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Économie Publié le mardi 31 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Kourouma Mamadou (Directeur du Fonds de prévoyance de la police nationale) : “La vérité sur les 3 milliards bloqués au Trésor public”

Depuis 8 ans, les 15.000 policiers de Côte d'Ivoire ont décidé de se mutualiser pour prendre en compte leur destin en matière de santé et d'épanouissement social. M. Kourouma Mamadou, le directeur du Fppn nous situe sur les enjeux de cet important projet, dresse son bilan et rasure face aux inquiétudes des uns et des autres.

M. Kourouma Mamdou, vous êtes le directeur général du Fonds de prévoyance de la police nationale. Expliquez nous à quoi sert ce fonds et depuis quand est-ce qu'il existe ?
Le fonds de prévoyance de la police nationale est la mutuelle des policiers. IL a été mis en place depuis le 20 juillet 2000. Les prestations après 6 mois de délai de carence ont commencé en février 2001. Cette mutuelle a deux objectifs parce qu'après l'état des lieux, on a constaté que les policiers ne se soignaient pas, faute de couverture médicale et faute d'argents surtout. Tous les policiers qui étaient blessés et malades éprouvaient des difficultés à ce soigner. Et lorsqu'on les envoyait à l'hôpital, les chefs de service, les collègues étaient obligés de se cotiser. Beaucoup de policiers ont perdu la vie de ce fait là. Nous avons aussi constaté que les policiers s'endettaient de manière humiliante pour très peu. Lorsqu'ils n'arrivaient pas à rembourser, ils étaient obligés de déposer leur carte professionnelle ou leur carte bancaire, ou de donner des chèques à blanc. Ce qui les appauvrissait davantage. Nous avons donc cherché la solution dans les couvertures avec les assurances privées, ce qui n'a pas marché. Parce qu'en 1990, les policiers sont descendus dans la rue sans avoir compris le mécanisme de fonctionnement d'une assurance groupe…La solution a donc été trouvée dans la mutualisation de l'ensemble des policiers de Côte d'Ivoire à l'instar du Fonds de prévoyance militaire. Donc depuis cette date là, nous fonctionnons et nous assurons ces prestations là à savoir l'assurance maladie et l'épargne facultative.

Comment se porte ce Fonds là aujourd'hui ?
Nous ne pouvons pas dire qu'il est sans reproche, il y en a d'ailleurs beaucoup. Mais nous disons que le Fonds se porte bien. Après seulement 7 ans de vie, nous sommes encore bébé. Le Fonds se porte bien parce que les deux objectifs que nous nous sommes fixés dès le départ sont atteints. La couverture médicale est assurée, les acquis sont énormes. Les policiers ont une espérance de vie prolongée, il y a moins de décès, il n'y a plus de policiers qui ont été repoussés dans les cliniques ou hôpitaux faute de moyen. En ce qui concerne l'épargne facultative, les policiers y ont souscrit massivement.
Aujourd'hui, les policiers ne vont plus s'endetter. Ils ont accès à tous nos prêts. Les prêts équipements, les prêts immobiliers, les prêts scolaires. Aujourd'hui, les policiers peuvent avoir un toit avant d'aller à la retraite. Un autre objectif, c'est comment assurer la soudure, c'est-à-dire la période où le policier est retraité. Avant de percevoir la première pension, cette période était difficile. Nous avons donc mis sur pied le produit que nous appelons emprunt de fin de carrière. Dès que le policier va à la retraite, dans le moi de janvier, nous organisons une cérémonie. C'est ce que nous avons fait le vendredi 20 mars dernier où nous avons distribué près de 700 millions aux policiers qui sont partis à la retraite. De sorte à leur permettre de couvrir la période de soudure. En attendant la première pension de retraite.

Vous dites que le Fonds se porte bien mais nous entendons ça et là certaines récriminations de vos adhérents qui ne sont pas satisfaits de vos prestations. Notamment au niveau des prestations dans vos hôpitaux et les prêts.
Tout cela s'explique par la bonne santé du Fonds. On nous dit que nous ne soignons pas suffisamment. Mais on ne soignait même pas avant. Mais aujourd'hui nous soignons. Nous avons pu construire un hôpital après seulement 3 ans de fonctionnement. Nous avons tous les services et même un bloc opératoire. Nous nous attelons à faire tout ce qui est possible pour que cet hôpital ne manque de rien, de le rendre performant pour que le policier se sente comme chez lui. Nous allons conventionner avec tous les hôpitaux sur toute l'étendue du territoire. Mieux, nous avons rapproché les soins de santé de qualité de nos adhérents et de nos ayants droit. C'est pour cela que nous avons conventionné avec les centres de santé communautaire. En 2004 nous étions à 105% de taux de sumentalité. Quand vous atteignez un tel taux, vous mettez la clé sous le paillasson. Heureusement quand nous avons accédé à la direction du Fonds, nous avons réduit ce pourcentage à 26%. Nous avons tenu une assemblée générale, où nous avons expliqué tout cela et cela a été certifié sincère et conforme et fidèle par un commissaire au compte. C'est vous dire que les recriminations sont justes parce qu'on attend beaucoup du Fonds. Mais on oublie qu'il n'a que 7 ans d'existence. Donc permettez que nous atteignions notre vitesse de croisière pour répondre à toutes les attentes. Nous sommes en train d'améliorer nos prestations. Avant, c'était seulement que les hospitalisations, nous faisons les bilans de santé, nous faisons les consultations de spécialité, et nous prenons tout en charge. Dans les formations sanitaires communautaires, les médicaments sont donnés gratuitement. En ce qui concerne les prêts, vous comprenez que quelqu'un qui épargne 10 ou 20 mille francs, après 6 mois de cotisation, il vient nous demander 10 millions ou 15 millions. Mais au départ, on donnait les prêts et les policiers ont compris que le fonds était viable et ils y ont adhéré massivement, les cotisations ont augmenté et les demandes sont tellement nombreuses et coûteuses qu'on ne peut pas faire tout cela en même temps. C'est une question de programmation et ceux qui sont pressés, estiment que nous ne faisons pas de prêts. En 2007, nous avons donné 4,6 milliards de prêts. En 2008, nous en avons donné 4,2 milliards. C'est pour dire qu'une structure comme la notre qui n'a que 7 ans de fonction, il faut le faire. Chaque année, nous donnons les prêts à tous les policiers qui en font la demande. Sans discrimination et 48 heures après qu'ils en font la demande.

Dites nous pourquoi ce Fonds là suscite tant d'appetit ?
Le fonds doit susciter tant d'appetit. On voit que le Fonds est en train de grandir, de croître. Notre problème que nous avons eu est que le trésor éprouve des difficultés de reversement de nos cotisations. Celui-ci a simulé des arriérés de précompte à plus de 3 milliards. Lorsque les gens ont appris cela, ils se sont dit 3 milliards à brasser dans ce compte là, il faut y voir claire. Il y en a qui s'agitent, ils veulent venir gérer les 3 milliards qui vont arriver c'est tout.

On dit que ces 3 milliards ont été placés par vous, et que vous en avez fait un emprunt obligataire ?
Quand vous parlez d'emprunt obligataire, cela veut dire quoi ? Cela veut dire que nous étions en train de sauver une situation dans l'Etat de Côte d'Ivoire. Voyez-vous aujourd'hui, nous sommes en train de chercher à être éligible au titre des PPTE, (pays pauvre très endettés), comment il faut faire. L'Etat a recouru au mécanisme financier que tout le monde connaît. C'est-à-dire les bons de trésor pour faire face à certains problèmes de trésorerie. Donc nous qui n'avons pas de liquidité dans nos comptes pour pouvoir acheter les bons de trésor, le trésor public a accepté de convertir les arriérées de précompte en bon de trésor sur une période de 6 mois. Certains ont fait courir le bruit que c'était sur une période de 3 ans, ce n'est pas 3 ans, les intérêts générés par les 3 milliards, ce n'est pas 588 millions, c'est 97,5 millions.

Vous soutenez que c'est un bon placement et que l'argent a été placé dans l'intérêt des policiers ?
Tout a fait ! Non seulement dans l'intérêt des policiers mais aussi dans l'intérêt de l'Etat de Côte d'Ivoire qui en avait besoin pour être crédible aux yeux des institutions internationales. Donc je pense que c'est un acte patriotique qu'il faut saluer et puis le trésor public ne s'est pas dérober de ses obligations vis-à-vis de nous. Il est vrai que ces 3 milliards ont été bloqués dans les bons du trésor, mais le trésor public a accepté de nous accompagner en nous reversant les cotisations mensuelles, en dehors de ces 3 milliards, ce qui nous permet aujourd'hui de vivre.

Il vous est entre autres reproché d'affecter des sous-officiers qui vous sont proches dans les cliniques et d'autres officiers dans les hôpitaux ?
Ce n'est pas vrai, ce sont des rumeurs. Quant on fait les statistiques, les sous-officiers qui sont affectés dans les cliniques sont plus de 75% à 77%, les officiers qui suivent sont entre 20 à 25% et le reste sont les commissaires. Nous orientons dans les cliniques en fonction des pathologies. Par exemple, la femme d'un sous-officier qui a été admise à la PISAM a consommé plus de 12 millions. La femme d'un sous-officier qui malheureusement est décidé aujourd'hui. Ce n'est pas le sous-officier lui-même. Cela veut dire que ce soit les enfants, les épouses, ceux-ci sont admis dans les formations sanitaires sur le même pied. La seule différence, c'est le traitement, c'est la pathologie.

Par rapport à tout ce qui se raconte, avez-vous un message à lancer à l'endroit des policiers et quelles sont vos perspectives ?
Le message que je peux adresser aux policiers, c'est d'accepter les prestations du Fonds et de faire la cohésion autour de celui-ci. Si nous y arrivons, j'avoue que le Fonds sera un instrument indispensable dans l'épanouissement et la promotion du policier. Grâce au Fonds aujourd'hui, les policiers peuvent avoir un bon rendement parce qu'ils sont bien soignés, ils n'ont plus le souci des médicaux, ils n'ont plus le souci des emprunts, ils n'ont plu le souci d'avoir un toit pour aller à la retraite, pourvu qu'ils le veulent, pourvu qu'ils acceptent les produits. C'est vrai qu'il y a beaucoup d'agitation, ôte toi je vais m'asseoir ; ça c'est des petits problèmes de personne, nous dépassons cela. Le Fonds a beaucoup d'acquis, nous avons des terrains ou nous disposons de certificat de propriété. Nous disposons de 10 terrains reparti sur tout le territoire d'Abidjan. Nous avons l'hôpital, le siège…Nous avons des acquis énormes. Nous avons un produit appelé "un policier, un toit" qui permet au policier de cotiser dès qu'il entre à l'école de police. Nous avons aussi l'assistance juridique que nous allons mettre en place.
Interview réalisée par
Patrice Yao, Akwaba Saint-Clair
Col : Jean Prisca
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