Après environ une trentaine d’années de guerre largement entretenue par les grands pays du monde, la communauté internationale, celle de ces mêmes grands pays, a fini par inventer en Angola une nouvelle orientation dans la pratique de l’élection présidentielle. Il s’agit de permettre à chaque partie en conflit, de garder ses armes à la main, tout en s’engageant dans un processus électoral « démocratique », tels des joueurs de poker dans un saloon de film western américains, chacun des joueurs ayant déposé son revolver sur la table, au cas où, pour ne pas perdre ses privilèges. Cette « ingénieuse » idée sortie du chapeau de prestidigitateur politique est avant tout un échec patent de l’ONU, notre organisation mondiale qui est supposée garantir la paix.
Lorsque ce choix a été fait en Angola en septembre 1992, on se demande bien aujourd’hui à quel aboutissement s’attendaient les architectes d’une telle solution. Dès les résultats du premier tour ne donnant aucun candidat vainqueur, mais plaçant en tête le candidat du MPLA, parti au pouvoir, la rébellion de l’UNITA les a dénoncés et a refusé les négociations proposées par la communauté internationale pour l’organisation d’un second tour. La suite logique a été la reprise de la guerre. Et cette fois, les combats se sont déroulés à l’arme lourde dans la capitale et il en a résulté des batailles parmi les plus meurtrières de ces trente années de guerre. Les choix opérés ont ainsi conduit la guerre au cœur de la capitale Luanda. Etait-il si difficile de prévoir cette issue ? On peut en douter. D’autant plus que les mêmes causes produisant les mêmes effets, un scénario identique s’est déroulé à quelques lieues de Luanda dans l’ex-Zaïre. En juillet 2006, alors que la RDC est déchirée sur son territoire par une guerre multiforme, la communauté internationale finance grandement, sous l’égide de l’ONU, et organise de bout en bout une élection présidentielle, en laissant les protagonistes conserver leurs armes, y compris les plus lourdes. La leçon de l’Angola n’a pas servi quatorze ans plus tard. Les organisateurs de l’élection proclament les résultats du premier tour. Le MLC, parti d’opposition au président sortant, rejette ces résultats qui placent le parti présidentiel en tête. La capitale est alors plongée dans une bataille de rue meurtrière, avec usage d’armes lourdes, conduisant les soldats onusiens de la MONUC et européens de l’Eufor à intervenir avec vigueur. Malgré cela, les rebelles de la RDC n’ont jamais été totalement désarmés. Deux ans plus tard, en octobre 2008, la guerre reprend de plus belle, avec sa cohorte de miséreux jetés sur les routes dans une humiliation insoutenable.
Nos grands stratèges de l’ONU et des grands pays dirigeant les affaires du monde, ne pouvaient-ils pas prévoir cette évolution désastreuse de la situation, alors que tout y concourait ? Ou alors, faudra-t-il se demander si la réelle motivation de leur présence en RDC est à chercher ailleurs. Le statut de la RDC n’a guère changé ; comme son géniteur le Zaïre, elle reste un « scandale géologique ». Une autre question est de savoir si ces solutions hasardeuses sont imposées aux dirigeants africains, ou s’ils sont eux-mêmes adeptes de ces choix à hauts risques, car ces deux leçons ne semblent avoir pas été bien comprises, vu que le même cheminement semble se mettre en place en Côte d’Ivoire. Alors que les étapes préliminaires de l’organisation sont en route, et que tout le monde réclame à cor et à cri une élection réellement démocratique, on passe sous silence le fait que les armes qui ont nourri la guerre depuis septembre 2002, n’ont pas encore été retirées. Et cela ne semble inquiéter outre mesure. Comme si la possession des armes par les parties était devenue une donnée normale dans l’organisation d’élection « démocratique » sur le continent. Avant de franchir l’étape cruciale de l’élection, les Ivoiriens devront d’abord se demander, au regard des expériences angolaise et congolaise, quelle situation nous voulons avoir dans le pays lorsque les résultats de l’élection seront proclamés. Quelle sera la réaction de ceux qui seront déclarés vaincus ? Dès lors que l’on a les armes en main, la logique ne voudrait-elle pas que l’on s’en serve pour récupérer de force, ce dont on considère avoir été injustement dépossédé ? En RDC, l’ONU avait qualifié de démocratique, l’élection qu’elle a organisée, et tous les protagonistes avaient semblé être d’accord. (…)
Lorsque ce choix a été fait en Angola en septembre 1992, on se demande bien aujourd’hui à quel aboutissement s’attendaient les architectes d’une telle solution. Dès les résultats du premier tour ne donnant aucun candidat vainqueur, mais plaçant en tête le candidat du MPLA, parti au pouvoir, la rébellion de l’UNITA les a dénoncés et a refusé les négociations proposées par la communauté internationale pour l’organisation d’un second tour. La suite logique a été la reprise de la guerre. Et cette fois, les combats se sont déroulés à l’arme lourde dans la capitale et il en a résulté des batailles parmi les plus meurtrières de ces trente années de guerre. Les choix opérés ont ainsi conduit la guerre au cœur de la capitale Luanda. Etait-il si difficile de prévoir cette issue ? On peut en douter. D’autant plus que les mêmes causes produisant les mêmes effets, un scénario identique s’est déroulé à quelques lieues de Luanda dans l’ex-Zaïre. En juillet 2006, alors que la RDC est déchirée sur son territoire par une guerre multiforme, la communauté internationale finance grandement, sous l’égide de l’ONU, et organise de bout en bout une élection présidentielle, en laissant les protagonistes conserver leurs armes, y compris les plus lourdes. La leçon de l’Angola n’a pas servi quatorze ans plus tard. Les organisateurs de l’élection proclament les résultats du premier tour. Le MLC, parti d’opposition au président sortant, rejette ces résultats qui placent le parti présidentiel en tête. La capitale est alors plongée dans une bataille de rue meurtrière, avec usage d’armes lourdes, conduisant les soldats onusiens de la MONUC et européens de l’Eufor à intervenir avec vigueur. Malgré cela, les rebelles de la RDC n’ont jamais été totalement désarmés. Deux ans plus tard, en octobre 2008, la guerre reprend de plus belle, avec sa cohorte de miséreux jetés sur les routes dans une humiliation insoutenable.
Nos grands stratèges de l’ONU et des grands pays dirigeant les affaires du monde, ne pouvaient-ils pas prévoir cette évolution désastreuse de la situation, alors que tout y concourait ? Ou alors, faudra-t-il se demander si la réelle motivation de leur présence en RDC est à chercher ailleurs. Le statut de la RDC n’a guère changé ; comme son géniteur le Zaïre, elle reste un « scandale géologique ». Une autre question est de savoir si ces solutions hasardeuses sont imposées aux dirigeants africains, ou s’ils sont eux-mêmes adeptes de ces choix à hauts risques, car ces deux leçons ne semblent avoir pas été bien comprises, vu que le même cheminement semble se mettre en place en Côte d’Ivoire. Alors que les étapes préliminaires de l’organisation sont en route, et que tout le monde réclame à cor et à cri une élection réellement démocratique, on passe sous silence le fait que les armes qui ont nourri la guerre depuis septembre 2002, n’ont pas encore été retirées. Et cela ne semble inquiéter outre mesure. Comme si la possession des armes par les parties était devenue une donnée normale dans l’organisation d’élection « démocratique » sur le continent. Avant de franchir l’étape cruciale de l’élection, les Ivoiriens devront d’abord se demander, au regard des expériences angolaise et congolaise, quelle situation nous voulons avoir dans le pays lorsque les résultats de l’élection seront proclamés. Quelle sera la réaction de ceux qui seront déclarés vaincus ? Dès lors que l’on a les armes en main, la logique ne voudrait-elle pas que l’on s’en serve pour récupérer de force, ce dont on considère avoir été injustement dépossédé ? En RDC, l’ONU avait qualifié de démocratique, l’élection qu’elle a organisée, et tous les protagonistes avaient semblé être d’accord. (…)