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Art et Culture Publié le mercredi 11 mars 2009 | Le Patriote

Bilan : 21ème édition du Fespaco - Entre galère et espoir…

Depuis samedi, Ouagadougou a retrouvé son train-train quotidien. L’effervescence du Fespaco( qui s’est tenu du 28 février au 7 mars 2009), a fait place à l’accalmie habituelle de cette cité, rythmée par le vrombissement des vélomoteurs. Tous les festivaliers ont, pour la plupart, déserté la capitale burkinabè. Pour beaucoup d’entre eux, cette 21ème édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou ne restera pas dans les annales, comme l’une des mieux organisées. Bien au contraire : elle a été émaillée de beaucoup d’approximations : badges non prêts (même pour des réalisateurs ayant des films en compétition), catalogues disponibles qu’à trois jours de la fin du festival, non respect scrupuleux des horaires de projections, la programmation de certains films alors qu’ils n’étaient pas encore disponibles…

L’hommage mérité à Sembène et aux anciens Etalons de Yennenga

A cela s’ajoute, la mesure « impopulaire », car décriée, de ne limiter les badges presse qu’aux seules projections presses prévues chaque matin à 8h. Pour s’imprégner de l’ambiance du public durant les séances de projections, les journalistes devaient, à défaut d’un pass, mettre la main à la poche. A Ouaga, c’était durant la première moitié du festival, la galère totale pour nombre de festivaliers, qui n’ont pas hésité à parler de « désordre » et de « pagaille ».
Mais, ce qui a dérouté le plus les festivaliers, c’était le manque évident d’infos, sur les activités du festival, les programmes des projections qui n’étaient disponibles qu’au jour le jour, à travers les bulletins du festival (« Dernière Minute » ou encore « Fespaco News »). Difficile dans ce cas, d’établir un calendrier précis de suivi des projections et des rencontres professionnelles. « Quand une journée finissait, on rentrait se coucher sans savoir exactement par quoi on débuterait le lendemain. C’était intenable pour les gens qui ont l’habitude d’avoir un planning bien organisé et précis », regrette Paul Meunier, cinéphile français, venu spécialement du Canada pour suivre le festival. « Durant les trois premiers jours, ce n’était pas un festival. Heureusement que tout est rentré dans l’ordre après», renchérit Ismaïl Mohamed, réalisateur algérien du film « Wadaan Oummahat (Adieu Mères) », lauréat du Prix de la meilleure musique. Pourtant, le nouveau Délégué Général, promettait un Fespaco nouveau, nourri par l’ambition, il est vrai, noble, de hisser, après 40 ans d’existence, le festival à une dimension internationale, mondiale. Un objectif, hélas, contrarié par d’énormes péripéties imputables en partie à de gros soucis financiers. Selon des indiscrétions, Michel Ouédraogo n’a pas eu les moyens de ses ambitions. L’Union Européenne n’a, par exemple, offert au Fespaco « que » 90 000 euros, soit un peu de plus de 58 millions FCFA. Des broutilles, à côté de la centaine de millions de FCFA qu’elle octroyait précédemment au festival…Toutefois, le festival, pour parodier le titre du film d’Etienne Chatilliez, n’a pas été qu’un long fleuve agité. Il a surtout entretenu l’espoir d’un dynamisme du cinéma africain. Mieux, il peut même s’enorgueillir d’avoir réalisé quelques prouesses. On peut citer entre autres, le record de films (374 au total) présentés et la remise de 128 récompenses, toutes catégories confondues. Si la distinction de certains films peut être caution à débat, en revanche, l’Etalon d’Or de Yennenga, attribué au film « Teza » de l’Ethiopien Hailé Gerima, ne souffre d’aucune contestation. A la fois un cri et une leçon d’histoire, le film est un regard froid, à travers le personnage d’Anberber, sur l’Ethiopie contemporaine écrasée par la dictature de Mengistu Hailé Mariam, qui succéda avec beaucoup d’espoirs au Négus Hailé Sélassié…Une œuvre de grande qualité, unanimement saluée aussi bien par la critique et l’ensemble des festivaliers. En témoigne, la ruée dans les salles obscures pour voir le film… Comme « Teza », le festival a permis au public de découvrir, dans la compétition long métrage, des œuvres intéressantes telles « Mascarades » de l’Algérien Lyes Salem (Etalon de Bronze de Yennenga), « L’absence » du Guinéen Mama Kéita(Prix du meilleur scénario), « Le Fauteuil » du Burkinabé Missa Hébié(Prix du public et Prix Oumarou Ganda de la première œuvre) ou encore des productions captivantes dans les catégories documentaires, courts métrages ou encore TV Vidéo…
L’une des satisfactions de ce 21ème Fespaco est d’avoir réussi à donner une dimension festive et populaire au festival. D’abord en rapprochant, via des projections dans les quartiers périphériques de Ouaga(Wentenga, Patte d’Oie…), les populations du Fespaco. Ensuite, en initiant chaque soir des nuits musicales à la place de la Nation où après les projections, les festivaliers poursuivaient la fête. Ces innovations ont renforcé le caractère populaire que le DG voulait imprimer au Fespaco, longtemps considéré comme un événement réservé essentiellement aux professionnels du cinéma.
Autre point positif : l’hommage appuyé à Sembène Ousmane, l’un des pionniers du cinéma africain, matérialisé par l’inauguration d’une avenue de Ouagadougou en son nom, la pose d’une statuette à son effigie à la place de la Nation, la diffusion de sept de ses films. Sans oublier la rétrospective des Etalons de Yennenga, de 1969 à 2007.
Enfin, le Fespaco 2009 n’a pas dérogé à sa règle des rencontres professionnelles. En plus des panels, conférences des partenaires du festival (Commission Européenne, Africalia, OIF…), forums et débats autour des préoccupations du 7ème art sur le continent, et du traditionnel MICA (Marché international du cinéma et de l’audiovisuel africain), plusieurs intellectuels ont planché, au cours d’un colloque, sur le thème, « Cinéma africain, tourisme et patrimoines culturels ». Il s’agissait pour eux de voir comment le cinéma peut être un réel facteur de promotion du tourisme et des patrimoines culturels.
De toute évidence, le 21ème Fespaco a confirmé l’engagement aussi bien des acteurs que des bailleurs de fonds à hisser plus haut le flambeau du cinéma africain. C’est déjà encourageant. Et cela passe par un Fespaco, sa meilleure vitrine sur le continent, plus fort. C’est pourquoi, malgré les balbutiements du « Fespaco nouveau », l’espoir est donc permis…
Y. Sangaré
Envoyé spécial à Ouagadougou
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