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Politique Publié le vendredi 13 mars 2009 | Fraternité Matin

Sortie de crise : “Notre retour dans l’Agoa ne saurait tarder”

Quels commentaires faites-vous après le lancement du passeport biométrique?

C’est un sentiment de fierté qui m’anime ce soir devant cet aréopage de personnalités et d’invités qui a fait le déplacement pour nous soutenir. Au nombre desquels, l’ensemble des ambassadeurs de la Cedeao. Nous avons également nos consuls d’Haïti et de San Francisco; sans compter nos frères de la diaspora, du reste venus en masse en dépit du fait que nous sommes aujourd’hui mercredi. Vous avez vu les présentations de qualité qui ont été faites et aussi l’accueil qui a été réservé à nos illustres invités. Pour ma part, la rencontre de ce soir démontre, s’il en était encore besoin, que la page de la crise est résolument tournée et que la Côte d’Ivoire se lance désormais vers des horizons encore plus prometteurs, dans un esprit d’avenir et de modernité. Je voudrais de tout cœur remercier le ministre Youssouf Bakayoko, qui, en dépit de son programme chargé, s’est imposé le sacrifice pour venir nous soutenir ici à Washington.



Outre les Ivoiriens résidant dans la zone Amérique, ceux qui habitent les pays comme le Canada, la Jamaïque ou le Nicaragua doivent-ils se rendre à Washington pour confectionner leurs passeports?



En attendant que les dispositions pratiques soient prises pour doter d’autres chancelleries comme le Canada pour la confection de ce passeport, je pense que nos compatriotes qui sont dans le besoin seront amenés à s’adresser à nos services, ici. Mais, je crois savoir que très vite les dispositions seront prises pour doter les autres ambassades du matériel et de l’équipement utiles pour la confection de ce passeport.



Excellence, cela fait un peu plus d’un an que vous êtes à la tête de l’ambassade de Côte d’Ivoire aux USA, je ne demanderai pas de bilan, mais dites-nous comment se porte la diplomatie ivoirienne depuis votre arrivée ?



Mais, écoutez, nos rapports sont très bons, je dirai même que nos relations sont au beau fixe. Les Usa et la Côte d’Ivoire ont toujours eu de très bons rapports. Et nous nous en félicitons. Rappelez-vous, quand le président George Bush recevait nos lettres de créances, il n’a pas manqué de mentionner que la Côte d’Ivoire constituait un Etat majeur, mieux un partenaire fiable pour les Usa. Il a même souligné que la sécurité de la Côte d’Ivoire était un élément majeur pour la stabilité en Afrique. Et en tant qu’amis de la Côte d’Ivoire, les Usa entendent s’assurer qu’elle reste solide. Nos rapports se sont donc poursuivis. L’année dernière, j’ai pu accompagner plusieurs délégations officielles, notamment des parlementaires américains, en Côte d’Ivoire. J’ai aussi conduit des missions économiques, des représentants de Bill Gates à Abidjan dans le cadre du programme café-cacao, du coton et de l’anacarde. Un vaste programme qui s’étend sur plusieurs Etats de l’Afrique de l’ouest et qui inclut en grande partie la Côte d’Ivoire en tant que premier producteur agricole dans beaucoup de domaines. C’est un programme de plus de 22 milliards de nos francs qui s’étend sur cinq ans.



On peut donc conclure que, malgré la crise, l’Amérique fait toujours confiance à la Côte d’Ivoire?



Oui, bien sûr. Les investisseurs font toujours confiance à la Côte d’Ivoire. On nous dit qu’on vient de découvrir le plus grand gisement d’or de la Côte d’Ivoire. Mais, je vous apprends que c’est une compagnie américaine qui l’a découvert. C’est vous dire que les opérateurs économiques américains continuent de faire confiance à la Côte d’Ivoire. Mais notre souhait reste bien sûr de renforcer ces relations, d’intensifier la présence américaine sous plusieurs formes.



Excellence, malgré ce que vous dites, il y a le fait que la Côte d’Ivoire n’a pas encore réintégré l’Agoa. D’après vous, quand est-ce que les Usa vont lever l’embargo sur la Côte d’Ivoire afin qu’on puisse bénéficier des retombées directes de ce partenariat?



C’est un élément qui nous préoccupe beaucoup parce qu’il est très important pour la Côte d’Ivoire. Mais, je puis vous dire que notre retour dans l’Agoa ne saurait tarder. Je sais que dès que les choses se seront mises en place après les élections, la Côte d’Ivoire va retourner grandement dans l’Agoa. C’est un principe démocratique américain. Dès qu’il y a tentative de changement de régime par les armes, ils activent la loi 508. C’est un peu la peine qui nous frappe en ce moment par rapport à l’Agoa. Mais, je voudrais vous apprendre qu’en dépit de cette censure, nous continuons d’être le plus gros partenaires des Usa, beaucoup mieux que ceux qui bénéficient de l’Agoa. La raison est simple, la Côte d’Ivoire possède un tissu économique et industriel plus performant qui nous permet d’être toujours à la tête des échanges, comparativement à certains pays de l’Afrique.



Vous étiez déjà ici en 2002 quand la crise a éclaté. Dites-nous Excellence, la crise a-t-elle rendu difficile vos rapports avec l’Etat américain?



La Côte d’Ivoire est un pays majeur, je vous l’ai dit un peu plus haut. La crise avait un enjeu qui dépassait le cadre de la Côte d’Ivoire. A ce niveau, dès que la crise a éclaté, la diplomatie ivoirienne s’est mise à la dimension de la tache qui était la sienne. Elle s’est donc employée avec beaucoup de retombées positives à exprimer ses besoins et sa politique et je pense que cela a été constructif. Regardez vous-même autour de nous, l’initiative prise par le Président de la République a été soutenue unanimement par la communauté internationale. Autre chose, les Usa ont été d’un énorme soutien à la République de Côte d’Ivoire au sein du Conseil de sécurité de l’Onu. C’est encore une fois, la preuve que les rapports entre la Côte d’Ivoire et les Usa se sont renforcés depuis cette crise. Tout cela prouve que la diplomatie ivoirienne est active et garde son dynamisme intact.



Comment avez-vous vécu l’accession de Barack Obama à la Maison-blanche?



D’abord en tant qu’Africain, c’est avec beaucoup de fierté que nous avons vécu l’accession du premier président africain-américain. Les Américains eux-mêmes l’ont salué avec beaucoup de joie. Maintenant, en tant que diplomate, je voudrais dire que Barack Obama reste avant tout Américain. Et ce sont les Américains qui l’ont élu par rapport à son programme de société qui prend en compte leurs préoccupations majeures. Il ne faut pas se leurrer en pensant que parce que Barack Obama est élu, les choses vont changer du jour au lendemain pour l’Afrique. Notre souhait reste qu’en dépit de la crise profonde que traversent les Usa et le monde entier, notre souhait, dis-je, est que la politique africaine de George Bush soit poursuivie et pourquoi pas améliorée par l’administration Obama. Il ne faut pas oublier que le Président Bush a fait des réalisations que nul autre n’a fait en direction de l’Afrique.



C’est vrai, il est un peu trop tôt mais je voudrais savoir si depuis son accession à la Maison-Blanche, l’ambassadeur que vous êtes avez déjà eu des contacts avec la nouvelle administration américaine ?



Vous savez que depuis sa prestation de serment, le président Obama a un programme et un emploi du temps chargés. D’abord par le plan de relance qui constitue un gros morceau parce que la crise est très profonde avec des chômages par milliers et par jour. On prévoit des scénarios encore plus inquiétants, il y a aussi le fait que jusque là, il n’a pas encore terminé la composition de son cabinet. Nous avons cependant pu rencontrer la Secrétaire d’Etat, Mme Hillary Clinton qui nous recevait en compagnie d’autres ambassadeurs.



Excellence, quel est l’apport de la diapora ivoirienne aux Etats-Unis dans la reconstruction du pays?



La diaspora ivoirienne est variée et diverse. Elle se compose donc de plusieurs individus au nombre desquels je peux noter des personnalités hautement qualifiées qui ont de grandes ambitions pour leur pays. Et c’est surtout vers ces gens-là que je me tourne pour la reconstruction du pays. Mais je pense que de façon générale, la communauté ivoirienne est positive dans ses contributions, à l’atteinte des ambitions de la Côte d’Ivoire. Maintenant, il va falloir trouver le format, les voies par lesquelles elle pourra mieux participer au développement du pays. A à ce niveau, il y a un petit tâtonnement. Mais je pense que s’ils s’organisent en association, ils pourront mieux aider leur pays.



Où en sommes-nous avec l’ingénieuse idée du Président concernant la direction des Ivoiriens de l’étranger? La diaspora attend toujours de cette direction qui semble dormir sur ses lauriers.



La direction des Ivoiriens de l’étranger se trouve à Abidjan. Maintenant quand on vous envoie une équipe d’officiels et d’entreprises privés pour vous confectionner vos passeports sur place, il faut avouer que c’est une innovation de taille.



Interview réalisée par
Phil Nomel
Washington, DC
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