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Necrologie Publié le lundi 9 février 2009 | Fraternité Matin

Deuil : Un pan de la mémoire du peuple noir est tombé

En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle, a dit Amadou Hampâté Bâ. La mort du conservateur de la maison des esclaves de Gorée est plus qu’une bibliothèque en fumée. C’est un grand pan de la mémoire du peuple africain qui est emporté, dispersé à jamais dans la nature. Il est le témoin d’un siècle, d’une histoire. Celle de nos ancêtres, de son peuple, le peuple africain, dont les bras valides (hommes et femmes) étaient autrefois transportés à la maison d’esclaves de l’île de Gorée, au Sénégal, pour être convoyés et vendus aux Occidentaux. Boubakar Joseph N’Diaye, oui, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était le conservateur de cette maison des esclaves. Il connaissait les tenants et aboutissant de la traite négrière. Car l’homme est également une mémoire, une bibliothèque de trois siècles de traite des Noirs. Ce commerce honteux, hideux et dégradant pour l’humanité. Dans lequel : «Des nègres, repartis entre maîtres au hasard des ventes, accablés de travail et sans autre instruction que la discipline et les coups». C’est cette riche et fascinante histoire, douloureuse certes, mais bien nôtre, que Joseph N’Diaye n’a pas voulu fouler aux pieds. Fort heureusement, Ce sénégalais de Gorée, né en 1922, a confectionné un bouquet : «Il fut un jour à Gorée, l’esclavage raconté à nos enfants». Livre qui confine son témoignage de la traite des noirs, afin d’édifier les fils, petits-fils et arrière-petits-fils noirs, sur l’histoire de leurs aïeux. C’est juste un devoir de mémoire et non pour désigner des coupables. Dans ce bouquin donc, N’Diaye Joseph qui a été compositeur typographe, «recense les faits liés à l’esclavage qui, écrit-il, ne ressemblait en rien à celui des sociétés antiques, car il déniait aux nègres, la qualité d’êtres humains. Et cela dura plus de trois siècles ; il explique l’histoire des fiers guerriers africains, le dos couvert de zébrures et les grandes révoltes noires pour l’abolition de l’esclavage». Joseph N’Diaye a, en outre, combattu aux côtés de la France en 1943 pour la libération de ce pays. Il a servi également en Extrême-Orient. Il a été fait officier de l’Ordre national du Lion et Chevalier de l’Ordre du mérite sénégalais. L’homme a tiré sa révérence, samedi dernier, à 87 ans.




Marie.Chantal.Obinde
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