La démolition de la résidence des maires d'Adjamé par le District d'Abidjan fait des vagues. Des adjoints aux maires accusent le maire Youssouf Sylla d'avoir bradé les locaux. Un groupe d'adjoints aux maires de la commune d'Adjamé, dirigé par MM. Traoré Farikou, Abou Fané, Inza Fofana et Kalilou Traoré n'est pas content de leur maire, M. Youssouf Sylla. Appuyés par des jeunes de cette commune, ces adjoints ont manifesté bruyamment hier, dans les environs de la résidence des maires pour s'opposer à la réalisation d'un immeuble par des opérateurs économiques libanais. Ils accusent même le premier magistrat de leur commune d'avoir bradé ce site qui est un domaine privé de la commune, sans que le conseil municipal ne soit informé. Ils s'appuient sur l'article 27 de la loi n°80-1182 du 17 octobre 1980 portant statut de la ville d'Abidjan qui stipule que "les meubles et immeubles appartenant au domaine de la ville d'Abidjan et se trouvant dans le ressort d'une commune sont affectés en priorité à celle-ci. Dans la mesure où ils sont nécessaires à son fonctionnement". Ils ne comprennent donc pas, pourquoi, elle a été cédée. Alors qu'elle servait dans un passé très récent, disent-ils, de bureau à la Police municipale. "Nous voulons connaître ceux qui ont cédé cette résidence aux opérateurs économiques. C'est pourquoi, nous avons marché. Parce que, notre maire dit qu'il n'est pas mêlé à cette affaire ", font-ils remarquer. Avant de dire qu'ils seront contraints de démolir tous les travaux qui s'opèrent sur le site d'ici la semaine prochaine, si aucune réponse n'est trouvée. Avant d'ajouter que dans tous les cas, ils saisiront les tribunaux afin que, tous ceux qui sont impliqués s'expliquent. Rencontré dans son bureau, le maire Youssouf Sylla a réfuté toutes les accusations portées contre lui. Il brandit même un courrier du Gouverneur du District, M. Djedji Pierre Amondji, en date du 3 juillet 2008, qui lui demande de libérer cette résidence, immatriculée au numéro 2974 de la circonscription foncière de Bingerville, propriété du District.(ex-ville d'Abidjan). Parce qu'elle a été cédée à deux opérateurs économiques libanais pour la construction de plusieurs magasins. En compensation, le Gouverneur lui propose une villa aménagée au quartier Williamsville pour recaser le service de la police municipale qui occupait la résidence des maires…En réponse, le maire Youssouf Sylla lui fait savoir que conformément à l'article cité plus haut, il ne peut pas accéder à sa demande. Malheureusement, indique le maire Youssouf Sylla, le Gouverneur du District est revenu à la charge pour brandir un document de l'Assemblée territoriale de la Côte d'Ivoire de 1956 qui fait de la commune de plein exercice d'Abidjan, devenu aujourd'hui District, propriétaire exclusive des édifices, ouvrages et aménagements, réalisés par ses soins, dans la mesure où ces terrains auront été préalablement immatriculés et ne seront pas compris dans le domaine public. Au niveau de ces domaines, en ce qui concerne la commune d'Adjamé, la résidence des maires et bien d'autres édifices tels que la mairie, le garage, la clôture, le centre social, le logement des fonctionnaires, le marché central, la boucherie, la chambre froide font partie de la propriété exclusive de la ville d'Abidjan. Tous ces échanges, selon le maire Youssouf Sylla avec le Gouverneur, ont fait l'objet de discussion au cours d'une session municipale, sans que ces conseillers qui s'agitent aujourd'hui, en parlent. Il ne comprend donc pas pourquoi ses adjoints veulent faire croire à la population qu'il a bradé cette résidence. Et de conclure qu'il ne veut pas s'impliquer dans ce bras de fer pour préserver sa vie. Car, ailleurs, dans une autre commune d'Abidjan, dont il n'a pas voulu révéler le nom, le maire qui occupait cette résidence a été mis dehors un petit matin par les services du Gouverneur du District. En attendant, les travaux se poursuivrent sur ce site.
Joseph Atoumgbré
Joseph Atoumgbré