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Politique Publié le vendredi 3 avril 2009 | Le Temps

Yamoussoukro - Des réalisations titanesques de Gbagbo menacées par la réalité du terrain

Les grandes réalisations entreprises par l’Etat ivoirien dans le cadre du transfert effectif de la capitale politique à Yamoussoukro sont menacées par un manque criard d’infrastructures routières et autres problèmes environnementaux.

Erigé en capitale politique en 1983, Yamoussoukro, village natal du père fondateur de la Côte d'Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, amorce depuis quelques années, une véritable ascension pour arborer les habits d'une capitale. A l'image des grandes capitales de l'Afrique et de l'Europe pour faire la fierté des ivoiriens et de ceux qui y vivent. Aussi pour y parvenir un plan directeur a-t-il été bien dressé et des constructions commencent à sortir de terre, à la grande joie de ses habitants, premiers bénéficiaires de cette œuvre. Cependant, si tout semble bien se dérouler avec récemment la construction des logements des parlementaires et bien d'autres réalisations à envergure institutionnelles, il n'en demeure pas moins que ce travail d'hercule mené par le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, est en proie d'être noyé par la réalité du terrain. En effet, pour le nouvel arrivé dans la capitale politique du pays, le décor à lui offert est si beau qu'il refuse d'y retourner. En passant plus de séjour que prévu. Mais que non. Et comme le dit l'adage, tout ce qui brille n'est pas de l'or, ou encore, l'Etranger à de gros yeux, mais ne voit rien. Il suffit de mener une promenade à travers la ville pour se rendre compte de la réalité. Que beaucoup reste à faire. Si l'on n'y prend garde, cela pourrait ternir les grandes œuvres déjà entreprises. Donc porter un discrédit sur l'effectivité du transfert de la capitale.

Des rues ont foutu le camp

Emprunter un taxi urbain et faire des courses dans la ville, relève du parcours du combattant. Quand des nids-de-poule, qu’un chauffeur de taxi, gardant l'anonymat, a qualifié de "puits" empêchent de rouler. Convenablement. En passant par Morofê, 220 Logements, Habitat, Assabou, Dioulabougou…, aucun de ces quartiers n'échappent au phénomène. Pourtant des rues bien larges et techniquement bien tracées qui, à un passé récent donnaient, fière allure à la ville. " Tout a foutu le camp ", laisse entendre sur un ton nerveux, empreint de regret, Y.A. opérateur économique. Qui s'est interrogé sur la compétence des structures en charge de remettre sur pied ces " jolies rues ". "On ne sait pas, a-t-il dit, à qui revient le droit de procéder à l'entretien des rues. Au District ou à la mairie ? ". A l'instar de cet interlocuteur, nombreux sont des habitants de la capitale de la région des Lacs qui sont amers, vu la dégradation avancée des voies. Mais aussi, des comportements aux antipodes d'un citadin.

La divagation des animaux dans la ville

Comme si l'état des rues ne suffisait pas, les animaux domestiques se sont ajoutés à la danse. Avec leur corollaire de conséquences. Manque de prudence pour les automobilistes et bonjour les dégâts. A tous les coins de rues, de véritables troupeaux de bœufs pour la plupart se promènent au vu et au su des agents de la mairie. L'on est tenté de se demander si les habitants ont conscience de l'évolution des choses, surtout celle de la qualité que doit revêtir une capitale. Vitrine de la Côte d'Ivoire moderne. Des Peuhls qui ne se soucient aucunement du danger de la divagation des animaux dans la ville. On se rappelle, raconte cet automobiliste, qu'en mars, un car a failli déverser ses occupants lorsqu'il a voulu éviter un bœuf qui a traversé brusquement la rue. "C'est ce que vous voyez qui est là. Chaque jour, ces animaux luttent la circulation avec les automobilistes", confie un résident du quartier le plus huppé de la capitale, quartier millionnaire. Nous révélant le cas des cimetières qui pullulent dans la ville.

Des cimetières çà et là

Au-delà de son aspect émotionnel, le cimetière à Yamoussoukro semble occuper une place importante dans la structure sociologique des habitants. A telle enseigne que chaque quartier veut sa propre sépulture. Du quartier les 80 logements à Morofê, en transitant par Dioulabougou et bien d'autres, des tombes disputent le loyer avec les vivants. Tous se côtoient et personne n'ose lever le doigt pour dénoncer cet état de fait. Quel sera l'avenir de ces sépultures ? Et qui connaît les conséquences de partager les mêmes lieux d'habitation avec les défunts. Loin de manquer du respect à ceux qui nous ont devancé dans l'au-delà, il convient néanmoins d'interpeller les autorités municipales. Qui doivent, au regard de la loi sur les sépultures, prendre des mesures qui s'imposent pour réguler ce milieu. A l'effet d'éviter que les cimetières naissent comme des champignons à Yamoussoukro. Bientôt, la ville prisée de toute l'Afrique de l'ouest. En attendant, des inhumations sont faites chaque jour. Et dans une véritable broussaille, constituant du coup, des nids de bandits, s'adonnant à cœur joie à leur sale besogne.

Des rues transformées en plantations

Si ce ne sont pas des cimetières, ou des animaux qui donnent une image non moins reluisante à la capitale politique du pays, ce sont des cultures périurbaines. Qui ont occupé nos rues, abandonnées du fait des immondices ou totalement envahies par des herbes. La nature ayant peut-être horreur du vide, ces riverains, justifient leurs actes par des cultures d'ignames, patates, etc., dans les rues de la ville. Et à l'image des lacs qui sont recouverts de salade d'eau douce, ces rues sont désormais recouvertes de plants d'ignames. Quant aux lacs, la nuit tombée, l'habitant de Yamoussoukro a du mal à respirer. A défaut d'humer cet air polluant, nauséabond à vous couper le souffle voire l'appétit.
"Le Chef de l'Etat doit lui-même veiller au transfert de la capitale. Sinon, les réalités du terrain lui feront déchanter le moment venu. Et il sera trop tard", a averti cet ancien fonctionnaire d'Etat, reconverti en commerçant.
En tout état de cause, la capitale des Lacs, a beaucoup à faire. Pour s'accommoder aux capitales dignes d'un pays, comme la Côte d'Ivoire. " Tout le monde a un rôle à jouer. Le maire, le Gouverneur du District et même l'habitant lambda ", conseille un de nos interlocuteurs. Non sans révéler : " A Yamoussoukro, il y a un conflit de leadership. Chacun de nos premiers magistrats veut que tout passe par lui."
Hélas, tout cela est en défaveur des automobilistes et habitants de Yamoussoukro qui continuent de vivre les affres des animaux dans une ville aux rues inexistantes, appuyées par des occupations anarchiques de sépultures.

Toussaint N'Gotta
Correspondant régional
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