l'année 2008, jusqu'à la fin 2008, le conseil général d'Aboisso, pour prendre mon exemple, n'a reçu aucun centime de sa dotation budgétaire en matière d'investissement. Autrement dit si nous devions tenir compte uniquement de cette dotation pour réaliser des projets en faveur des populations, nous n'aurions rien fait. Fondamentalement, la situation est grave parce que jusqu'ici, nous réussissions à fonctionner même si on n'arrivait pas à mettre en place des infrastructures faute de budget d'investissement. Pour ce mois par exemple, les agents du conseil général ne pourront pas toucher leur salaire. C'est-à-dire que même le budget de fonctionnement nous fait maintenant défaut. Donc c'est une situation quand même grave que nous devons dénoncer. Et nous ne sommes pas les seuls certainement à vivre cette situation parce que nous avons tous souvenance que les mairies étaient en grève. Je suis député, pour ce mois-ci (décembre dernier) on nous a demandé de prendre 100.000 à 200.000 francs d'avance sur nos indemnités. De toute évidence, j'ai l'impression que c'est une situation qui se généralise pour tous ceux qui marchent sur le budget de la Côte d'Ivoire.


C'est donc dire que vous êtes dans la même situation que les mairies ou pire encore que celles-ci ?

Notre situation est encore plus catastrophique que celle des mairies parce que les mairies qui fonctionnent quand même depuis plusieurs années, sont un peu rodées en matière de collecte de taxes de marché et d'autres taxes fiscales. C'est vrai, depuis deux années, nous percevons quelques taxes fiscales mais nous ne collectons pas en tant que tels les taxes. Ces taxes nous sont reversées conformément à une clé de répartition qui est décidée par le service du Trésor et de la Comptabilité publique. Donc, notre situation est plus grave parce que nous ne manipulons pas de l'argent en tant que tels. Nous n'avons pas de caisse au niveau du conseil général. Tout ce que nous recevons passe par la payerie du conseil général. Tout est fait sur engagement. Donc notre situation est certainement beaucoup plus critique. C'est pour ça qu'on peut vraiment se poser la question de savoir pourquoi les conseils généraux ne sont pas entrés en grève comme les mairies.

Interview réalisée à Aboisso
par Diarrassouba Sory
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