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Société Publié le mardi 6 janvier 2009 | Notre Voie

Commissaire divisionnaire - major, Bredou M`Bia, DG de la police nationale : "Nous allons attaquer de front le racket"

Nommé, il y a un peu plus d'un an, directeur général de la police nationale, le commissaire divisionnaire-major, Brédou M'Bia, était à la tête des patrouilles policières les 24 et 30 décembre 2008 durant toute la nuit. Nous avons mis ce moment à profit pour l’interroger sur sa politique au niveau de la police.

Notre voie : vous avez patrouillé, toute la nuit de la Saint-Sylvestre, comme si vous vouliez imiter le Cecos...

Brédou M'Bia : Non, ce n'est pas une affaire de Cecos ! Le ministre vous a dit tantôt que c'est fréquemment qu'on le fait. Ce n'est pas la première fois. Vous vous rappelez qu'une fois nous avons fait des patrouilles et nous avons surpris des éléments en train de dormir. Nous avons fait une grande réunion pour attirer leur attention. C'est la manière de travailler de tous les chefs militaires. Quand un chef se rend compte qu'il y a un laisser- aller, il passe pour redynamiser ses éléments. Ou alors pendant les grands évènements, le chef peut passer pour être aux côtés de ses hommes, leur donner des conseils et alors ils sont motivés pour bien faire leur travail. C'est pas une méthode exclusive au Cecos.


N.V. : Cette méthode a-t-elle un rapport avec votre politique au niveau de la police nationale ?

B.M. : Vous savez, nous sommes en train de moraliser nos éléments. Comme dit l'adage, la présence du gendarme est le début de la sagesse. Lorsque vous êtes aux côté de vos hommes, automatiquement, ils se rangent. Celui qui est mal habillé arrange sa tenue, celui qui faisait une mauvaise chose se redresse. C'est une occasion pour que les éléments fassent attention et se corrigent. La présence du chef est une bonne chose. C'est dommage qu'il n'a pas le temps pour être constamment aux côtés de ses éléments.


N.V. : Vous aviez promis après votre nomination à la tête de la police nationale, d'apporter des changements notables. Qu'en est-il aujourd'hui ?

B.M. : Je pense qu'on a fait beaucoup de choses. Mon premier objectif était l'application des lois portant organisation du ministère. Avec le ministre, nous avons fait beaucoup. Le porte-parole de la police a été nommé, les chargés d'études ont été nommés. Mon objectif a été atteint à 91%. Mon deuxième objectif, c'était la programmation et le contrôle des effectifs. Là je n'ai pas encore atteint mon objectif parce qu'il y a trois commissariats qu'on avait voulu équiper en personnel mais que nous n'avons pas encore réussi.

A Zouan Hounien, à Toulépleu et à Didiévi, on n'a pas pu affecter les agents à cause du problème de logement.

Au niveau de la réduction de la criminalité, l'objectif est atteint à 91%. Depuis mon arrivée, on a amélioré la couverture en radio grâce au ministre. Ensuite, on a créé, au niveau de la préfecture de police, la FIR (Force d'intervention rapide), on a créé une unité de la police nationale, qui est rattachée à la DPC. On a fait en sorte qu'il y ait une réunion permanente, tous les jours, avec toutes les directions générales adjointes.

On a une autre réunion avec les directeurs centraux, de façon hebdomadaire. On a renforcé les positions d'éléments sur la voie publique. Le dernier point, c'est la conscientisation du personnel de la police nationale. Ici, j'ai atteint mon objectif à 91%. j'ai fait des tournées dans tous les services, j'ai fait des breafing avec les gens. On a insisté pour que nos éléments améliorent l'accueil dans les commissariats, on leur a donné des dépliants avec tous les numéros des services de police. On a aussi délocalisé certains services là où ils n'étaient pas opérationnels.
Cette année, notre objectif premier, c'est de lutter efficacement contre les vols en armes. Aujourd'hui, le grand fléau, c'est les vols en armes. La moralisation ne sera pas en reste.


N.V. : Qu'est-ce que vous entendez par moralisation ?

B.M. : C'est améliorer le rapport entre police et la population, l'assiduité des fonctionnaires au service, le respect des consignes par les fonctionnaires de police, les chefs doivent faire suffisamment de contrôle pour voir si les instructions qu'ils donnent sont observées. Au niveau des contrôles de pièces, on va instaurer une périodicité. On a fait une grande opération au cours de laquelle on a saisi 194 pièces de véhicule en moins de 4 heures. Donc, on va faire des contrôles périodiques pour qu'on puisse mettre l'accent sur la sécurisation. Il faut éliminer cette idée selon laquelle la principale activité de la police est le contrôle des pièces.


N.V. : En son temps, l'URC était la seule unité habilitée à contrôler les pièces. Mais en réalité, sur le terrain, tous les agents de police se livrent à cette activité...

B.M. : Tous les policiers sont aptes à contrôler les pièces. On peut contrôler une pièce pour s'assurer que le véhicule n'est pas volé. Ça c'est le contrôle de sécurisation. Mais, on peut contrôler un véhicule pour s'assurer que les pièces sont en règle. Ça c'est le rôle de l'URC. Mais il y a trop de confusion. Il y a deux aspects : la sécurisation pour s'assurer que le véhicule n'est pas volé et le contrôle des pièces afférentes au véhicule. Dans tous les cas, les usagers doivent se soumettre.


N.V. : L'image de la police est écornée à cause du racket...

B.M. : A mon arrivée, on a fait deux grands séminaires. L'un sur les moyens pour aller aux élections et l'autre sur l'image à donner à la police ivoirienne, quels rapports la police doit avoir avec la population. Pour nous, la police doit être en phase avec la population. La population doit nous dire ce que nous représentons pour elle. Le racket touche tout le corps social. Quand vous allez à l'hôpital, quand vous allez inscrire votre enfant dans une école, quand vous allez faire une copie d'acte de naissance à la mairie, partout, vous voyez ce qui se passe, ce que les gens vous demandent comme dessous de table. Je ne le dis pas pour dédouaner les policiers. Entre nous policiers, nous avons identifié tous les maux qui minent la police. Nous allons attaquer de front ce problème. Une chose est de connaître ce qu'on nous reproche, une autre est de trouver la solution à la faute qu'on nous colle. C'est pour trouver la solution à ce problème que nous avons fait le séminaire. C'est d'ailleurs pour cela que j'insiste sur le contrôle. Si on ne contrôle pas, on ne pourra pas voir les erreurs commises par les agents. Il faut que les chefs soient proches de leurs éléments.

Certains éléments, certes, se livrent au racket, mais d'autres sont très corrects.
Donc, nous devons arriver à extirper les brebis galeuses.


N.V. : Avez-vous des moyens de coercition à l'égard des brebis galeuses ?

B.M. : Nous avons le règlement de discipline générale et le code pénal. Si au cours d'un contrôle, un agent commet une faute en faisant autre chose que de donner une contravention de deuxième classe à un usager, soit on restitue directement les pièces soit on le sanctionne. Il y a une panoplie de sanctions que nous pouvons exercer.


N.V. : Avez-vous trouvé une solution au phénomène de la gachette facile ?

B.M. : Depuis un moment, on n'entend plus parler de ça. Les policiers sont suffisamment mûrs pour que ces choses ne se répètent plus.


N.V. : Au séminaire de Bassam, récemment vous avez déclaré que la police navigue à vue…

B.M. : A Bassam, j'ai plutôt dit que si une institution n'a pas de vision, n'a pas d'objectif, elle navigue à vue. C'est justement pour ça que nous sommes allés à Bassam pour qu'on sache quelles sont les orientations, les stratégies qu'on doit mettre en place.


N.V. : Le problème des baux administratifs qui ne sont pas payés provoque des grincements de dents à la police.

B.M. : A Bassam, on a aussi réfléchi sur ce problème. Vous savez qu'on a des difficultés de trésorerie, c'est pas seulement à la police.
Les opérateurs économiques, au niveau interne, ne sont pas payés. Ils ont même projeté un sit-in. Je pense que le gouvernement prendra des dispositions pour pouvoir régler tous ces problèmes.


Interview réalisée par Félix Téha Dessrait Col. Bruno Kouadio
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