Visages crispés, regards angoissants, avec toujours ces questions qui trottent au bout des lèvres. Que nous réserve demain, allons-nous passer la nuit d’aujourd’hui dans nos maisons ou à la belle étoile ? A Biabou II, les populations vivent dans une hantise permanente. Celle de se retrouver d’un moment à l’autre dans la rue. Vendredi 20 février 2009 : ils reçoivent une mise en demeure leur demandant de « immédiatement et pour tout délai dans huit jours quitter les lieux qu’ils occupent sans droit ni titre ». La deuxième du genre en deux mois. Depuis, les hommes et les femmes, qui vivent dans ce quartier, sont tiraillés entre l’angoisse et le désespoir. Certains sont même aux abois.
«Nous avons des problèmes et nous avons besoin de secours », lâche d’une voix pathétique Mme Ruth Konan, visiblement, la responsable des femmes de la cité. «Nous sommes les déguerpis du quartier précaire de Washington dans la commune de Cocody, poursuit-elle. Suite à notre déguerpissement de ce site jugé dangereux, le gouvernement a décidé de nous recaser ici à Biabou I et II sur la route d’Alépé dans la commune d’Abobo. C’était en 1997. Les gens concernés par le site de Biabou I ont été installés. Mais au moment des constructions des logements pour ceux de Biabou II, il y a eu le coup d’Etat et les travaux se sont arrêtés. Ils ont repris sous le ministre Assoa Adou ». Loin d’être un soulagement, cette reprise ajoute-t-elle, marque le début du cauchemar des 878 familles de Biabou II. « La société d’aménagement des terrains de Côte d’Ivoire (SATCI) qui dirigeait les travaux a été remplacée par la société d’équipement de la Côte d’Ivoire (SECI).
A l’origine, un flou juridico
administratif
Cette société va détruire les 155 logements construits par la SATCI pour n’en construire que 38. Et se propose de les vendre, ce que nous avons refusé, car nous nous estimons déjà propriétaires de maisons. Et depuis la SECI ne cesse de nous harceler pour qu’on quitte les maisons », soutient-elle.
Les habitants de Biabou II soutiennent que les maisons leur ont été données sans aucune contre partie financière. Ils en veulent pour preuve ceux de Biabou I qui n’ont rien déboursé. Selon eux, les négociations se sont déroulées sous la supervision de la Banque mondiale et d’une ONG américaine. Cependant, dans le rapport produit par le ministère de la Construction et de l’Environnement en 2000, à ‘’l’occasion de la préparation de l’assemblée générale extraordinaire consacrée à l’examen et à l’évaluation de la mise en œuvre du programme pour l’habitat, cinq années Istanbu’’, il est mentionné ce qui suit : « (…) sur le site de Washington, il reste encore 450 foyers dont 156 foyers ivoiriens qui seront pris en compte sur Biabou II. L’opération expérimentale de relogement des populations d’Abobo Biabou I a coûté plus de 2,6 milliards FCFA. Elle a été entièrement financée par le Trésor public. Remboursement des coups de construction du logement sur une période de 15 ans par ceux qui les habitent : 12 000 FCFA par mois pour les lots individuels de deux pièces et 11 000 FCFA par mois pour les lots communautaires. Les retombées, la sécurité financière, la création de titre de propriété ». Ces dispositions ne sont pas respectées par les recasés de Biabou I. Arguant de leur situation de populations démunies, les familles refusent de payer les loyers. Pour autant, elles ne seront pas chassées des lieux. Un chemin tout tracé donc pour que ceux de Biabou II, qui refusent également de payer.
Biabou I et II, selon le rapport produit par le ministère de la construction, doivent abriter, sur une superficie globale de 126 hectares, 1746 lots, mais seuls 878 ont, pour l’instant, été construits. Sur les deux sites devaient être construits également 3 écoles, 3 lieux de cultes, un centre de santé, un commissariat de police, une place publique et un espace vert. La construction de150 bâtiments de plan marocain, d’une école et d’une maternité était également prévue sur le site de Biabou II. Malgré la présence de la maison témoin de plan marocain comme mentionné dans le rapport, ainsi que l’école encore en chantier, M Haidar Moustapha, patron de la société SECI se dit propriétaire de 10 hectares à Biabou II. Du reste, la mise en demeure notifiée aux habitants de la cité a été délivrée par la direction des affaires juridiques et du contentieux du ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat. Toute chose qui conforte le promoteur immobilier dans sa position. « Ils présentent de faux papiers. J’ai les vrais papiers avec moi. L’Etat m’a donné cet espace pour construire les maisons et les vendre à moindres coûts », réplique M Haidar. Dans une ordonnance de référé avec commandement de quitter les lieux, délivré par le tribunal de premier instance d’Abidjan Plateau, les habitants de Biabou II sont reconnus comme des occupants précaires car les documents qu’ils fournissent ne sont que de simple lettre d’attribution. Le dossier est encore pendant à la justice, mais M Haidar continue de réquisitionner les forces de l’ordre pour contraindre les habitants à quitter les maisons.
Dao Maïmouna
«Nous avons des problèmes et nous avons besoin de secours », lâche d’une voix pathétique Mme Ruth Konan, visiblement, la responsable des femmes de la cité. «Nous sommes les déguerpis du quartier précaire de Washington dans la commune de Cocody, poursuit-elle. Suite à notre déguerpissement de ce site jugé dangereux, le gouvernement a décidé de nous recaser ici à Biabou I et II sur la route d’Alépé dans la commune d’Abobo. C’était en 1997. Les gens concernés par le site de Biabou I ont été installés. Mais au moment des constructions des logements pour ceux de Biabou II, il y a eu le coup d’Etat et les travaux se sont arrêtés. Ils ont repris sous le ministre Assoa Adou ». Loin d’être un soulagement, cette reprise ajoute-t-elle, marque le début du cauchemar des 878 familles de Biabou II. « La société d’aménagement des terrains de Côte d’Ivoire (SATCI) qui dirigeait les travaux a été remplacée par la société d’équipement de la Côte d’Ivoire (SECI).
A l’origine, un flou juridico
administratif
Cette société va détruire les 155 logements construits par la SATCI pour n’en construire que 38. Et se propose de les vendre, ce que nous avons refusé, car nous nous estimons déjà propriétaires de maisons. Et depuis la SECI ne cesse de nous harceler pour qu’on quitte les maisons », soutient-elle.
Les habitants de Biabou II soutiennent que les maisons leur ont été données sans aucune contre partie financière. Ils en veulent pour preuve ceux de Biabou I qui n’ont rien déboursé. Selon eux, les négociations se sont déroulées sous la supervision de la Banque mondiale et d’une ONG américaine. Cependant, dans le rapport produit par le ministère de la Construction et de l’Environnement en 2000, à ‘’l’occasion de la préparation de l’assemblée générale extraordinaire consacrée à l’examen et à l’évaluation de la mise en œuvre du programme pour l’habitat, cinq années Istanbu’’, il est mentionné ce qui suit : « (…) sur le site de Washington, il reste encore 450 foyers dont 156 foyers ivoiriens qui seront pris en compte sur Biabou II. L’opération expérimentale de relogement des populations d’Abobo Biabou I a coûté plus de 2,6 milliards FCFA. Elle a été entièrement financée par le Trésor public. Remboursement des coups de construction du logement sur une période de 15 ans par ceux qui les habitent : 12 000 FCFA par mois pour les lots individuels de deux pièces et 11 000 FCFA par mois pour les lots communautaires. Les retombées, la sécurité financière, la création de titre de propriété ». Ces dispositions ne sont pas respectées par les recasés de Biabou I. Arguant de leur situation de populations démunies, les familles refusent de payer les loyers. Pour autant, elles ne seront pas chassées des lieux. Un chemin tout tracé donc pour que ceux de Biabou II, qui refusent également de payer.
Biabou I et II, selon le rapport produit par le ministère de la construction, doivent abriter, sur une superficie globale de 126 hectares, 1746 lots, mais seuls 878 ont, pour l’instant, été construits. Sur les deux sites devaient être construits également 3 écoles, 3 lieux de cultes, un centre de santé, un commissariat de police, une place publique et un espace vert. La construction de150 bâtiments de plan marocain, d’une école et d’une maternité était également prévue sur le site de Biabou II. Malgré la présence de la maison témoin de plan marocain comme mentionné dans le rapport, ainsi que l’école encore en chantier, M Haidar Moustapha, patron de la société SECI se dit propriétaire de 10 hectares à Biabou II. Du reste, la mise en demeure notifiée aux habitants de la cité a été délivrée par la direction des affaires juridiques et du contentieux du ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat. Toute chose qui conforte le promoteur immobilier dans sa position. « Ils présentent de faux papiers. J’ai les vrais papiers avec moi. L’Etat m’a donné cet espace pour construire les maisons et les vendre à moindres coûts », réplique M Haidar. Dans une ordonnance de référé avec commandement de quitter les lieux, délivré par le tribunal de premier instance d’Abidjan Plateau, les habitants de Biabou II sont reconnus comme des occupants précaires car les documents qu’ils fournissent ne sont que de simple lettre d’attribution. Le dossier est encore pendant à la justice, mais M Haidar continue de réquisitionner les forces de l’ordre pour contraindre les habitants à quitter les maisons.
Dao Maïmouna