Les boubous traditionnels Dan, communément appelés "Boubous Yacouba", sont aujourd’hui très prisés par les populations ivoiriennes et même, par des touristes qui ne manquent pas de repartir avec, comme souvenirs de leur séjour à Man et sa région. Ces boubous, en plus du symbole qu’ils représentent, constituent, pour tout l’Ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, un véritable attrait touristique. Si ces vêtements sont, pour la majorité, tissés en pays Dan (Man, Biankouma, Danané, Zouan Hounien…), une composante ethnique et géographique de l’Ouest, ils sont également ancrés dans les traditions vestimentaires du pays Wê (Bangolo, Kouibly, Duékoué), l’autre composante de l’Ouest montagneux qui s’étend jusqu’au Moyen Cavally (Guiglo, Toulépleu, Taï, Bloléquin). Au-delà de ces régions, les boubous Yacouba sont aujourd’hui présents dans la garde robe de l’ensemble de nombre d’Ivoiriens. Les week- end, il n’est pas rare de voir de nombreux Abidjanais de divers horizons de la Côte d’Ivoire, sanglés dans ces vêtements. Du pays Dan, en passant par le pays Wê (Guéré, Wobé), ces boubous font partie du patrimoine culturel. Leur spécificité est qu’ils sont tissés à la main et sont soit unicolores, soit faits de deux couleurs noir et blanc ou noir et bleu. Le produit fini des tisserands est une étoffe appelée le « Zagouêlé ».
Depuis la nuit des temps
Cette cotonnade qui permet de confectionner le « Zagouêlé », selon nos sources, est originaire de Zagoué, village situé dans le département de Man. A l’époque de l’esclavage et des guerres tribales ancestrales, le patriarche de ce village, du nom de Tokpa, avait l’habitude de s’asseoir sur une pierre, que nous avons vue, qui se trouve encore dans ce village et qui est devenue aujourd’hui un site sacré. Pendant que le patriarche est assis sur le roc, les fils eux, faisaient le guet, dans les montagnes environnantes pour parer à l’invasion de l’ennemi. C’est ainsi qu’un matin, un étranger arrive dans le village. C’était un vieux Mahou, originaire de la région de Touba. Le patriarche Tokpa n’avait que, pour unique vêtement, un cache sexe. Le visiteur, pendant son séjour, apprit au patriarche à filer le coton. Par la même occasion, il lui montra comment tisser la laine afin de se confectionner des vêtements. Voilà comment le patriarche Tokpa aurait appris à produire les premiers échantillons de l’étoffe qui, cousu, devient le "boubou yacouba". Poussant les recherches, Tokpa réussit à introduire de nouvelles couleurs (bleues et noires) à partir de décoctions de plantes. Le blanc étant la couleur du coton, donc la couleur d’origine. De Zagoué, le pagne obtenu après tissage, conquiert tout l’Ouest montagneux. « Les gens étaient émerveillés devant cette nouvelle trouvaille, selon ce que mon grand-père, qui est un des petits-fils du patriarche Tokpa, m’a rapporté », raconte Tokpa Gouéssé Edison, qui nous sert de guide. Et aux personnes qui les portaient, quand on leur demandait « d’où tenez-vous ces habits ? », elles répondaient : « Zagouêlé » (qui signifie : cela vient de Zagoué). C’est ainsi que ce que les Ivoiriens appellent aujourd’hui, « boubou- yacouba » a pris ce nom originel de "Zagouêlé". Le village de Zagoué ne garde aujourd’hui pour lui que la pierre où le patriarche Tokpa s’asseyait. La légende est connue par "les gardiens du temple", c’est-à-dire les anciens du village. Mais, le hic est que plus personne ne poursuit l’œuvre commencée par le patriarche Tokpa, parti dans l’au-delà avec sa science. Pas de tisserand dans le village. Rien ! Cette situation de Zagoué fait tâche d’huile dans les autres localités qui se sont mises à confectionner aussi ces vêtements. Tous sont, à ce jour, réduits à l’état de simples consommateurs de ces vêtements qu’ils achètent sur les marchés de Man et les villes environnantes. De plus en plus, les peuples Mahou et Sénoufo prennent, à leur compte, la production, la transformation et la commercialisation du «Zagouêlé ».
Une gamme variée de produits
Dans la région de Man, la confection des "boubous Yacouba" est désormais l’affaire des allochtones qui ont appris le métier et l’exercent à merveille. Mais, le plus important est qu’ils ont gardé la ligne de vêtements. Les canons originels de cette étoffe demeurent. Même s’il est vrai que certains modèles ont disparu du marché, l’essentiel, c’est-à-dire les modèles originels et originaux sont préservés. C’est le cas du " Faké", grand boubou de couleur bleu foncé. C’est le modèle au cou rétréci et « bouffant » sur les côtés. Il était porté par les chefs et notables. Cette tradition est encore de mise. Il y a aussi "le Sotagbé", porté, autrefois, par les cavaliers. Plus court et aéré, il est porté pendant les moments de détente. Ces deux derniers types de coupes sont presque en cessation de fabrication. Ceux qui les ont encore, les gardent jalousement. Aujourd’hui, « les conservateurs qui en disposent, surtout des personnes âgées, se comptent au bout des doigts », confie notre guide. Par contre, "le Gbabouho", autre grand boubou, assorti d’un chapeau, est porté pendant les moments solennels, les cérémonies de réjouissance ou lors de funérailles grandioses. "Le Fat", lui, est composé de bandes d’étoffe bleu- foncé. Il est porté en général par les nourrices ou les jeunes excisées, pour ces dernières, à leur sortie du champ d’excision. Enfin "le Wannê" est, quant à lui, prisé par les femmes à toutes les occasions.
Rahoul Sainfort (Correspondant)
Depuis la nuit des temps
Cette cotonnade qui permet de confectionner le « Zagouêlé », selon nos sources, est originaire de Zagoué, village situé dans le département de Man. A l’époque de l’esclavage et des guerres tribales ancestrales, le patriarche de ce village, du nom de Tokpa, avait l’habitude de s’asseoir sur une pierre, que nous avons vue, qui se trouve encore dans ce village et qui est devenue aujourd’hui un site sacré. Pendant que le patriarche est assis sur le roc, les fils eux, faisaient le guet, dans les montagnes environnantes pour parer à l’invasion de l’ennemi. C’est ainsi qu’un matin, un étranger arrive dans le village. C’était un vieux Mahou, originaire de la région de Touba. Le patriarche Tokpa n’avait que, pour unique vêtement, un cache sexe. Le visiteur, pendant son séjour, apprit au patriarche à filer le coton. Par la même occasion, il lui montra comment tisser la laine afin de se confectionner des vêtements. Voilà comment le patriarche Tokpa aurait appris à produire les premiers échantillons de l’étoffe qui, cousu, devient le "boubou yacouba". Poussant les recherches, Tokpa réussit à introduire de nouvelles couleurs (bleues et noires) à partir de décoctions de plantes. Le blanc étant la couleur du coton, donc la couleur d’origine. De Zagoué, le pagne obtenu après tissage, conquiert tout l’Ouest montagneux. « Les gens étaient émerveillés devant cette nouvelle trouvaille, selon ce que mon grand-père, qui est un des petits-fils du patriarche Tokpa, m’a rapporté », raconte Tokpa Gouéssé Edison, qui nous sert de guide. Et aux personnes qui les portaient, quand on leur demandait « d’où tenez-vous ces habits ? », elles répondaient : « Zagouêlé » (qui signifie : cela vient de Zagoué). C’est ainsi que ce que les Ivoiriens appellent aujourd’hui, « boubou- yacouba » a pris ce nom originel de "Zagouêlé". Le village de Zagoué ne garde aujourd’hui pour lui que la pierre où le patriarche Tokpa s’asseyait. La légende est connue par "les gardiens du temple", c’est-à-dire les anciens du village. Mais, le hic est que plus personne ne poursuit l’œuvre commencée par le patriarche Tokpa, parti dans l’au-delà avec sa science. Pas de tisserand dans le village. Rien ! Cette situation de Zagoué fait tâche d’huile dans les autres localités qui se sont mises à confectionner aussi ces vêtements. Tous sont, à ce jour, réduits à l’état de simples consommateurs de ces vêtements qu’ils achètent sur les marchés de Man et les villes environnantes. De plus en plus, les peuples Mahou et Sénoufo prennent, à leur compte, la production, la transformation et la commercialisation du «Zagouêlé ».
Une gamme variée de produits
Dans la région de Man, la confection des "boubous Yacouba" est désormais l’affaire des allochtones qui ont appris le métier et l’exercent à merveille. Mais, le plus important est qu’ils ont gardé la ligne de vêtements. Les canons originels de cette étoffe demeurent. Même s’il est vrai que certains modèles ont disparu du marché, l’essentiel, c’est-à-dire les modèles originels et originaux sont préservés. C’est le cas du " Faké", grand boubou de couleur bleu foncé. C’est le modèle au cou rétréci et « bouffant » sur les côtés. Il était porté par les chefs et notables. Cette tradition est encore de mise. Il y a aussi "le Sotagbé", porté, autrefois, par les cavaliers. Plus court et aéré, il est porté pendant les moments de détente. Ces deux derniers types de coupes sont presque en cessation de fabrication. Ceux qui les ont encore, les gardent jalousement. Aujourd’hui, « les conservateurs qui en disposent, surtout des personnes âgées, se comptent au bout des doigts », confie notre guide. Par contre, "le Gbabouho", autre grand boubou, assorti d’un chapeau, est porté pendant les moments solennels, les cérémonies de réjouissance ou lors de funérailles grandioses. "Le Fat", lui, est composé de bandes d’étoffe bleu- foncé. Il est porté en général par les nourrices ou les jeunes excisées, pour ces dernières, à leur sortie du champ d’excision. Enfin "le Wannê" est, quant à lui, prisé par les femmes à toutes les occasions.
Rahoul Sainfort (Correspondant)