Le Pdci à Korhogo après le décès de Kassoum : Les militants inquiets interpellent Bédié

Coulibaly Kassoum, le «grand bâtisseur» s’en va. «On ne se rend pas compte aujourd’hui du vide qu’il laisse. Mais on le comprendra longtemps après», a soutenu Coulibaly Salia, un employé d’un des hôtels de Coulibaly Kassoum. Et d’expliquer : «C’est le seul qui donne du travail aux jeunes parmi les cadres». Pour le Pdci-Rda, sa famille politique, c’est «un grand coup dur; ce ne sera pas facile de remplacer Kassoum à Korhogo», se lamente, Coulibaly Nangbélé, le président de la jeunesse du Pdci qui a protégé et entretenu, en cette période de crise, la flamme de son parti à Korhogo. Avec le vent de la démocratie qui souffle depuis 1990 sur notre pays, raconte-t-il, Kassoum constituait «le garant moral pour le parti. Certains n’ont pu partir du Pdci en regardant Kassoum dans les yeux. Il a permis au parti de vivre à tous les niveaux». «Avec la mort de Kassoum, le Pdci ne disparaîtra pas, mais il va vivre difficilement», renchérit un autre militant. Nangbélé Coulibaly interpelle donc le président Bédié. «Il doit faire en sorte que très rapidement, le parti ait un leader à Korhogo. Sinon, ce sera la dispersion. Les militants sont chaque jour courtisés par les autres partis. Si dans les jours à venir, on ne fait rien, il sera trop tard», avertit-il. Les relations historiques et politiques entre le président Houphouet Boigny et Peleforo Gbon Coulibaly, chef charismatique des Sénoufo aux heures des conquêtes samoriennes et de la lutte pour les indépendances, ont fait de Korhogo le bastion du Pdci-Rda. Mais les réalités politiques de notre pays ces deux dernières décennies, avec le retour du multipartisme, y ont constamment réduit l’audience de ce parti. Presque tous les cadres de ce parti ont rejoint le Rdr de Alassane Dramane Ouattara. Aux élections de 1996, le Pdci remporta les législatives mais perdit les municipales avec Balla Kéita. Ce dernier rejoignit l’Udpci avant sa mort. En 2001 et 2002, le Pdci remporta les législatives boycottées par le Rdr et perdit les municipales et le Conseil général avec comme tête de liste Coulibaly Kassoum. «Kassoum a eu le mérite d’avoir assuré l’héritage politique de son grand-père en restant fidèle au Pdci-Rda jusqu’à sa mort. Il aimait lui-même dire que le Pdci est une partie de lui-même», a expliqué Yéo Tchôbon, militant du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (Rpp).

Martial Niangoran
Correspondant régional