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Art et Culture Publié le vendredi 9 janvier 2009 | Fraternité Matin

Cinéma : “Le Fespaco ne doit plus s’identifier seulement à la biennale...”

Le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) fêtera ses 40 ans cette année; du 28 février au 7 mars. Flash-back avec son SG, Michel Ouédraogo. Le Fespaco, ce sera l’année prochaine, dans moins de cinq mois (interview réalisée en septembre, à Namur, Belgique). Quel sera le thème majeur de cette édition qui coïncide avec les 40 ans de cette fête du cinéma africain?
Le thème de cette 21ème édition qui sera aussi celle des 40 ans de ce festival bisannuel, sera: «Cinéma africain, tourisme et patrimoines culturels». Ce thème a été retenu pour ouvrir le festival sur le tourisme et montrer ce que le cinéma peut faire pour la découverte des richesses des pays africains. C’est donc une thématique choisie en fonction de l’évolution du temps et de l’importance que prend, de plus en plus, le tourisme dans l’économie des Etats africains. En dehors du programme classique, quelle sera la nouveauté?
Nous sommes à la tête de l’institution depuis bientôt 7 mois. Cela suppose que nous avons un programme de restructuration, que nous devons apporter des innovations certes, mais aussi nous inscrire dans une vision. Pour ce faire, nous avons écrit un document que nous avons baptisé, Vision 21. C’est une manière pour nous de répondre au défi du 21ème siècle. Nous pensons qu’il faut inscrire le Fespaco dans le siècle nouveau, avec l’évolution du temps, les évolutions technologiques. Pour répondre à cela, le Fespaco doit apporter des innovations pour la compétition, l’organisation des cérémonies, afin de le présenter dans une visibilité institutionnelle permanente. Le Fespaco, pour nous, ne doit plus s’identifier seulement à la biennale ; il doit être une institution qui vit au quotidien et fait du cinéma au quotidien. 40 ans c’est beau, mais quelles sont les grosses attentes du nouveau Délégué général dans un contexte où le cinéma africain a encore du chemin à faire?
Après 40 ans, ce que nous pouvons dire, en terme de plus grand acquis du Fespaco, c’est d’avoir inscrit cette biennale dans le calendrier mondial de la culture et du cinéma. Cela est très important ! Aujourd’hui, partout en Afrique, sur tous les continents, lorsque vous parlez du Fespaco et que vous en donnez les dates, chacun essaie de l’inscrire dans son calendrier. Cela est un acquis pour l’Afrique ! Parce qu’il y a, aujourd’hui, une manifestation en Afrique qui retient l’attention de tout le monde. Et nous répétons qu’à part la Coupe d’Afrique des Nations organisée dans les différents Etats, la plus grande manifestation qui draine le plus de monde, de professionnels, de médias sur une activité, c’est bien le Fespaco. Cette fête, manifestation de proximité, populaire, non élitiste, doit innover pour être un festival à l’image de ce que l’Afrique peut représenter. C’est pourquoi nous avons, comme projet, d’inviter un grand footballeur africain, tel Drogba (1) qui a écrit un livre sur son itinéraire, pour voir dans quelle mesure les cinéastes africains peuvent l’adapter à l’écran. Nous avons vu que les vies de Tyson, Maradona… ont fait l’objet de productions cinématographiques qui ont été présentées à la dernière édition de Cannes. Alors, pourquoi pas l’œuvre de Drogba ?
Nous allons travailler avec lui, son éditeur, pour que Drogba puisse être présent au prochain Fespaco, pour qu’il expose et donne le fil d’Ariane de son film, dans l’espoir que des cinéastes, intéressés, mettront sur support film ce qu’il a été. Cela va être ainsi, pour le Fespaco, une avancée majeure. En ce sens qu’il ne sera plus vu comme une manifestation uniquement du cinéma, mais véritablement de la culture africaine. Sembène Ousmane avait porté le cinéma africain. Doit-on s’attendre à un hommage du Festival à ce cinéaste qui l’avait servi, quarante ans durant, de toutes ses forces?
Sembène représente pour le Festival une véritable icône. Le Fespaco a eu l’honneur d’être associé par les plus hautes autorités sénégalaises – nous saluons et remercions le Président de la République, Abdoulaye Wade- aux hommages que le Sénégal lui a rendus. C’est une reconnaissance à un digne fils de l’Afrique. Sembène est certes de nationalité sénégalaise, mais il est un Africain, comme il aimait à le dire. Pour nous, sans être le géniteur du Fespaco, il en est le père adoptif, celui qui l’a porté, allaité de son intelligence, de sa production filmographique. Je crois que le Fespaco va lui rendre un hommage mérité. Avec le soutien des autorités burkinabé, nous allons ériger une place ou certainement une rue en son nom. Le Fespaco prendra aussi l’initiative de réaliser une sculpture de 2m de hauteur, en bronze satiné, qui sera installée à la place ou à la rue qui portera son nom. Mieux, le Festival va lui réserver la chambre N°1 de l’hôtel Indépendance, où chacun viendra lui rendre hommage. Les responsables de l’hôtel ont donné cette chambre aux cinéastes africains afin d’en faire ce qu’ils veulent. Pour tout ce qu’il a fait pour le Fespaco et pour le cinéma africain, nous voulons que cette chambre soit le Musée Sembène. Pour 2009, le Fespaco a décidé, dans le cadre de ses innovations, et pour lui rendre encore hommage, de consacrer sa première conférence internationale à Dakar, certainement en janvier. C’est une première et, dorénavant, ce sera ainsi. Nous ne ferons plus nos conférences à Paris, mais dans un pays africain. Et j’espère, qu’après Dakar, ce sera Abidjan. Notre souhait : que dans toutes les capitales africaines, les autorités puissent nous dégager une rue ou une place baptisée Fespaco, où nous allons poser les sculptures à taille humaine des vainqueurs des différents Etalons. Ce sera encore un hommage à Sembène qui a toujours refusé d’être en compétition au Fespaco. Il a eu, de son vivant, un Etalon d’honneur. Le Fespaco est aujourd’hui sur orbite. Soit. Mais le public africain, lui, rêve encore de voir son cinéma sur nos écrans. Le Fespaco, sous votre direction, y pense-t-il?
Nous y pensons. C’est pourquoi dans notre vision, il s’agit de faire du Fespaco au quotidien, afin de reconquérir nos écrans. Mais cela passe par une production filmographique africaine plus forte en quantité et en qualité. Or, vous le savez très bien, la question de la production en Afrique se pose avec acuité. Il est donc important de mobiliser les politiques en Afrique. Il faut que nos chefs d’Etat comprennent que le Fespaco, mieux le cinéma africain, est un instrument de développement pour la promotion de la culture africaine. Au 21è siècle, aujourd’hui, le premier instrument de conquête et d’imposition de sa culture passe par le cinéma, qui est une synthèse des cultures. Il faut donc que les politiques s’impliquent, s’engagent à soutenir dans tous les Etats africains la production cinématographique. Il faut, aujourd’hui, que le Fespaco prenne soin de cette dimension ; qu’il puisse inviter des chefs d’Etat africains aux cérémonies d’ouverture et de clôture ; que les Etats africains acceptent de contribuer à l’organisation du Festival ; que l’Union africaine comprenne, de plus en plus, que le cinéma et le Fespaco sont des moteurs du développement de l’Afrique ; mieux du dialogue interculturel ; du dialogue entre les peuples dans le monde. Il est dommage de constater que, de plus en plus, les budgets affectés à la culture dans nos pays sont insuffisants. La donne doit changer. Car des pays comme la Chine, le Japon, l’Inde ont démontré que, par la culture, on peut être une puissance mondiale. Il faut que l’Afrique, à travers ses Etats, démontre que, par son cinéma, elle peut être une puissance culturelle mondiale ; c’est ainsi qu’on peut se faire respecter, communiquer et dialoguer avec les autres peuples. Chaque année, le Fespaco reçoit, en effet, plus de 1000 films. En long métrage, court métrage, panorama, documentaire, vidéo, etc. Nous pensons, cette année, ramener la compétition officielle entre 14 et 16 films, afin de permettre au jury d’avoir le temps nécessaire de plancher et de nous sortir des résultats indiscutables. Primer un film, à une compétition majeure comme le Fespaco, peut certes être sujet à des critiques, mais nous allons travailler à mettre en place des jurys compétents qui savent ce qu’on attend d’eux et l’importance de leur mission. Parce que la qualité du jury peut prévaloir sur celle de l’organisation du Festival. Passé les tics d’enthousiasme, le Fespaco n’a pu encore assurer la promotion commerciale d’un film lauréat d’une de ses éditions. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Il faut, de plus en plus, que les plus hautes autorités politiques africaines réalisent l’importance de la culture et du cinéma, en particulier. L’ambition du Fespaco, aujourd’hui, est d’abord de pouvoir acquérir tous les films primés. Mais, en avons-nous les moyens ? Sans aide de l’Union africaine, des pouvoirs publics africains, le pouvons-nous ? Le Fespaco n’est plus l’apanage du Burkina faso. Il appartient donc à toute l’Afrique de se mobiliser pour permettre l’acquisition des films primés, afin d’en faire la promotion. Car le pays hôte ne dispose pas d’assez de moyens pour s’y atteler tout seul. Pour ce faire, à la prochaine édition, seront organisées des caravanes africaine et européenne du Fespaco pour la promotion des films primés. Nous demandons pour cela l’implication intégrale des hautes autorités du continent et du département Culture de l’Union africaine. Les journalistes africains se plaignent d’être mis à l’écart de ce genre de manifestation. Dans le souci de contenter tout le monde, prévoyez-vous un média planning africain?
Journaliste de formation, homme de médias - c’est un avantage- que constatons-nous lorsque vous vous rendez sur le site du Fespaco ? Pendant que nous sommes assaillis par les demandes d’accréditation des médias occidentaux, les Africains ne se manifestent pas. Les journalistes africains doivent mettre en avant l’information comme outil de développement, d’identification, de représentation et pas seulement commercial. Il faut que les médias africains soient plus présents que les autres, lors des manifestations culturelles du continent. Nous ne parlons pas seulement du Fespaco, il s’agit aussi du Marché des arts et du spectacle africain (Masa), en Côte d’Ivoire ; du Festival mondial des arts nègres à Dakar (cette 3e édition, du 1er au 21 décembre 2009, sera axée sur la problématique de la renaissance africaine ; un prétexte de remobilisation de la diversité culturelle de l’Afrique et de la diaspora pour le développement durable du continent). Or, que font les médias africains ? Ils vont attendre, à trois jours du Festival, pour nous demander des accréditations. Mais que font donc les directeurs et rédacteurs en chef de ces médias? Nous leur demandons d’anticiper sur les manifestations africaines et d’en faire la promotion. Aujourd’hui, bien des médias internationaux et interafricains tels que Jeune Afrique, Afrique magazine sont présents et nous interpellent tous les jours. Pendant qu’au Burkina Faso, pays hôte du Fespaco, personne ne s’y intéresse. Lors de mon séjour à Dakar, je n’ai vu ni Le soleil, ni aucun autre média sénégalais, mais l’Afp, Reuters et La voix de l’Amérique. Ils se sont battus pour venir à mon hôtel, pendant l’hommage à Sembène. Le problème, en Afrique, est que les journalistes sont devenus des bureaucrates ! Il faut que le journaliste comprenne que son sacerdoce, défendre le continent, est une œuvre noble. Notre volonté affichée est que les premiers accrédités au Fespaco soient Africains et y aient une place prépondérante. Nous souhaitons travailler avec les médias africains engagés, pour montrer la différence. Mais nous disons que si ce sont des médias américains, français, luxembourgeois et autres qui s’intéressent à nous, qui contribuent à la promotion du Fespaco, ils seront récompensés à la mesure de leur engagement. Salles de cinéma qui ferment et deviennent des lieux de culte; désaffection du public qui préfère voir des sous-productions hollywoodiennes et européennes. Que vaut le Fespaco aujourd’hui?
Le Fespaco vaut par ce que vaut le cinéma africain. Même si ce cinéma est à son apogée et, dans le cas échéant, dans le creux de la vague, on fera toujours sa promotion. Il faut que les réalisateurs africains comprennent les nouvelles réalités qui s’imposent à l’Afrique qui a mal à son cinéma. Une production cinématographique doit être le reflet des réalités africaines et permettre aussi de rêver. A l’image des télénovelas de l’Amérique latine qui inondent les écrans. Heureusement, nous assistons, aujourd’hui, à la création et la diffusion de télénovelas africaines qui concurrencent et, souvent, sont mieux appréciées que ces premières : l’Afrique a besoin de voir son image sur les écrans et cela passe par une production quantitative et plus encore qualitative. Les deux aspects sont liés. Autre phénomène à prendre en compte : de plus en plus, l’Afrique laisse des organisateurs de manifestations cinématographiques faire des projections gratuites sur le continent. Alors qu’il faut qu’elle vive de son cinéma. Il faut donc encadrer les productions. A ce problème, s’ajoute, dans le contexte africain, l’interdiction, par l’Organisation mondiale de la santé (Oms), des productions publicitaires liées au tabac, à l’alcool, sans toutefois l’accompagner d’une contrepartie. Or, les multiples structures de production de films, à travers les grandes firmes de cigarettes, d’alcool, ont permis le développement de l’Europe et de l’Amérique. Cette restriction de l’Oms est reprise en chœur par les pouvoirs publics. La position de l’Oms est certes noble : lutter contre le tabagisme et l’alcoolisme, mais que fait-elle pour la culture africaine en manque de développement, de mécènes ? Les hommes de médias doivent se poser cette question; les parlementaires qui votent les lois interdisant la cigarette et l’alcool au niveau de la culture, du sport, de même. Observez, avec nous, le manque à gagner d’une telle interdiction ! Au Burkina, par exemple, le football bénéficiait de plus de 200 millions de Fcfa, à travers les campagnes de marques de cigarettes. Mais aujourd’hui, avec cette mesure, nous ne sommes qu’à cent millions de Fcfa. Comment combler le déficit, surtout que nous n’avons pas de mécènes assez forts pour soutenir le cinéma ? A mon avis, l’Afrique s’aligne sur des décisions, sans toutefois en projeter les conséquences et prévoir des mesures d’accompagnement. Si l’Oms refuse la participation des entreprises de cigarettes et d’alcool aux manifestations culturelles, qu’elle compense ce déficit ! Sinon, il faut que les politiques réfléchissent à combler ce vide existant. Aujourd’hui, il y a certes la téléphonie mobile, mais seule, elle ne peut pas tout faire.
Notre souhait : que certains mécènes de la cigarette, de l’alcool et dans bien d’autres secteurs, puissent être présents dans le développement de la culture. Aujourd’hui, ils sont nombreux à parler du numérique comme d’une chance pour le cinéma africain, qui cherche encore ses marques. Quel regard jetez-vous sur cette nouvelle tendance qui fait partie de la marche du monde?
Nous ne pouvons pas aller contre le développement. Mais nous disons qu’il faut que nous demeurions maîtres de notre avancée vers le développement. La production africaine doit se distinguer par la qualité, son côté populaire, avec les technologies modernes, pour être présente dans le monde ; de même, avec un cinéma d’auteur et de haute qualité.
Le numérique est essentiel dans l’évolution cinématographique actuelle ; mais la production doit aller de pair avec la diffusion. Car, si elle devient moins chère, les supports de diffusion deviendront plus chers. Or, l’Afrique a déjà été équipée par les systèmes de diffusion de l’ancienne technologie qui a fait ses preuves. Dans dix ans, qui sait si le numérique ne sera pas dépassé?
On n’en sait rien
Le numérique n’est pas encore adapté à nos salles. Et passer de l’ancien système à un nouveau, demande un énorme investissement. Ce que nous n’avons pas. En Afrique, nous sommes toujours à la traîne, de façon générale, de la vision francophone de certains phénomènes. Il faut la dépasser et tendre vers une vision universelle. L’Afrique doit avoir un cinéma en compétition avec les autres continents. Nous ne pouvons y aller qu’avec des cinémas de première zone, élitistes, et encourager les productions de seconde zone, qui sont accessibles. Les doyens du cinéma ne produisent plus ; beaucoup se meurent ou sont morts: Sembène Ousmane, Henri Duparc, Y. Chahine, Yéo Kozoloa... Le Fespaco pense-t-il à l’avenir, dans le cadre d’une politique de formation?
Le Fespaco a une mission de promotion du cinéma africain ; il a le devoir aussi de s’inscrire dans cette logique. Nous constatons qu’il n’y a pas de dialogue entre les générations, mais plutôt une rupture. Pour nous, la meilleure formation est dans la politique de dialogue des générations. Prenez le Sénégal, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ! Tous ceux que vous avez cités, sont des images, des icônes du cinéma africain. Mais qu’ont-ils apporté à leurs jeunes frères ?
En Afrique, le plus souvent, on assiste à des conflits de générations, plutôt qu’à des transmissions de témoin. Or, la meilleure formation n’est pas seulement celle de l’école. Cela doit être compris par les Africains, notamment des doyens qui doivent devenir des promoteurs culturels importants. Nous pensons à des cinéastes comme Idrissa Ouédraogo, au Burkina; à ceux de Côte d’Ivoire, du Cameroun, de Dakar en passant par Lomé et Cotonou, etc. Prenons l’exemple de Gaston Kaboré, qui a fondé une école de cinéma dénommée Imagine au Burkina Faso. Cette école reçoit des étudiants venant de tous les continents. Nous devons ancrer notre réflexion sur le dialogue entre les différentes générations dans tous les domaines de la culture, parce que la meilleure formation, c’est ce que les anciens laissent aux jeunes. Le Fespaco et le Festival international du film francophone de Namur (Belgique), c’est une longue histoire. Comment se porte ce jumelage?
Il se porte bien! Le Fespaco a travaillé à avoir un jumelage avec trois festivals: Fiff (Namur), Vues d’Afrique (Montreal), Amiens (France). C’est le seul exemple dans le monde. Nous pensons alors, que 25 ans après, il faut une réflexion profonde, parce que ce jumelage s’est fait autour d’individus. Or, si les individus passent, il faut que l’institution demeure. Nous travaillons à ce que ce jumelage soit institutionnel.
(1) Didier Drogba, C’était pas gagné, Ed. Prolongations, 2008.



Interview réalisée par
Michel Koffi
en septembre, au Festival internationale du film francophone de Namur (Belgique)
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