Le temps n’est pas du tout clément en ce moment pour le régime du président Laurent Gbagbo. C’est certainement une période bien orageuse pour la refondation, épinglée sans cesse par des preuves de mauvaise gouvernance et d’indélicatesse dans la gestion de la chose publique. Après l’escroquerie de 65 millions FCFA au détriment de la société de téléphonie mobile par la secrétaire du grand chef, le camp présidentiel est secoué depuis peu, par la découverte d’emplois fictifs au palais. Autant d’affaires sales qui mettent à mal Laurent Gbagbo, le nouveau chantre de la moralisation de la vie publique. Passé le long et lourd silence des temps de perdition, le régime socialiste, dit-on, par la voix de son relais officiel, a cru bon de donner dans la justification. D’un, on nous dit que « le cerveau de cette opération est au palais depuis 20 ans ». Comme pour dire que Mme Justine Nebavi, dont il est question, est à la présidence depuis 1989, c'est-à-dire sous le règne de Félix Houphouët Boigny. Gbagbo ne peut donc pas être responsable de ses agissements. Le relais de Gbagbo nous apprend également que Mme Gomé, mise en cause dans l’affaire d’escroquerie au détriment de MTN, est à la présidence depuis le pouvoir de Henri Konan et qu’elle était la secrétaire de « Marie-Paule Abo qui assumait les fonctions de conseiller spécial du président Bédié ». Pour l’auteur, c’est au nom de la vision de la démocratie de Laurent Gbagbo que ces personnes sont restées à la présidence. Difficile de justifier l’injustifiable et de défendre l’indéfendable ! Pour que Mme Gomé devienne la secrétaire particulière de Laurent Gbagbo, il faut bien qu’il y ait des affinités entre eux. On pourrait même dire qu’elle travaillait déjà pour Gbagbo lorsqu’elle était en service du temps de Bédié. Passer du poste de secrétaire d’un conseiller à celui de secrétaire particulière du grand patron, il faut bien qu’il y ait eu quelque récompense à faire. Bien plus, on ne peut pas parler de démocratie, pour occulter les vraies questions qui se posent au pouvoir FPI. Est-ce que, parce que vous avez aménagé dans une maison, qu’il faut y laisser les ordures du précédent occupant ? Si tel devait être le cas, Laurent Gbagbo et ses amis n’auraient pas dû créer le Front Populaire Ivoirien, puisque le PDCI existait. A dire vrai, la refondation n’a pas d’arguments. Bien plus, les arguties avancées contribuent plutôt à donner du grain à moudre à la majorité des Ivoiriens qui ne cessent de dire que la refondation est une catastrophe. A n’en point douter, si le credo de Laurent Gbagbo, tel que clamé et proclamé dans l’opposition, était de « gouverner autrement et mieux la Côte d’Ivoire », il se serait donné les coudées franches pour mettre cela en pratique à la présidence. Il se serait donné la peine d’éplucher les dossiers de ceux qu’il a trouvés sur place avant de leur faire la promotion. Il se serait entouré de bonnes gens, compétents, pour se donner les moyens de bien mener sa mission. A l’époque des grands discours de la gauche, l’homme s’était dit capable de former dix gouvernements en même temps. Tellement, sa formation politique débordait d’hommes et de femmes capables d’amener les Ivoiriens vers des rivages heureux. Tout cela n’était que du bluff. A l’épreuve de la réalité, tout n’était que vanité. Avec les déboires qui lui arrivent, on pourrait bien s’écrier en ces termes, comme les chanteurs zouglou : « si tu as choisi voleur… » Sans aucun doute, ce qui arrive en ce moment, dénote de l’incapacité du régime à adhérer aux exigences de la bonne gouvernance. Tout fonctionne comme si les gens s’étaient passé le mot, pour dire que le tour est arrivé de s’enrichir et de puiser impunément dans les caisses de l’Etat. Le grand chef lui-même avait sonné le début de la curée, la course à l’enrichissement rapide, par ses propos tenus en 2005 à Agboville : « Avant, on n’avait rien. Maintenant, on a un peu ». D’où est venu ce « un peu », pourrait-on se demander, pour qui a connu les frontistes avant octobre 2000.
Bakary nimaga
Bakary nimaga