Il faut le dire tout net. Aimé Henri Konan Bédié est à bout de souffle. Il a même reconnu en 2008, qu`il aborde son dernier combat politique. Le malaise intervenu en plein meeting à Tiapoum dans le Sud-Comoé mercredi dernier, est on ne peut plus prémonitoire. En effet, en pays akan et notamment le groupe ethnique baoulé auquel Bédié appartient, une personne âgée et de surcroît, de sa trempe, ne chute jamais. A plus forte raison, s`écrouler en public, quel qu`en soit le degré de vertige. Car, un tel faux pas présage, très souvent et inéluctablement, une fin (politique) certaine et difficilement acceptable. Mais personne ne peut la stopper. Le divin l`ayant décidé ainsi. A l`analyse donc, le " malaise de Tiapoum " ne saurait être une rumeur, comme le prétendent les journaux proches du Pdci. Parce que si ç`en était une, le Sphinx de Daoukro dormirait tout tranquille. Mais ce n`est pas le cas. Lui qui est rattaché à tradition akan, il sait que de tel malaise augure d`une succession d`événements sombres. Si bien que des sages de son groupe ethnique se demandent ce qui a pu se passer pour qu`un chef comme Bédié "s`écroule en public ". Tant cette chute ressemble étrangement à un signe dont la signification ne peut résulter que de cette science occulte. Cela se passe malheureusement sur la terre de ses beaux-parents. Les mânes du Sud-Comoé sont-ils en colère contre leur gendre, pour les avoir abandonnés pendant ses années fastes ? Une honte, diront certains. Un acte de courage politique, rétorqueront d`autres. Dans tous les cas, en pays baoulé, de tels troubles en terre " étrangère, c`est-à-dire loin de son village natal, Pépréssou ", les proches ont de quoi à avoir peur. Bédié doit-il dans ses conditions, surseoir à sa tournée politique dans la région de ses beaux-parents et rejoindre Daoukro, afin qu`ils puissent demander la clémence des aïeux ? Mais descendant de la lignée de Abla Pokou qu`il est, Henri Konan Bédié ne saurait-il renoncer à cette tournée. Car, en y mettant fin, le chef découvre l`implacable réalité en face : son père adoptif, Houphouët-Boigny, l`avait si bien dit et réalisé : " Un chef Baoulé ne doit pas connaître son successeur de son vivant. Loin de commettre une aberration certes, mais positive, à 75 ans, Bédié s`accroche au pouvoir (du Pdci), en forçant son destin. Pour une fin si triste. Sur la terre de ses beaux-parents. Une nouvelle année qui s`annonce inquiétante pour Daoukro et son fils.
Toussaint N`Gotta
Toussaint N`Gotta