Assis sur un banc, jouxtant l’amphithéâtre Lourougnon Guédé de l’Université de Cocody avec une mine patibulaire, Julien Kouadio explique difficilement l’opportunité de l’augmentation des frais d’inscription. Etudiant en deuxième année au département d’Anglais, il relève que si cette augmentation est effective, elle marquera la fin de ses études universitaires. Car ses parents, selon lui, n’ont pas de moyens d’assurer ses frais d’inscription. “C’est difficile ! Déjà pour avoir les 6500 Fcfa pour m’inscrire c’était un parcours de combattant. Je fais partie même des cas sociaux”, explique, Kouadio, les yeux presque embués de larmes. Le cas de Julien Kouadio est un échantillon des étudiants qui abandonneront les études du fait de cette majoration des frais d’inscription à l’unvesité de Cocody. « Les universités Ivoiriennes sont confrontées à d’énormes difficultés, mais il ne faudrait pas que l’Etat continue de s’enrichir sur nos dos » renchérit Mlle Isabelle Touré en Licence de Criminologie à l’université de Cocody. « Si on doit payer les 50.000Fcfa la gratuité de l’école Ivoirienne tant clamée par les Refondateurs n’a plus sa raison d’être », fait elle remarquer. La plupart des syndicats d’étudiants ivoiriens estiment que cette augmentation est inopportune. Surtout dans le contexte actuel de la Cote d’Ivoire ou la cherté de la vie bat son plein. «Nous n’accepterons pas cette augmentation ! Ce sera un Holocauste intellectuel », affirme le secrétaire général de l’Union Nationale Estudiantine et Scolaire de Cote d’Ivoire (UNESCI), Olivier Anangama. Quant à la Fédération Estudiantine et Scolaire de Cote d’ivoire (FESCI), elle rappelle que les étudiants n’accepteront jamais la majoration des frais d’inscription. « (…) C’est de la provocation ! Je considère que ce sont des rumeurs», insiste le secrétaire général de la Fesci, Augustin Mian. En tout, cas selon certaines indiscrétions, les différents responsables syndicaux estudiantins paralyseront les universités de Côte d’Ivoire si la mesure d’augmentation entre en vigueur.
Le Doyen de l’Ufr des Sciences de l’Homme et de la Société (SHS), le Pr.Ignace Zasseli Biaka, lors de sa conférence de presse du 20 Janvier 2009 à l’université de Cocody précise que si cette augmentation n’est pas faite pour cette rentrée académique 2008-2009 l’université ne pourra pas fonctionner .
Raisons d’une augmentation
« L’université a des problèmes. Les infrastructures sont vieillissantes et insuffisantes. Et depuis près de trois générations nous avons les mêmes infrastructures. Il est inadmissible que pendant 45 ans, les frais d’inscription soient toujours à 6500 Fcfa. Le président Laurent Gbagbo lui-même s’est inscrit à 6500 Fcfa. Le budget de l’université diminue chaque fois. Pour le département des SHS, le budget de fonctionnement a chuté de 37,434 millions à 29,577 millions Fcfa en 2008. Cette Ufr a les mêmes problèmes que les autres Ufr » indique le Pr. Biaka. Précisant que les frais d’organisation des examens dépassent le budget du département .D’ou la nécessité de renflouer, selon lui, les caisses de l’université en majorant les frais d’inscription. «Etant entendu que l’Université est un Etablissement Public National (EPN), nous devons trouver des moyens pour fonctionner », tente-t-il d’expliquer. A l’en croire l’université ne génère pas de fonds et qu’il faut chercher les ressources propres ailleurs. Pour les responsables de l’université et les Doyens des 13 Ufr ‘’ cette augmentation doit être effective’’ .Elle devait entrer en vigueur selon eux depuis 2002. Avec cette hausse des frais d’inscription, l’université encaissera plus de 2 milliards Fcfa. « Cette somme nous permettra de construire deux amphithéâtres et des salles de Travaux Dirigés (TD) .La construction d’un amphi coûte 500 millions Fcfa. Si on applique la mesure, on construira deux amphis chaque année. Et cela contribuera à combler le déficit au niveau des infrastructures », confie un membre de la présidence de l’université de Cocody sous le couvert de l’anonymat. Le Pr. Biaka Zasseli soutient également que l’augmentation des frais d’inscription répond à un besoin : celui d’être en phase avec la Directive de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) .Laquelle Directive stipule qu’il faut harmoniser les frais d’inscription dans tous les pays de l’espace UEMOA (Cote d’Ivoire ; Bénin ; .Niger, Sénégal, Burkina Faso ; Togo ; Mali et la Guinée Bissau.) En clair toutes les universités des pays de cette Union Monétaire doivent avoir les mêmes frais d’inscription. Aussi la Directive exige la fin des disparités entre les frais d’inscription des Nationaux et non nationaux. Cette Directive prise en 2005 devait entrer en vigueur au plutard en 2008. Certains pays ont commencé à l’appliquer. Tel le Niger (ou les frais d’inscription sont fixés à10.000Fcfa aussi pour les nationaux que les non nationaux) .Mais la Cote d’Ivoire n’a toujours pas appliqué la Directive de l’UEMOA.
Que dit la tutelle ?
Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique suit avec beaucoup d’attention cette affaire. Les différentes universités étant autonomes, la tutelle ne s’y est pas impliquée. Elle a tenu à faire des précisons. « (…) L’augmentation des frais d’inscription n’est pas l’affaire du ministère. Les universités sont comme des EPN. Mais si cette augmentation perturbe l’ordre public, le ministère peut intervenir », a affirmé le ministre Ibrahim Cissé Bacongo le 30 Janvier dernier lors de sa rencontre avec les différents Directeurs centraux, les présidents d’universités et Grandes Ecoles publiques du pays et les Doyens des Ufr à l’Amphi Lourougnon Guédé de l’université de Cocody. A cette occasion, le ministre Bacongo a ébauché avec ces derniers d’autres moyens de financement pour construire des amphithéâtres. Aussi a-t-il relevé que les présidents d’université peuvent renflouer leur caisse avec 200 millions Fcfa chaque année grâce au code général des Impôts qui autorise les entreprises à soutenir les universités. « Vous avez 200 millions Fcfa qui dorment dans les entreprises, allez les chercher » a lancé le ministre Bacongo aux premiers responsables des universités Ivoiriennes.
Une manière implicite d’inciter les responsables des universités et grande écoles à privilégier ces pistes au lieu d’augmenter les frais d’inscriptions. Car cette mesure, pour le moins inopportune peut mettre le feu aux poudres de l’école ivoirienne.
ANZOUMANA CISSE
Le Doyen de l’Ufr des Sciences de l’Homme et de la Société (SHS), le Pr.Ignace Zasseli Biaka, lors de sa conférence de presse du 20 Janvier 2009 à l’université de Cocody précise que si cette augmentation n’est pas faite pour cette rentrée académique 2008-2009 l’université ne pourra pas fonctionner .
Raisons d’une augmentation
« L’université a des problèmes. Les infrastructures sont vieillissantes et insuffisantes. Et depuis près de trois générations nous avons les mêmes infrastructures. Il est inadmissible que pendant 45 ans, les frais d’inscription soient toujours à 6500 Fcfa. Le président Laurent Gbagbo lui-même s’est inscrit à 6500 Fcfa. Le budget de l’université diminue chaque fois. Pour le département des SHS, le budget de fonctionnement a chuté de 37,434 millions à 29,577 millions Fcfa en 2008. Cette Ufr a les mêmes problèmes que les autres Ufr » indique le Pr. Biaka. Précisant que les frais d’organisation des examens dépassent le budget du département .D’ou la nécessité de renflouer, selon lui, les caisses de l’université en majorant les frais d’inscription. «Etant entendu que l’Université est un Etablissement Public National (EPN), nous devons trouver des moyens pour fonctionner », tente-t-il d’expliquer. A l’en croire l’université ne génère pas de fonds et qu’il faut chercher les ressources propres ailleurs. Pour les responsables de l’université et les Doyens des 13 Ufr ‘’ cette augmentation doit être effective’’ .Elle devait entrer en vigueur selon eux depuis 2002. Avec cette hausse des frais d’inscription, l’université encaissera plus de 2 milliards Fcfa. « Cette somme nous permettra de construire deux amphithéâtres et des salles de Travaux Dirigés (TD) .La construction d’un amphi coûte 500 millions Fcfa. Si on applique la mesure, on construira deux amphis chaque année. Et cela contribuera à combler le déficit au niveau des infrastructures », confie un membre de la présidence de l’université de Cocody sous le couvert de l’anonymat. Le Pr. Biaka Zasseli soutient également que l’augmentation des frais d’inscription répond à un besoin : celui d’être en phase avec la Directive de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) .Laquelle Directive stipule qu’il faut harmoniser les frais d’inscription dans tous les pays de l’espace UEMOA (Cote d’Ivoire ; Bénin ; .Niger, Sénégal, Burkina Faso ; Togo ; Mali et la Guinée Bissau.) En clair toutes les universités des pays de cette Union Monétaire doivent avoir les mêmes frais d’inscription. Aussi la Directive exige la fin des disparités entre les frais d’inscription des Nationaux et non nationaux. Cette Directive prise en 2005 devait entrer en vigueur au plutard en 2008. Certains pays ont commencé à l’appliquer. Tel le Niger (ou les frais d’inscription sont fixés à10.000Fcfa aussi pour les nationaux que les non nationaux) .Mais la Cote d’Ivoire n’a toujours pas appliqué la Directive de l’UEMOA.
Que dit la tutelle ?
Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique suit avec beaucoup d’attention cette affaire. Les différentes universités étant autonomes, la tutelle ne s’y est pas impliquée. Elle a tenu à faire des précisons. « (…) L’augmentation des frais d’inscription n’est pas l’affaire du ministère. Les universités sont comme des EPN. Mais si cette augmentation perturbe l’ordre public, le ministère peut intervenir », a affirmé le ministre Ibrahim Cissé Bacongo le 30 Janvier dernier lors de sa rencontre avec les différents Directeurs centraux, les présidents d’universités et Grandes Ecoles publiques du pays et les Doyens des Ufr à l’Amphi Lourougnon Guédé de l’université de Cocody. A cette occasion, le ministre Bacongo a ébauché avec ces derniers d’autres moyens de financement pour construire des amphithéâtres. Aussi a-t-il relevé que les présidents d’université peuvent renflouer leur caisse avec 200 millions Fcfa chaque année grâce au code général des Impôts qui autorise les entreprises à soutenir les universités. « Vous avez 200 millions Fcfa qui dorment dans les entreprises, allez les chercher » a lancé le ministre Bacongo aux premiers responsables des universités Ivoiriennes.
Une manière implicite d’inciter les responsables des universités et grande écoles à privilégier ces pistes au lieu d’augmenter les frais d’inscriptions. Car cette mesure, pour le moins inopportune peut mettre le feu aux poudres de l’école ivoirienne.
ANZOUMANA CISSE