x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le lundi 6 avril 2009 | Fraternité Matin

Ppte/ Ibrahim Sy Savané, Ministre de la Communication : “Cette initiative Ppte nous prépare à une relance économique plus forte”

Après l’obtention, par la Côte d’Ivoire, du point de décision de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, le ministre de la Communication donne, dans cet entretien, son point de vue.

Quelle lecture faites-vous de l’accès de notre pays à l’initiative Ppte ?

Quand j’entends certains dénigrer cette étape majeure, je me pose cette question : ceux qui brocardent l’admission de la Côte d’Ivoire font-ils preuve d’humour ou de scepticisme ? Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui vous reconnaît pauvres. Vous le sentez vous-même, tous les jours. Ce qui est important dans cette initiative Ppte, ce n’est pas tant qu’on vous ait reconnus comme pauvres, mais que vous puissiez bénéficier d’une série de dispositions pour, justement, réduire le poids de la pauvreté et vous préparer à une relance économique plus forte. Cette initiative ne consacre donc pas la pauvreté, mais doit permettre d’aiguiser les outils pour la combattre. Je pense d’ailleurs que certaines questions méritent de transcender tous les clivages. Reste, bien évidemment, les divergences d’opinion qui, elles, sont normales.

Pour le reste, soit vous dites : «Je ne paye pas ma dette», ceux qui ont tenté cela ont été confrontés à bien des difficultés ; soit vous dites : «Je paye ma dette afin d’entrer dans un nouveau programme». Pour cela, il y a un certain nombre de conditions à remplir ; c’est ce que la Côte d’Ivoire est parvenue à faire. Cela est une très grande avancée pour notre pays parce que le fait d’y être signifie que nous pourrons avoir beaucoup plus de marge pour aller à l’essentiel dans notre stratégie de développement. Même si cela nécessite également de tenir collectivement le cap. C’est certain que le pilotage sera encore plus serré, et nul ne doit se laisser aller à l’euphorie.

La question de la dette semble demeurer une grande préoccupation...

Oui, je dirai même qu’il s’agit là d’une question cruciale qui doit nous concerner tous. Ne serait-ce que pour en comprendre le mécanisme. Sait-on véritablement d’où provient une bonne partie de ces dettes ? La nôtre comme celles d’autres pays africains? Ce sont des dettes qui ont été « octroyées » dans des conditions pas toujours idéales. A un moment où l’Occident avait beaucoup de chaudières à vendre, une illusion de développement accéléré à promouvoir et une volonté d’arrimer un certain nombre de pays-phares à son bloc.

Il y a donc eu une sorte de largesse, pour ne pas dire plus, dans l’octroi des crédits. Il arrivait que des gens viennent eux-mêmes étudier l’implantation d’usines, qu’ils aillent chercher les moyens pour acheter le matériel d’ailleurs fabriqué par eux-mêmes, pour venir installer le tout et vous « l’offrir ». Cela aurait pu être une bonne chose, mais cela compromettait dans le même temps la quiétude des générations futures. D’autant que, quelques décennies plus tard, beaucoup de ces entreprises ont été rétrocédées au privé à des conditions pas toujours avantageuses pour l’Etat, alors que la dette, elle, cumulative par sa nature, a continué de gonfler. Il faut faire une vraie pédagogie de la dette, ne serait-ce que pour renforcer les consciences

A ce point ?

Sans aucun doute. La dette individuelle et collective est un problème crucial. Par conséquent, tout ce qui permet à des gens de s’en libérer est, à mon avis, une bonne chose. Ironie de la situation. Parfois, une bonne partie de ces crédits était retournée d’où elle venait dans les poches de techniciens, de coopérants dont l’embauche faisait quasiment partie des conditionnalités. Tout n’a donc pas été à l’avantage des pays qui sont aujourd’hui en train de les rembourser. On ne le dit pas assez.

La dette est une question presque philosophique. Lorsque vous vous référez à nos sociétés traditionnelles, quelqu’un à qui vous deviez, avait pratiquement droit de vie ou de mort sur vous. Lorsque vous apprenez que telle personne est allée s’offrir en esclavage pour pouvoir payer sa dette, vous comprenez qu’il ne s’agit pas de sujet à prendre à la légère. Je comprends pourquoi il existe dans certaines religions des prières pour se libérer de ses dettes….

Donc, de votre point de vue, ce nouveau programme est une bonne chose.

Bien évidemment. A ceux qui ironisent sur l’initiative Ppte, je dis qu’il n’y a aucune honte à entrer dans un programme qui vous permet d’élargir votre marge de manœuvre. Et le mérite de la Côte d’Ivoire est grand de pouvoir atteindre ce point d’achèvement dans une situation aussi critique que celle qu’elle traverse. Cela ne règle pas tous nos problèmes, c’est certain, mais c’est objectivement une très bonne indication. Surtout si nous ne nous laissons pas griser.



Propos recueillis par
Agnès Kraidy et Abel Doualy
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ