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Art et Culture Publié le jeudi 15 janvier 2009 | Le Patriote

Interview. Dr Coulibaly Amara (Rédacteur en chef de "Lettres d’Ivoire") “L’élection d’Obama est le fruit du combat de Césaire et autres”-

Le Patriote : Dr Coulibaly Amara, que n’a-t-on pas encore dit au sujet de Césaire pour que la Revue "Lettres d’Ivoire" lui consacre un numéro spécial ?
Coulibaly Amara: Césaire est une icône, un maître. Le milieu universitaire ne peut que lui consacrer un numéro spécial de "Lettres d’Ivoire", dans la mesure où le mouvement de la Négritude, depuis ses origines jusqu’à ses manifestations actuelles, ne peut se passer de rendre hommage à un homme de sa trempe. Il est le maître, le fondateur, le créateur de la Négritude. Il est donc important de pouvoir chercher dans les racines, de faire un retour en arrière afin de pouvoir s’édifier soi-même. Voilà entre autres raisons qui fondent la revue à consacrer un numéro spécial à Césaire. On n’a jamais tout dit sur cet illustre disparu. Il y a encore des cerveaux qui ont une production sur Césaire et la Négritude. L.P. Vous lancez des appels à communication pour constituer ce numéro spécial. Quelles seront les spécificités de ces contributions?
C.A : La spécificité, c’est d’abord notre argumentaire qui va donner l’orientation générale. Mais, ce que nous attendons comme article sur Césaire et la Négritude, c’est de nous retremper dans les origines de ce mouvement d’engagement, ses manifestations depuis les années 45- 46 pour la première génération de la Littérature africaine. Sans oublier les influences de la Négritude au 21ème siècle, ses manifestations et son utilisation actuelle. En somme, comment les pensées et actions de Césaire et ses pairs ont changé le visage du monde avec le regard positif du monde sur l’Homme Noir. L.P. : A qui s’adressent ces appels à communication?
C.A : Nous nous adressons, particulièrement, aux spécialistes de Césaire. C'est-à-dire "les Césairiens", ceux qui ont étudié Césaire, ceux qui l’ont côtoyé. Il y a aussi toutes ces personnes qui connaissent l’œuvre et la pensée de Césaire. Ce sont eux qui doivent d’abord nous éclairer. Ensuite, l’appel s’adresse à tous les universitaires et hommes de culture. J’entends par homme de culture ceux qui sont dans l’action culturelle, le ministère de la Culture et même les journalistes,
qui ont envie de nous montrer des pans de Césaire que nous n’avons pu exploiter. L’écriture de Césaire est non seulement plurielle, mais très riche. La pertinence et la qualité des articles imposeront leur présence dans la revue. L.P. : Césaire était écrivain, mais également homme politique. Laquelle de ses facettes allez-vous exploiter ?
C.A : Césaire était un homme complet. On ne peut pas l’étudier en parlant seulement que de l’homme de Culture ou du politique. C’est sûr que sur le plan politique, on peut reprocher beaucoup à Césaire. Mais, pour ce qui concerne son œuvre littéraire, c’est l’une des plus belles que l’Afrique ait connue. Pour nous, Césaire est un tout. C’est cet "homme creuset" que nous allons étudier. L.P. : On sait que Césaire n’a pas fait l’unanimité, tant chez ses paires écrivains que chez ses compatriotes. Que pensez-vous de ceux qui profanent son œuvre?
C.A : La réponse est toute simple. Césaire a posé des actes. C’était un homme d’action. Seul celui qui ne pose pas d’actes ne peut pas être jugé. Pour la postérité de notre génération et celles à venir, Césaire sera élevé au Panthéon comme tous les Grands. Parce que, ce que Césaire, Damas et Senghor ont fait, se matérialise aujourd’hui. L’élection de Barack Obama, le premier Noir Président des Etats-Unis d’Amérique, (qui prêtera serment le 20 janvier prochain) est le fruit du combat d’émancipation de l’Homme Noir mené par Césaire et ses pairs. Un Marocain né au Maroc, donc Africain, est aujourd’hui maire en Hollande, dans la contrée la plus extrémiste en matière de racisme. Qu’est-ce que Césaire écrivait d’autre qu’a dit Martin Luther King ? Sinon toujours la même chose. C'est-à-dire la valorisation de l’Homme Noir. L.P. : Césaire faisant la promotion de l’Homme et singulièrement de celle de l’Homme Noir n’a jamais demandé l’indépendance de la Martinique vis-à-vis de la France. N’est-ce pas un paradoxe ?
C.A : Oui ! C’est non seulement un paradoxe mais une belle contradiction. C’est la contradiction qui fait la dynamique de l’homme. Pour ceux qui connaissent un peu la Martinique, était-ce l’indépendance ou alors accepter d’être territoire d’Outre-Mer qui peut entraîner l’émancipation, le développement de soi ou alors c’était l’indépendance totale ? Je pense que la question est fondamentale. Pour ma part, Césaire n’a pas eu tort de ne pas demander l’indépendance de la Martinique, parce qu’aujourd’hui, les indicamètres de développement, de ces pays, par rapport à d’autres qui ont acquis l’indépendance, ne sont pas les mêmes. Je pense à ce qui se passe, à l’île d’Anjouan et aux Comores par rapport à la Martinique et la Guadeloupe. Ce sont des comparaisons qu’il faut faire. Et Césaire, à voir l’instabilité chronique dans les autres îles, n’a pas eu tort. Mais les débats politiques restent les débats politiques. L.P. : Quelle est l’importance de "Lettres d’Ivoire" dans le milieu universitaire aujourd’hui en Côte d’Ivoire et même au-delà ?
C.A : "Lettres d’Ivoire" est d’abord une revue scientifique de langues, de Littérature et de Science humaine. On entend par revue scientifique les productions. C’est donc naturellement l’universitaire qui contribue toujours à éclairer sur un pan de la connaissance et du savoir. En tant que tel "Lettres d’Ivoire" se veut un outil d’émancipation et d’expression des enseignants chercheurs des Universités ivoiriennes, africaines et du monde. Aujourd’hui, " Lettre d’Ivoire" est en phase avec les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). "Lettres d’Ivoire" a un site (lettresivoire.org) ouvert à tous, à toutes les critiques et qui attend seulement des articles de qualité. Le numéro spécial dédié à Césaire doit paraître en 2009. Mais, "Lettres d’Ivoire" étant financé que par l’Université de Bouaké n’est pas épargnée des soucis financiers. Et vous nous donnez l’occasion de saluer le soutien des autorités universitaires. A toutes les entreprises, nous disons que la recherche du savoir ne se revendique pas. Nous avons besoin de leur soutien parce que c’est à partir de là que l’Afrique prendra son essor.
Par Jean- Antoine Doudou
Collaboration Zana Coulibaly (Stg)
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