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Société Publié le mardi 17 mars 2009 | Le Patriote

Trois questions à Mamadou Soro (SG du SYNESCI) - “Qu’on ne nous pousse pas à bout”

Le Patriote : Etes-vous satisfaits après votre rencontre avec le chef de l’Etat ?
Mamadou Soro : Notre satisfaction est de deux ordres. Elle est d’abord morale. Face à toutes les campagnes d’intoxication qui tendaient à calomnier notre mouvement, le vendredi dernier a été l’occasion pour nous de rétablir la vérité. Ensuite, il y a les solutions à apporter aux cinq points contenus dans notre préavis de grève. A savoir l’accord du président de la République de bonifier notre grille indiciaire, et ce dans un délai raisonnable. D’ici le 15 avril 2009, notre décret sera disponible. Obtenir une grille revalorisée, est une satisfaction pour nous. Car, depuis le début de cette grève, aucune négociation n’avait été offerte sur la question de notre grille indiciaire. Aussi, séance tenante, le président a libéré les 229 enseignants injustement arrêtés dans le but de casser les syndicats. Cela nous satisfait également. Comme vous l’avez constaté, le chef de l’Etat a donné instruction pour que les salaires ponctionnés du fait de la grève soient reversés. Et surtout, l’instruction a été donnée pour que nos camarades qui travaillent depuis 17 mois sans soldes, soient payés. Pour nous, il y a des avancées majeures qui méritent effectivement qu’on marque une pause. C’est pourquoi, nous avons demandé à nos camarades enseignants de reprendre les cours dès ce lundi (hier, ndlr). Qu’ils procèdent à la remise des notes et des copies de toutes les évaluations pour qu’on puisse faire les moyennes du premier et deuxième trimestre. Il faut rappeler à l’ordre les ministres de l’Education Nationale, Gilbert Bleu-Lainé, et de la Fonction Publique, le Pr. Hubert Oulaye, parce que la réelle stabilité de l’école est entre leurs mains. Plus vite ils feront avancer les questions relatives au paiement des quatre mois de suspension de salaires, des 17 mois de salaire aux 133 enseignants retraités et maintenus à leur poste, à la levée de toutes les mesures arbitraires dont sont victimes les enseignants, plus vite l’année scolaire sera stable. Et on aura une année académique bien remplie au niveau pédagogique.

L.P. : A partir du 15 avril prochain, les négociations relatives à la prise de votre décret avec le chef de l’Etat vont reprendre. Faîtes-vous confiance à Laurent Gbagbo ?
M.S : La parole du président de la République a force de décision. Pour nous, il l’a dit, il va le faire. Le 15 avril, on fera le point.

L.P. : Si d’ici la fin de la semaine, les salaires ne sont pas rétablis, quelle sera la conduite à tenir ?
M.S : Je suis convaincu que les salaires seront rétablis. On a décidé de suspendre (la grève), je suis sûr que les ministres de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Fonction Publique ne vont pas ouvrir l’école pour une semaine. Et la refermer aussitôt. Ce serait jouer avec les Ivoiriens. Nous sommes convaincus qu’on ne nous poussera pas encore à bout.
Anzoumana Cissé

Une promesse de plus !
« Président, dis un mot pour guérir la Côte d’Ivoire ! » Cette phrase originellement extraite des textes saints et reprise par la refondation, ne sied pas véritablement avec la situation des enseignants grévistes. Vendredi dernier, lors de leur rencontre avec le chef de l’Etat au Palais présidentiel, Laurent Gbagbo a instruit, de façon subtile, le ministre de l’intérieur Désiré Tagro de faire libérer les 229 enseignants « injustement » détenus dans les geôles de la Préfecture de police. Et surtout de rétablir les salaires suspendus ou ponctionnés dans le courant de cette semaine.
Les enseignants n’ont pas été guéris. Gbagbo les a endormis par ses propos « mielleux ». A dire vrai, rien n’a fondamentalement changé. Les revendications essentielles des enseignants demeurent. Elles n’ont connu aucun début de satisfaction. Le rétablissement des salaires et la libération des 229 enseignants ne constituaient pas le véritable mobile de la grève des enseignants. Ils devront redoubler de vigilance. Car ce qui leur a été servi à la présidence (hormis le rétablissement des salaires suspendus et la libération de leurs camarades), est encore une « promesse de plus ». Gbagbo les a rassurés que la première quinzaine du mois d’avril 2009, il signera leur décret adoptant la grille indiciaire revalorisée. Mais cette promesse est à prendre avec beaucoup de circonspections. Le décret, même s’il est pris, ne pourra, en réalité, être effectif que dans…deux ans. On se souvient que le projet sur le profil de carrière date de 2002. Et la prise du décret portant profil de carrière remonte à décembre 2007. En tout cas, nombre d’observateurs sont pessimistes. Ils doutent fort de la tenue de cette énième promesse. A l’analyse, la prise du décret sur la revalorisation de la grille indiciaire des enseignants du secondaire avec effets financiers est conditionnée à l’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’initiative des Pays Pauvres et Très Endettés (PPTE). Le verdict du PPTE sera connu le 27 mars prochain. Pourtant la Côte d’Ivoire est candidate depuis 1999. Il va s’en dire que, si le verdict est négatif la revalorisation de la grille indiciaire des enseignants ne sera plus possible. Les 500 milliards Fcfa dont bénéficiera la Côte d’Ivoire chaque année, si elle est éligible, ne sont pas destinés à augmenter un quelconque salaire. C’est totalement le contraire qu’avance Gbagbo. Les bailleurs de fonds sont très formels sur cette question. Le FMI et la Banque Mondiale jugent déjà trop élevée la masse salariale des fonctionnaires ivoiriens. Par conséquent, ces institutions ont même demandé à l’Etat de Côte d’Ivoire de réduire de 40% la masse salariale. Chose, qui sera très difficile à appliquer. A moins que les tenants du pouvoir ne veuillent rallumer le front social.
En clair, cette histoire, de PPTE n’est juste qu’un « opium » pour endormir les travailleurs.
Anzoumana Cissé
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