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Région Publié le vendredi 20 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Crise au Royaume Bron - Nanan Bibi II, chef de province Pinango : "C`est un sentiment de tristesse qui m`anime"

La crise qui mine le royaume Bron préoccupe tous les fils du Zanzan. Nanan Bibi II, chef province Pinango, s'est montré réservé, quant à la confirmation de l'actuel roi Nanan Adingra Kouassi Adjemane. Entretien.


Vous venez de participer à la rencontre dite de réconciliation entre peuple Bron. Quelles sont vos premières impressions au terme de cette rencontre ?

A l'issue de cette rencontre qui vient de se terminer, c'est un sentiment de tristesse qui m'anime. Parce que pour un problème qui devrait se régler dans la case, qui devrait se régler selon les normes de la tradition, je crois que nous sommes allés au-delà. C'est à la mairie de Bondoukou que nous nous retrouvons pour trouver un dénouement à un problème aussi sensible. Je crois que le problème des trônes ne doit pas se régler à la mairie. Il faudrait que les anciens se retrouvent et que nous puissions chercher à savoir où se trouve le trône. Le trône est symbole du pouvoir, symbole de socialité et d'unité. Tant que nous n'allons pas voir le trône qui est l'attribut principal d'un chef, je crois qu'on ne pourra pas vraiment évoluer. Parce que chez les Brons, c'est le trône qui fait le chef, c'est le trône qui fait vraiment le Roi. Lorsqu'on n'a pas cet attribut, on ne peut pas se proclamer roi. Je crois que je n'ai rien contre les trois prétendants, bien au contraire. Donc j'estime aujourd'hui qu'on doit nous trouver un roi avec tous les attributs dus à son rang. Sans cela, je crois qu'on ne peut vraiment avancer.

Lors de la dernière visite du Président Gbagbo à Bondoukou, il vous a confié le règlement de ce conflit, jusque-là, vous n'avez pas encore trouvé une solution.

Vous savez, M. Abalo, c'est un problème délicat au point où il faut procéder par petites touches, c'est-à-dire aller doucement, faire en sorte que aucun des trois prétendants, aussi ne soit vraiment humilié. Effectivement, j'ai le dossier en main, j'avance à mon rythme jusqu'à ce que l'un de mes collègues à savoir le chef de la province Foumassa qui m'a même pratiquement donné des éléments pour poursuivre ma mission, un beau matin, fasse un communiqué pour dire qu'à la mairie, il a une déclaration à faire. Déclaration qu'il n'a malheureusement pu faire aujourd'hui à la mairie, suite aux différentes protestations. Nonobstant tout cela, je pense qu'il faut continuer de rencontrer les gens jusqu'à ce qu'on retourne dans la case. Et le jour où on va se retrouver sur la place publique, ce sera vraiment pour faire la fête. Mais je ne peux pas présager de la durée de la mission que le chef de l'Etat m'a donnée. En me confiant cette mission, il n'y a vraiment rien de politique. Je suis le 2e personnage du royaume, il a estimé qu'avec ma position de ministre de la Défense et chef d'Etat major, je suis en mesure d'instaurer la sécurité. Je lui ai fait savoir que ce problème n'est pas un problème de l'administration et qu'ils se tiennent tous à l'écart. Donc notre mission continue même si jusqu'aujourd'hui il y a un seul chef de province seulement qui m'apporte son soutien.


Au terme de cette rencontre, vos collègues ont indiqué que le roi actuel demeure le roi des Abrons. Quel est votre avis ?

Ok mais c'est là le hic. Parce que les Brons parlent du Roi lorsque vous avez les attributs. Lorsque vous ne les avez pas vous êtes un simple citoyen ou bien on peut vous appeler prétendant. Je crois que c'est ma vision. Si on dit que Nanan Adingra est roi des Brons aujourd'hui, je ne suis pas contre cet état de fait, mais pour moi c'est un roi sans trône, un géant au pied d'argile. Et un roi sans trône n'est pas un roi.

Tout à l'heure lors de la rencontre, vous êtes sorti, ce qui n'a pas été approuvé par le roi d'Agnibilékro. Vous n'avez pas eu la gentillesse de lui demander que vous vous levez.
Je crois que c'est le roi d'Agnibilékro qui n'a pas été gentil avec moi. Il est le président du Conseil supérieur des Rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire dont je suis le secrétaire à l'organisation. Je suis donc l'un de ses proches collaborateurs. J'estime que s'il pouvait quitter aujourd'hui sa zone traditionnelle Agnibilékro, pour venir ici, la moindre des choses, c'est de m'appeler pour dire Majesté qu'est-ce qui se passe chez vous ! Il est venu ici à Bondoukou et c'est par l'effet du hasard que nous nous sommes retrouvés. Pour moi, j'agissais donc sans tenir compte de sa présence. Je pensais aussi que sa présence ne pouvait rien m'apporter.

Je pense qu'il a indiqué que vous étiez tous consentants pour cette réunion.
Oui, mais c'est l'erreur. Pour une affaire traditionnelle, il faut d'abord s'entourer de toutes les garanties avant de s'y mettre. Et je crois que c'est même une faute qu'il commet en ne cherchant pas à m'appeler parce que je suis plus proche de lui que les autres. Je n'ai pas été associé à la convocation de cette réunion. J'ai été convoqué comme tout le monde et j'ai agi sans tenir compte de sa présence parce que je ne savais même pas qu'il était là parce que la manière n'a pas été élégante à mon égard. J'ai beaucoup de respect pour lui, c'est le président de l'Association des rois de Côte d'Ivoire. J'estime que le bon sens recommandait qu'il m'appelle ou qu'il vienne me saluer avant d'aller en public. Je n'agissais pas contre lui, mais j'agissais contre le principe.


Est-ce que vous reconnaissez que le trône a été vendu ?

Je crois que c'est pour ça que je dis que la personne dont le nom a été cité le doyen K. Appia a été justement convoqué chez moi. Il n'est pas encore arrivé prétextant qu'il a une maladie. C'est à vérifier. Je dois le rencontrer pour lui dire qu'il doit répondre à cet appel. Tant qu'on l'a pas entendu, je ne pourrai affirmer si le trône a été volé ou pas.


Les mauvaises langues vous accusent de faire traîner le problème parce que c'est vous qui en tirez les bénéfices. Qu'en dites-vous ?

Je te coupe net. Le chef Pinango n'a rien à envier à la province Agninifié ; je ne peux pas prétendre être le roi des Brons. Le titre de chef de province, ministre d'Etat au niveau militaire, me suffit. J'ai plus de villages que quiconque dans le Zanzan. Tout le monde le sait traditionnellement je n'ai pas à envier le poste de quelqu'un. Retiens qu'on fait la guerre quand on veut mais on fait la paix quand on peut. Ce problème a été créé en 1994. A cette époque, j'étais jeune, j'ai pris le trône pratiquement en 2000. C'est-à-dire 8 ans avant que je ne devienne chef Pinango. Si moi, je mets deux ans pour le régler en quoi ça perdure… Pour moi, je vais à mon rythme, je ne suis pas pressé. Je ne suis pas celui qui a créé ce problème. Seulement j'apporte ma contribution en tant que chef d'état major du royaume pour qu'on trouve une solution. En quoi une situation pareille peut aider le chef Pinango ? Nous ne sommes pas rémunérés… C'est des mauvaises langues qui disent cela. D'ailleurs ma position aide le royaume à retrouver sa raison d'être. Bien au contraire, on devrait m'encenser…

Entretien réalisé par Joël Abalo
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