La levée du corps du président du syndicat des transporteurs, voyageurs et marchandises de Côte d’Ivoire a lieu ce matin.
Ami de tous, ennemi de personne ». C’est ainsi que l’homme se définissait lui-même. Le général Coulibaly, ancien pilote de feu le président Félix Houphouet Boigny, qui nous traçait mardi dernier le parcours de ce petit-fils du patriarche Gbon Péléforo, a rappelé ce principe qui a guidé l’homme et ses actions tout au long de sa vie.Tant et si bien que quelques semaines avant sa disparition, il a, selon le général, œuvré à aplanir les dissensions qui existaient dans cette grande famille, à se réconcilier lui-même avec tous ceux avec qui, d’une manière ou d’une autre, il a eu par moments des rapports contrariés . Acte posé dans ces derniers moments, dont il a pu apprécier la grande portée, lorsque de retour de Paris où il venait de subir une opération due à une sciatique, il a été littéralement envahi à l’accueil à l’aéroport FHB d’Abidjan, par de nombreux membres de cette famille à laquelle il est resté viscéralement attaché.
Pragmatique, homme d’action, l’Honorable Kassoum Couli-baly, l’était à souhait, selon notre interlocuteur. La plus grande preuve de ce double trait de caractère chez cet homme, c’est sa décision prise, alors qu’il était très jeune, de quitter l’école où il comptait parmi ses condisciples feu Balla Kéita et M. Tiémoko Yadé Coulibaly, actuel directeur général d’une des principales banques de Côte d’Ivoire. Il était en classe de CE2, à l’école primaire de Korhogo.Il avait vite compris que son destin le conduirait vers d’autres voies que celle de l’école.
La colère de son père face à cette décision fut de courte durée, car le fils qu’il avait confié à un mécanicien de la ville pour son apprentissage et peut-être en guise de sanction se révéla très vite un travailleur infatigable. Qui ne dédaignait pas, malgré la dureté des heures qu’il passait auprès de son maître, de se mettre, à ses moments de repos, au service de son géniteur, dans les exploitations agricoles et autres activités créées par ce dernier. « Il a ainsi beaucoup appris auprès de son père tant au niveau des valeurs d’abnégation et de rigueur que des valeurs traditionnelles qui fondent la culture sénoufo. », explique le général Coulibaly qui se souvient d’ailleurs que Kassoum Coulibaly affirmait sans coup férir qu’il était « un spécialiste en sénoufologie », selon ce néologisme qu’il créa lui-même. On ne peut donc douter qu’il ait subi ce passage initiatique dans l’antre sacré du poro ,faisant de lui un homme accompli, selon les règles qui régissent la vie de ce peuple .Le général Coulibaly, « ce jeune frère », enfant unique de sa mère, comme lui-même né seul de la sienne, était l’ami chez qui, durant 17 années de sa vie, il posait sa valise. Il était devenu chauffeur, puis propriétaire dans le secteur du transport à Korhogo et son programme le contraignait parfois à une escale à Abidjan. Notamment au cours des longs parcours qui le conduisait hors des frontières de la Côte d’Ivoire. Les deux génitrices n’étaient- elles pas les meilleures amies du monde ?
A cette époque déjà, il se fait un devoir, alors qu’il était encore très jeune, de rassembler ses pairs dans un syndicat des transporteurs de la ville, voire de la région. Avec beaucoup de tact et témoignant du respect profond qu’il cultivait à l’égard des aînés, partout, aussi bien dans sa famille que dans sa corporation. Mais très vite, il est sollicité par ceux d’Abidjan à qui il conseille d’obtenir la bénédiction de sa famille. Son cousin, le député Gbon Coulibaly, père de l’actuel ministre de l’agriculture, parlant au nom des siens leur oppose une exigence, celle de ne jamais exposer leur fils à la moindre humiliation. Dès lors, Kassoum Coulibaly va s’imposer dans son milieu et marquer son passage dans biens d’autres, partout en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde.En témoignent la compassion et la solidarité que de nombreuses personnes anonymes à qui ils offraient régulièrement le couvert ou le pèlerinage à la Mecque et personnalités de tous bords, manifestent à sa famille et à ses alliés depuis l’annonce de son décès. Il est père de nombreux enfants parmi lesquels ceux nés d’une Française qui l’a précédé dans l’au-delà .Il laisse des veuves, dont la plus jeune est la petite-fille du maître qui lui a appris les rudiments du métier de mécanicien. D’où, il prit son envol vers les sommets qui firent de lui, l’homme d’affaires prospère dont « l’engagement personnel et la clairvoyance furent grandement appréciés de tous », comme l’ont écrit dans leur hommage à sa mémoire, ses partenaires d’Allemagne.
Josette Barry
Généreux...
Parlant de la générosité de Kassoum Coulibaly, ses collaborateurs, ses parents, ses amis, et toutes les personnes qui, pour diverses raisons, l’ont côtoyé, ces hommes et femmes avec qui nous avons échangé sur la question en différents endroits, disent ne pas savoir par où commencer. Car Kassoum, en tout temps, en tout lieu, et en tout domaine ne manquait jamais l’occasion d’exprimer sa bonté de cœur vis-à-vis des autres. « Le sens du partage, la tolérance, l’aide et l’assistance à son prochain, etc. », sont pour nos interlocuteurs des facteurs essentiels qui rimaient avec la vie de l’homme.
Pour M. Camara Moustapha, DG de la Matca, parler des bienfaits de Kassoum Coulibaly est un exercice très fastidieux tant l’homme est multidimensionnel. « Spirituel, rassembleur et professionnel, Kassoum Coulibaly avait de l’amour pour tout le monde et avait les mots justes pour rassurer, réconforter. Très tolérant, il avait le sens du pardon et nous enseignait souvent que le père de famille est comme une poubelle dans laquelle tout le monde doit verser les déchets », témoigne Camara Moustapha. Qui, l’air embarrassé devant l’immensité des gestes de générosité de celui qui fut pour lui plus qu’un patron, un père, a du mal à sélectionner des cas pratiques. Il fait savoir que, les locataires des maisons de Kassoum, payaient les loyers selon leur convenance et personne n’a jamais été expulsé. Les recettes de ses investissements propres étaient, pour la plupart, détournées et il n’est jamais arrivé à Kassoum Coulibaly d’engager une action judiciaire contre qui que ce soit. « Ici à la Matca, il nous est arrivé d’engager des poursuites pénales contre des gens qui se sont rendus coupables de détournement de fortes sommes d’argent. Mais, Kassoum qui a horreur d’attrister son prochain est très souvent intervenu pour faire arrêter les procédures ». Le DG de la Matca conclut que l’homme qui se plaisait à combattre le mensonge aimait avoir de la joie autour de lui.
Toujours sur les qualités humaines de Kassoum Coulibaly, ses collaborateurs syndicaux et compères transporteurs sont unanimes à dire que sa disparition est une perte énorme non seulement pour eux, pour sa famille biologique, ses amis, mais encore pour la Côte d’Ivoire et la sous-région qu’il inondait de ses investissements. Camara Abdramane, 1er vice-président du Sntmvci, Soumahoro Maniogolo, membre du Conseil national dudit syndicat, N’Da Antoine, secrétaire de la section d’Abengourou, ne tarissent pas d’éloges sur leur défunt chef. « A sa prise de fonction à la tête du syndicat, Kassoum, avec ses moyens propres a offert un voyage d’études au Canada à une vingtaine de transporteurs en 1986. Grâce à ce voyage, ceux-ci sont tous devenus aujourd’hui les grands transporteurs du pays. », révèle Camara Abdramane.
Landry Kohon
Option : Mérite
Korhogo s’apprête à accueillir, demain, la dépouille de son illustre fils Kassoum Coulibaly décédé le 6 janvier dernier dans une clinique d’Abidjan. Son inhumation est prévue samedi prochain sur cette terre de ses ancêtres, qui l’a vu naître il y a 74 ans. Mais Kassoum Coulibaly reçoit depuis l’annonce de sa disparition, l’hommage de tous, personnalités de tous bords, et anonymes qui auront su apprécier sa générosité ainsi que le Président de la République, qui prendra part aux obsèques à Korhogo
La mobilisation qui s’est naturellement installée autour de la dépouille de Kassoum Coulibaly témoigne de ce que tous ont reconnu ses qualités et son mérite. C’est tout le sens que l’on peut en effet lui donner. Et c’est tant mieux pour cet homme, qui aura compris au cours de sa vie qu’il n’y a de véritable mérite que celui autour duquel se dégage l’unanimité, parce qu’il aura été bâti sur des valeurs qui fondent la noblesse de l’être. Celles qui se traduisent en termes de foi à l’égard de Dieu, de soi et des autres, d’abnégation, d’engagement et de patrios-tisme.Kassoum Coulibaly n’a- t –il pas, constamment et jusqu’aux derniers instants de sa vie, été à la pointe du combat pour le développement socio économique de son pays, à travers ses nombreux investissements ? N’a-t-il pas souvent rappelé, selon le témoignage de certaines personnalités qui ont parcouru avec lui le long fleuve pas toujours tranquille de la vie, «que l’argent ne sert qu’à ouvrir les portes» ? Pour montrer tout simplement que ce n’est qu’un moyen, pour lever les entraves dans toutes les situations dans lesquelles on éprouve le besoin d’agir.
L’homme n’était certainement pas un saint, mais pour l’heure, ne retenons de lui que ce qui peut nous servir d’exemples à nous et aux générations qui nous succéderons.
Par Josette Barry
Coulibaly Nangbélé : “Il travaillait trop pour son âge”
Nous sommes sous le choc. C’est une grande perte pour Korhogo», déclare Coulibaly Nangbélé, président de la jeunesse club Kassoum Coulibaly. Un peu plus d’une semaine après la mort de l’illustre disparu, Les Korhogo-lais sont encore sous le choc. La dernière visite de Kassoum Coulibaly que l’on appelle ici affectueusement, « CK » dans la cité du Poro, remonte au mois de novembre dernier. «Il était assis là, à cette place», indique Coulibaly Nangbélé, le président de la jeunesse Pdci et de la jeunesse Kassoum Coulibaly que nous avons rencontré à son domicile. Où CK vous accueille, le sourire aux lèvres sur un poster. Très abattu, il raconte que CK l’a reçu pour lui confier qu’il devrait se rendre en Allemagne puis en France pour se faire opérer d’une douleur au pied. Il l’a aussi encouragé à continuer les préparatifs de la cérémonie de son investiture au poste de chef canton, cérémonie prévue pour le 06 décembre dernier. Et l’homme devait se faire enrôler le 10 décembre. Mais depuis la France, Kassoum lui a demandé au téléphone de reporter la date d’investiture, son calendrier ne lui permettant pas d’être à Korhogo à cette date. En revanche, il lui a demandé de faire le sacrifice d’un mouton pour conjurer un mauvais rêve qu’il a fait. Sans plus. Après un moment de silence, pour tenter de contenir sa douleur, les yeux rivés sur le petit écran qui diffuse la cérémonie au cours de laquelle les chefs des sept villages, garants de la chefferie de Korhogo, sont allés à Abidjan (la cérémonie s’est déroulée à l’hôtel Ivoire) pour demander à Kassoum d’être le chef canton, il essuie une larme qui trahit sa sérénité apparente. « La Côte d’Ivoire perd un de ses valeureux fils», lâche-t-il entre deux sanglots.
Kassoum est donc parti. Pour toujours. Mais en Afrique, aucune mort n’est naturelle. Des frustrés ou des forces maléfiques en sont la cause. Kassoum ne serait donc pas mort naturellement. Ces détracteurs pensent que c’est son entêtement à vouloir coûte que coûte être le chef canton, alors que ce poste ne lui revenait pas, au regard de la coutume qui l’a perdu. «Kassoum a hérité de la chefferie de façon normale. Il a fait le poro, et a vécu aux côtés de son père qui a été chef canton. Il connaît la tradition. On ne se lève pas un matin pour demander à être chef. On le mérite», justifie pour sa part Nangbélé. Puis, il explique comment le père de Kassoum a été chef canton, ainsi que son frère aîné avant d’asséner : «Non ! La mort de Kassoum n’a rien à avoir avec la chefferie traditionnelle. En réalité, il travaillait trop pour son âge. Il ne dormait jamais avant minuit, mais il était toujours sur pied avant 6 heures».
Malick Sall, président des ressortissants sénégalais et de l’association des ressortissants Cedeao de Korhogo, à peine revenu de son pays pour les obsèques de son père, a appris la nouvelle de la mort de son père spirituel. « Je suis très abattu. L’année 2009 commence difficilement pour moi », se lamente-t-il. Il retient de feu Kassoum Coulibaly, la même image, celle d’un gros travailleur. « C’est un homme qui aimait travailler. C’était un homme de défi. Quand il s’engage, il réussit toujours. Je crois qu’il travaillait trop pour son âge.», reconnaît-il. Coulibaly Inza, comptable de la section du syndicat de Kassoum à Korhogo, ne dit pas autre chose. « Kassoum est puissant, c’est un homme qui aime travailler. Il ne reculait jamais. La taille de l’autorité ne l’effraie pas. »
Les témoignages soulignent aussi son humanisme. D’ailleurs ne proclamait-il pas qu’il voulait être « l’ami de tous et l’ennemi de personne ? ». « Kassoum était trop soucieux de la vie des autres. Il recevait tout le monde et ne s’accordait pas de repos. Il était trop sollicité. En réalité, CK est mort de fatigue parce qu’on lui demandait trop. Nous l’avons trop sollicité et il répondait toujours», poursuit Coulibaly Nangbélé. «Le sens du partage était également l’un de ses atouts », renchérit Malick Sall dont l’association, prendra part aux obsèques de « son tonton ». La communauté baoulé, reconnaissante aussi à Kassoum Coulibaly, s’apprête à en faire autant. Golly Bernard, son président, voit en lui un père. Coulibaly Salia, employé d’un des hôtels du défunt, ajoute «Kassoum aimait tout le monde, surtout les étrangers et les fonctionnaires qui venaient servir à Korhogo, parce qu’il pense que ceux-ci viennent aider ses frères à sortir du sous-développement. De nombreux fonctionnaires ont séjourné dans cet hôtel pendant des années, et gratuitement.» Le sens de l’humanisme de Kassoum repose sur un principe très simple «La main qui donne n’est jamais vide.»
Enfin, les Korhogolais voient en leur ex-député, un patriote « qui aime Korhogo ». Il y a beaucoup investi : hôtels, groupe scolaire (de la maternelle à la terminale), sociétés, radio, télévision (la Radio-télévision de Kassoum a été installée avant la crise), compagnies de transport, etc. Ses dernières trouvailles : la construction d’une usine de textile, malheureusement interrompue par la crise ; l’installation prochaine d’une unité de fabrication d’engrais avec un groupe de chinois. « C’est un agent de développement », indique Yéo Tchobon, secrétaire à la jeunesse du Rpp. « C’est l’un des rares cadres qui donne du travail aux jeunes », souligne Coulibaly Salia.
Au total, Kassoum fait la fierté de la cité du Poro. « On ne se rend pas compte aujourd’hui du vide qu’il laisse. Mais on le comprendra plus tard », ajoute Salia. Un autre s’étonnait que Rfi ait consacré des minutes à Kassoum, et qu’il fasse partie des grands principaux de Star auto. « Kassoum était une fierté pour la Côte d’Ivoire et pour Korhogo. On le sait, maintenant qu’il est mort », a-t-il soutenu. Korhogo s’active à lui réserver une cérémonie digne de son rang. La cour de son frère aîné ne désemplit pas depuis.
Martial Niangoran
Correspondant Régional
Focus : Un syndicaliste averti
Transporteur et richissime homme d’affaires, Kassoum Coulibaly a été élu pour la première fois président du Syndicat national des transporteurs de marchandises et voyageurs de Côte d’Ivoire (Syntmvci) en octobre 1986. Une élection qu’il doit non seulement à son engagement syndical, mais aussi et surtout à son efficacité dans la conduite des actions visant à l’amélioration du transport en général et des transporteurs en particulier. C’est en tant que secrétaire général du Syntmvci, section de Korhogo, qu’il a dirigé pendant plus de 30 ans, que Kassoum Coulibaly s’est distingué. Ces pairs l’ont, pour ce fait, encouragé à prendre les rênes du syndicat au niveau national en 1986.
Avant son accession à la présidence du Syntmvci, le secrétaire de section, qu’il était, est intervenu auprès du gouvernement ghanéen pour faire libérer une dizaine de camions remorques ivoiriens, bloqués au Ghana à la suite du coup d’Etat perpétré par Jerry Rawlings. Disponible et au service de ses compatriotes, Kassoum Coulibaly intercédait en faveur des transporteurs qui avaient maille à partir avec les services de douanes. De même, il contribuait à faire aboutir les dossiers des transporteurs auprès de la Safca. Ainsi, ses compères qui le sollicitaient, ont pu s’acheter, grâce à cette société, de nouveaux véhicules de transport public.
Les actions de Kassoum Coulibaly sont innombrables. Entre autres, il a obtenu en 1987, une rallonge de la périodicité des visites techniques automobiles qui, pour les véhicules de transport, est passée, pour les uns, de trois à six mois et pour les autres, de six mois à un an.
Egalement, la suppression de l’obligation pour tout véhicule de disposer d’une boîte pharmaceutique. Kassoum Coulibaly avait fait comprendre aux autorités que la boîte n’était pas nécessaire étant entendu que la Côte d’Ivoire disposait d’assez d’hôpitaux pour s’occuper des accidentés de la circulation. Et que les transporteurs n’avaient pas la formation nécessaire pour prodiguer les soins primaires en cas d’accident.
Kassoum Coulibaly a également œuvré à la mise en place de la Mutuelle d’assurances des taxis compteurs (Matca), pour pallier le refus des assureurs de couvrir les taxis compteurs. Et c’est dans ce même esprit, qu’il a permis que la Garantie de cautionnement des transporteurs de Côte d’Ivoire (Gmtci) voie le jour en vue de faciliter l’accès au crédit bancaire pour l’achat de véhicules de transport. Toujours sous la houlette de Kassoum Coulibaly, la Société mutuelle d’assurances des transports (Somat) a vu le jour en 2001, pour délivrer des attestations d’assurances aux véhicules de transport.
Généreux à souhait et grand rassembleur doublé d’une simplicité inouïe, Kassoum était au centre de tous les débats en matière de transport en Côte d’Ivoire. Comme s’il avait vu venir son destin, Kassoum Coulibaly avait, récemment, réorganisé le bureau du Syntmvci en confiant toutes les responsabilités au secrétariat national tenu par le jeune Diaby Ibrahim qu’il a pris le temps de former… Comme pour dire qu’après Kassoum Coulibaly, le Syntmvci qu’il a créé de toutes pièces doit continuer de vivre.
Landry Kohon
Ami de tous, ennemi de personne ». C’est ainsi que l’homme se définissait lui-même. Le général Coulibaly, ancien pilote de feu le président Félix Houphouet Boigny, qui nous traçait mardi dernier le parcours de ce petit-fils du patriarche Gbon Péléforo, a rappelé ce principe qui a guidé l’homme et ses actions tout au long de sa vie.Tant et si bien que quelques semaines avant sa disparition, il a, selon le général, œuvré à aplanir les dissensions qui existaient dans cette grande famille, à se réconcilier lui-même avec tous ceux avec qui, d’une manière ou d’une autre, il a eu par moments des rapports contrariés . Acte posé dans ces derniers moments, dont il a pu apprécier la grande portée, lorsque de retour de Paris où il venait de subir une opération due à une sciatique, il a été littéralement envahi à l’accueil à l’aéroport FHB d’Abidjan, par de nombreux membres de cette famille à laquelle il est resté viscéralement attaché.
Pragmatique, homme d’action, l’Honorable Kassoum Couli-baly, l’était à souhait, selon notre interlocuteur. La plus grande preuve de ce double trait de caractère chez cet homme, c’est sa décision prise, alors qu’il était très jeune, de quitter l’école où il comptait parmi ses condisciples feu Balla Kéita et M. Tiémoko Yadé Coulibaly, actuel directeur général d’une des principales banques de Côte d’Ivoire. Il était en classe de CE2, à l’école primaire de Korhogo.Il avait vite compris que son destin le conduirait vers d’autres voies que celle de l’école.
La colère de son père face à cette décision fut de courte durée, car le fils qu’il avait confié à un mécanicien de la ville pour son apprentissage et peut-être en guise de sanction se révéla très vite un travailleur infatigable. Qui ne dédaignait pas, malgré la dureté des heures qu’il passait auprès de son maître, de se mettre, à ses moments de repos, au service de son géniteur, dans les exploitations agricoles et autres activités créées par ce dernier. « Il a ainsi beaucoup appris auprès de son père tant au niveau des valeurs d’abnégation et de rigueur que des valeurs traditionnelles qui fondent la culture sénoufo. », explique le général Coulibaly qui se souvient d’ailleurs que Kassoum Coulibaly affirmait sans coup férir qu’il était « un spécialiste en sénoufologie », selon ce néologisme qu’il créa lui-même. On ne peut donc douter qu’il ait subi ce passage initiatique dans l’antre sacré du poro ,faisant de lui un homme accompli, selon les règles qui régissent la vie de ce peuple .Le général Coulibaly, « ce jeune frère », enfant unique de sa mère, comme lui-même né seul de la sienne, était l’ami chez qui, durant 17 années de sa vie, il posait sa valise. Il était devenu chauffeur, puis propriétaire dans le secteur du transport à Korhogo et son programme le contraignait parfois à une escale à Abidjan. Notamment au cours des longs parcours qui le conduisait hors des frontières de la Côte d’Ivoire. Les deux génitrices n’étaient- elles pas les meilleures amies du monde ?
A cette époque déjà, il se fait un devoir, alors qu’il était encore très jeune, de rassembler ses pairs dans un syndicat des transporteurs de la ville, voire de la région. Avec beaucoup de tact et témoignant du respect profond qu’il cultivait à l’égard des aînés, partout, aussi bien dans sa famille que dans sa corporation. Mais très vite, il est sollicité par ceux d’Abidjan à qui il conseille d’obtenir la bénédiction de sa famille. Son cousin, le député Gbon Coulibaly, père de l’actuel ministre de l’agriculture, parlant au nom des siens leur oppose une exigence, celle de ne jamais exposer leur fils à la moindre humiliation. Dès lors, Kassoum Coulibaly va s’imposer dans son milieu et marquer son passage dans biens d’autres, partout en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde.En témoignent la compassion et la solidarité que de nombreuses personnes anonymes à qui ils offraient régulièrement le couvert ou le pèlerinage à la Mecque et personnalités de tous bords, manifestent à sa famille et à ses alliés depuis l’annonce de son décès. Il est père de nombreux enfants parmi lesquels ceux nés d’une Française qui l’a précédé dans l’au-delà .Il laisse des veuves, dont la plus jeune est la petite-fille du maître qui lui a appris les rudiments du métier de mécanicien. D’où, il prit son envol vers les sommets qui firent de lui, l’homme d’affaires prospère dont « l’engagement personnel et la clairvoyance furent grandement appréciés de tous », comme l’ont écrit dans leur hommage à sa mémoire, ses partenaires d’Allemagne.
Josette Barry
Généreux...
Parlant de la générosité de Kassoum Coulibaly, ses collaborateurs, ses parents, ses amis, et toutes les personnes qui, pour diverses raisons, l’ont côtoyé, ces hommes et femmes avec qui nous avons échangé sur la question en différents endroits, disent ne pas savoir par où commencer. Car Kassoum, en tout temps, en tout lieu, et en tout domaine ne manquait jamais l’occasion d’exprimer sa bonté de cœur vis-à-vis des autres. « Le sens du partage, la tolérance, l’aide et l’assistance à son prochain, etc. », sont pour nos interlocuteurs des facteurs essentiels qui rimaient avec la vie de l’homme.
Pour M. Camara Moustapha, DG de la Matca, parler des bienfaits de Kassoum Coulibaly est un exercice très fastidieux tant l’homme est multidimensionnel. « Spirituel, rassembleur et professionnel, Kassoum Coulibaly avait de l’amour pour tout le monde et avait les mots justes pour rassurer, réconforter. Très tolérant, il avait le sens du pardon et nous enseignait souvent que le père de famille est comme une poubelle dans laquelle tout le monde doit verser les déchets », témoigne Camara Moustapha. Qui, l’air embarrassé devant l’immensité des gestes de générosité de celui qui fut pour lui plus qu’un patron, un père, a du mal à sélectionner des cas pratiques. Il fait savoir que, les locataires des maisons de Kassoum, payaient les loyers selon leur convenance et personne n’a jamais été expulsé. Les recettes de ses investissements propres étaient, pour la plupart, détournées et il n’est jamais arrivé à Kassoum Coulibaly d’engager une action judiciaire contre qui que ce soit. « Ici à la Matca, il nous est arrivé d’engager des poursuites pénales contre des gens qui se sont rendus coupables de détournement de fortes sommes d’argent. Mais, Kassoum qui a horreur d’attrister son prochain est très souvent intervenu pour faire arrêter les procédures ». Le DG de la Matca conclut que l’homme qui se plaisait à combattre le mensonge aimait avoir de la joie autour de lui.
Toujours sur les qualités humaines de Kassoum Coulibaly, ses collaborateurs syndicaux et compères transporteurs sont unanimes à dire que sa disparition est une perte énorme non seulement pour eux, pour sa famille biologique, ses amis, mais encore pour la Côte d’Ivoire et la sous-région qu’il inondait de ses investissements. Camara Abdramane, 1er vice-président du Sntmvci, Soumahoro Maniogolo, membre du Conseil national dudit syndicat, N’Da Antoine, secrétaire de la section d’Abengourou, ne tarissent pas d’éloges sur leur défunt chef. « A sa prise de fonction à la tête du syndicat, Kassoum, avec ses moyens propres a offert un voyage d’études au Canada à une vingtaine de transporteurs en 1986. Grâce à ce voyage, ceux-ci sont tous devenus aujourd’hui les grands transporteurs du pays. », révèle Camara Abdramane.
Landry Kohon
Option : Mérite
Korhogo s’apprête à accueillir, demain, la dépouille de son illustre fils Kassoum Coulibaly décédé le 6 janvier dernier dans une clinique d’Abidjan. Son inhumation est prévue samedi prochain sur cette terre de ses ancêtres, qui l’a vu naître il y a 74 ans. Mais Kassoum Coulibaly reçoit depuis l’annonce de sa disparition, l’hommage de tous, personnalités de tous bords, et anonymes qui auront su apprécier sa générosité ainsi que le Président de la République, qui prendra part aux obsèques à Korhogo
La mobilisation qui s’est naturellement installée autour de la dépouille de Kassoum Coulibaly témoigne de ce que tous ont reconnu ses qualités et son mérite. C’est tout le sens que l’on peut en effet lui donner. Et c’est tant mieux pour cet homme, qui aura compris au cours de sa vie qu’il n’y a de véritable mérite que celui autour duquel se dégage l’unanimité, parce qu’il aura été bâti sur des valeurs qui fondent la noblesse de l’être. Celles qui se traduisent en termes de foi à l’égard de Dieu, de soi et des autres, d’abnégation, d’engagement et de patrios-tisme.Kassoum Coulibaly n’a- t –il pas, constamment et jusqu’aux derniers instants de sa vie, été à la pointe du combat pour le développement socio économique de son pays, à travers ses nombreux investissements ? N’a-t-il pas souvent rappelé, selon le témoignage de certaines personnalités qui ont parcouru avec lui le long fleuve pas toujours tranquille de la vie, «que l’argent ne sert qu’à ouvrir les portes» ? Pour montrer tout simplement que ce n’est qu’un moyen, pour lever les entraves dans toutes les situations dans lesquelles on éprouve le besoin d’agir.
L’homme n’était certainement pas un saint, mais pour l’heure, ne retenons de lui que ce qui peut nous servir d’exemples à nous et aux générations qui nous succéderons.
Par Josette Barry
Coulibaly Nangbélé : “Il travaillait trop pour son âge”
Nous sommes sous le choc. C’est une grande perte pour Korhogo», déclare Coulibaly Nangbélé, président de la jeunesse club Kassoum Coulibaly. Un peu plus d’une semaine après la mort de l’illustre disparu, Les Korhogo-lais sont encore sous le choc. La dernière visite de Kassoum Coulibaly que l’on appelle ici affectueusement, « CK » dans la cité du Poro, remonte au mois de novembre dernier. «Il était assis là, à cette place», indique Coulibaly Nangbélé, le président de la jeunesse Pdci et de la jeunesse Kassoum Coulibaly que nous avons rencontré à son domicile. Où CK vous accueille, le sourire aux lèvres sur un poster. Très abattu, il raconte que CK l’a reçu pour lui confier qu’il devrait se rendre en Allemagne puis en France pour se faire opérer d’une douleur au pied. Il l’a aussi encouragé à continuer les préparatifs de la cérémonie de son investiture au poste de chef canton, cérémonie prévue pour le 06 décembre dernier. Et l’homme devait se faire enrôler le 10 décembre. Mais depuis la France, Kassoum lui a demandé au téléphone de reporter la date d’investiture, son calendrier ne lui permettant pas d’être à Korhogo à cette date. En revanche, il lui a demandé de faire le sacrifice d’un mouton pour conjurer un mauvais rêve qu’il a fait. Sans plus. Après un moment de silence, pour tenter de contenir sa douleur, les yeux rivés sur le petit écran qui diffuse la cérémonie au cours de laquelle les chefs des sept villages, garants de la chefferie de Korhogo, sont allés à Abidjan (la cérémonie s’est déroulée à l’hôtel Ivoire) pour demander à Kassoum d’être le chef canton, il essuie une larme qui trahit sa sérénité apparente. « La Côte d’Ivoire perd un de ses valeureux fils», lâche-t-il entre deux sanglots.
Kassoum est donc parti. Pour toujours. Mais en Afrique, aucune mort n’est naturelle. Des frustrés ou des forces maléfiques en sont la cause. Kassoum ne serait donc pas mort naturellement. Ces détracteurs pensent que c’est son entêtement à vouloir coûte que coûte être le chef canton, alors que ce poste ne lui revenait pas, au regard de la coutume qui l’a perdu. «Kassoum a hérité de la chefferie de façon normale. Il a fait le poro, et a vécu aux côtés de son père qui a été chef canton. Il connaît la tradition. On ne se lève pas un matin pour demander à être chef. On le mérite», justifie pour sa part Nangbélé. Puis, il explique comment le père de Kassoum a été chef canton, ainsi que son frère aîné avant d’asséner : «Non ! La mort de Kassoum n’a rien à avoir avec la chefferie traditionnelle. En réalité, il travaillait trop pour son âge. Il ne dormait jamais avant minuit, mais il était toujours sur pied avant 6 heures».
Malick Sall, président des ressortissants sénégalais et de l’association des ressortissants Cedeao de Korhogo, à peine revenu de son pays pour les obsèques de son père, a appris la nouvelle de la mort de son père spirituel. « Je suis très abattu. L’année 2009 commence difficilement pour moi », se lamente-t-il. Il retient de feu Kassoum Coulibaly, la même image, celle d’un gros travailleur. « C’est un homme qui aimait travailler. C’était un homme de défi. Quand il s’engage, il réussit toujours. Je crois qu’il travaillait trop pour son âge.», reconnaît-il. Coulibaly Inza, comptable de la section du syndicat de Kassoum à Korhogo, ne dit pas autre chose. « Kassoum est puissant, c’est un homme qui aime travailler. Il ne reculait jamais. La taille de l’autorité ne l’effraie pas. »
Les témoignages soulignent aussi son humanisme. D’ailleurs ne proclamait-il pas qu’il voulait être « l’ami de tous et l’ennemi de personne ? ». « Kassoum était trop soucieux de la vie des autres. Il recevait tout le monde et ne s’accordait pas de repos. Il était trop sollicité. En réalité, CK est mort de fatigue parce qu’on lui demandait trop. Nous l’avons trop sollicité et il répondait toujours», poursuit Coulibaly Nangbélé. «Le sens du partage était également l’un de ses atouts », renchérit Malick Sall dont l’association, prendra part aux obsèques de « son tonton ». La communauté baoulé, reconnaissante aussi à Kassoum Coulibaly, s’apprête à en faire autant. Golly Bernard, son président, voit en lui un père. Coulibaly Salia, employé d’un des hôtels du défunt, ajoute «Kassoum aimait tout le monde, surtout les étrangers et les fonctionnaires qui venaient servir à Korhogo, parce qu’il pense que ceux-ci viennent aider ses frères à sortir du sous-développement. De nombreux fonctionnaires ont séjourné dans cet hôtel pendant des années, et gratuitement.» Le sens de l’humanisme de Kassoum repose sur un principe très simple «La main qui donne n’est jamais vide.»
Enfin, les Korhogolais voient en leur ex-député, un patriote « qui aime Korhogo ». Il y a beaucoup investi : hôtels, groupe scolaire (de la maternelle à la terminale), sociétés, radio, télévision (la Radio-télévision de Kassoum a été installée avant la crise), compagnies de transport, etc. Ses dernières trouvailles : la construction d’une usine de textile, malheureusement interrompue par la crise ; l’installation prochaine d’une unité de fabrication d’engrais avec un groupe de chinois. « C’est un agent de développement », indique Yéo Tchobon, secrétaire à la jeunesse du Rpp. « C’est l’un des rares cadres qui donne du travail aux jeunes », souligne Coulibaly Salia.
Au total, Kassoum fait la fierté de la cité du Poro. « On ne se rend pas compte aujourd’hui du vide qu’il laisse. Mais on le comprendra plus tard », ajoute Salia. Un autre s’étonnait que Rfi ait consacré des minutes à Kassoum, et qu’il fasse partie des grands principaux de Star auto. « Kassoum était une fierté pour la Côte d’Ivoire et pour Korhogo. On le sait, maintenant qu’il est mort », a-t-il soutenu. Korhogo s’active à lui réserver une cérémonie digne de son rang. La cour de son frère aîné ne désemplit pas depuis.
Martial Niangoran
Correspondant Régional
Focus : Un syndicaliste averti
Transporteur et richissime homme d’affaires, Kassoum Coulibaly a été élu pour la première fois président du Syndicat national des transporteurs de marchandises et voyageurs de Côte d’Ivoire (Syntmvci) en octobre 1986. Une élection qu’il doit non seulement à son engagement syndical, mais aussi et surtout à son efficacité dans la conduite des actions visant à l’amélioration du transport en général et des transporteurs en particulier. C’est en tant que secrétaire général du Syntmvci, section de Korhogo, qu’il a dirigé pendant plus de 30 ans, que Kassoum Coulibaly s’est distingué. Ces pairs l’ont, pour ce fait, encouragé à prendre les rênes du syndicat au niveau national en 1986.
Avant son accession à la présidence du Syntmvci, le secrétaire de section, qu’il était, est intervenu auprès du gouvernement ghanéen pour faire libérer une dizaine de camions remorques ivoiriens, bloqués au Ghana à la suite du coup d’Etat perpétré par Jerry Rawlings. Disponible et au service de ses compatriotes, Kassoum Coulibaly intercédait en faveur des transporteurs qui avaient maille à partir avec les services de douanes. De même, il contribuait à faire aboutir les dossiers des transporteurs auprès de la Safca. Ainsi, ses compères qui le sollicitaient, ont pu s’acheter, grâce à cette société, de nouveaux véhicules de transport public.
Les actions de Kassoum Coulibaly sont innombrables. Entre autres, il a obtenu en 1987, une rallonge de la périodicité des visites techniques automobiles qui, pour les véhicules de transport, est passée, pour les uns, de trois à six mois et pour les autres, de six mois à un an.
Egalement, la suppression de l’obligation pour tout véhicule de disposer d’une boîte pharmaceutique. Kassoum Coulibaly avait fait comprendre aux autorités que la boîte n’était pas nécessaire étant entendu que la Côte d’Ivoire disposait d’assez d’hôpitaux pour s’occuper des accidentés de la circulation. Et que les transporteurs n’avaient pas la formation nécessaire pour prodiguer les soins primaires en cas d’accident.
Kassoum Coulibaly a également œuvré à la mise en place de la Mutuelle d’assurances des taxis compteurs (Matca), pour pallier le refus des assureurs de couvrir les taxis compteurs. Et c’est dans ce même esprit, qu’il a permis que la Garantie de cautionnement des transporteurs de Côte d’Ivoire (Gmtci) voie le jour en vue de faciliter l’accès au crédit bancaire pour l’achat de véhicules de transport. Toujours sous la houlette de Kassoum Coulibaly, la Société mutuelle d’assurances des transports (Somat) a vu le jour en 2001, pour délivrer des attestations d’assurances aux véhicules de transport.
Généreux à souhait et grand rassembleur doublé d’une simplicité inouïe, Kassoum était au centre de tous les débats en matière de transport en Côte d’Ivoire. Comme s’il avait vu venir son destin, Kassoum Coulibaly avait, récemment, réorganisé le bureau du Syntmvci en confiant toutes les responsabilités au secrétariat national tenu par le jeune Diaby Ibrahim qu’il a pris le temps de former… Comme pour dire qu’après Kassoum Coulibaly, le Syntmvci qu’il a créé de toutes pièces doit continuer de vivre.
Landry Kohon