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Politique Publié le jeudi 9 avril 2009 | Le Temps

Rébellion des Forces nouvelles : Les gros ennuis de Guillaume Soro

L`élection présidentielle aura-t-elle lieu avant le désarmement ? Les Com-zone accepteront-ils de perdre leurs privilèges acquis des 7 ans de crise ? Y a-t-il risque de déflagrations en cas de passage en force ? Le Premier ministre Guillaume Soro joue gros. Le sujet n`a jamais été aussi fâcheux qu`il ne l`est à présent. Au fur et à mesure que la proclamation de la date de l`élection présidentielle par la Commission électorale indépendante (Cei) se fait insistante, la question du départ des commandants de zones sous contrôle de la rébellion des Forces nouvelles, au profit de l`administration préfectorale se découvre comme un serpent de mer qui se dresse contre la détermination du Secrétaire général Guillaume Soro. Perdre le… nord avec ses richesses ou tenter un ``nous pas bouger`` au risque de perdre toute crédibilité dans la signature du 4e accord complémentaire de Ouagadougou. La rébellion ivoirienne se trouve face à un sérieux dilemme où ses leaders jouent leur survie. Ce sont des chefs de guerre qui jouent le temps et pour qui, la suspension des conciliabules enclenchés par le Président Laurent Gbagbo est un pain bénit. Le lundi 16 mars, en effet, le chef de l`Etat ivoirien annonçait, dès son retour du Burkina Faso où il prenait part au Sommet des chefs de l`Etat de l`Uemoa, qu`il attendait " donner un coup de pouce au processus de paix ". Sur le fil, il recevait au Palais présidentiel, une délégation des Forces nouvelles et des ministres de l`Intérieur et de la Défense. Le lendemain, il se retrouvait à leur demande, seul face aux responsables de la rébellion. Une rencontre à l`issue de laquelle rien n`avait filtré si ce n`est un rendez-vous, cette fois à Yamoussoukro, une semaine après. Mais tout le programme devait chambouler avec le drame du stade Félix Houphouët-Boigny qui avait fait 19 morts et plus d`une centaine de blessés. Là s`était arrêté le débat sur la réunification du pays avec ou non la rétrocession définitive des territoires ex-assiégés aux préfets. Rien n`avait donc bougé et l`opinion attendait plus ou moins après les trois jours de deuil national, que le dossier revienne sur la table des discussions. Quand, subitement des voix viennent prendre le contre-pied de ce qu`il avait été convenu. C`est d`abord le chef d`Etat-major des Fafn, qui fait faux bond à l`issue d`une rencontre, à Yamoussoukro avec les Fds-Ci. Le général Soumaïla Bakayoko opposait un non catégorique au général Philippe Mangou qui attendait de redéployer l`armée loyaliste dans les zones contrôlées Cno. Puis après Soumaïla Bakayoko, le commandant de la zone de Bouna, de mettre les deux pieds dans le plat. Dans une interview accordée au confrère panafricain Jeune Afrique dans sa livraison du 5 au 11 avril, Morou Ouattara met fin au suspense : " Nous allons également remettre les clés de nos zones aux préfets, mais pas à n`importe quel prix. Le ministre de l`Intérieur, Désiré Tagro, souhaite passer en force. Pourquoi veut-il nous brusquer. Il faut que les choses se passent en douceur. Quant au désarmement définitif, il sera réalisé par le président de la République issu de la prochaine élection. C`est lui qui indiquera la marche à suivre." Des propos qui violent l`article 8 du 4e accord complémentaire de Ouagadougou signé par eux-mêmes et par le camp présidentiel et dans lequel ils disent : " Reconnaissant que la non réunification du pays et les lenteurs accusées dans la normalisation institutionnelle et politique constituent de sérieux obstacles à l`organisation d`élections justes, transparentes et démocratiques, les deux parties conviennent que (…) Les Préfets de régions, les préfets de départements et les sous-préfets nommés dans la zone Cno exercent la plénitude de leur pouvoir au plus tard le 15 janvier 2009. A cet effet, une cérémonie de passation des charges avec les commandants de zone et les commandants de secteur sera organisée".
Du coup, selon l`entendement de ce chef de guerre et certainement selon celui de beaucoup d`autres, la rétrocession devait passer à la saint- glinglin. Il n`en fallait pas plus pour que se confirme la mauvaise langue qui veut que la rébellion n`acceptera jamais de céder les territoires assiégés. Le je t`aime, moi non plus qu`il a été donné de voir, la semaine dernière à Yamoussoukro, à l`issue de la rencontre entre les forces régulières loyalistes et la rébellion des Forces nouvelles, devait donner à réfléchir. Les deux ex-belligérants s`étaient quitté dos à dos. Une rencontre dans laquelle d`aucuns avaient placé bien d`espoir sans vraiment trop y croire. Ce qui avait fait jaser plus d`un. C`est donc un pied de nez que Morou Ouattara fait ainsi au Secrétaire général, le patron officiel des Forces nouvelles. Bien plus, c`est un dangereux désaveu, disent certains analystes. La réaction du com-zone serait symptomatique du malaise qui règne au sein des Fn. Ce sont au total dix com-zones dont personne ne sait réellement de quel côté chacun d`eux peut basculer au moment crucial où il sera question de se déterminer. Celui de la République ou alors celui de persister dans la rébellion. D`où la question fondamentale : Soro maitrise-t-il encore ses hommes? Apparemment, le Premier ministre ivoirien donne l`impression qu`il possède encore les coudées franches dans ce poker menteur où, seul le Président Laurent Gbagbo est sûr d`une chose. A savoir : pas d`élection sans désarmement. Une donne de plus en plus approuvée par la communauté internationale représentée en Côte d`Ivoire par l`Organisation des nations unies (Onuci) et dont le Représentant du Secrétaire général, le Coréen Y.J. Choï continue de croire que la paix dans ce pays passe avant tout par une élection crédible. Ce qui suppose un peuple électoral préalablement débarrassé des armes qui devra passer au scrutin. Cette raison est également partagée par les Etats-Unis d`Amérique qui dans un communiqué publié avant-hier, appelaient " toutes les parties à prendre toutes les mesures nécessaires aux fins de s`assurer que des élections crédibles se tiennent comme promis".
Depuis Daoukro où il parrainait le week-end dernier un festival, Guillaume Soro quant à lui, affichait sa ferme détermination à aller à l`élection présidentielle en 2009. " Je voudrais dit-il, aux populations de Daoukro ma détermination, notre détermination en tant que gouvernement, à faire en sorte que la paix ne soit pas seulement un mot, une incantation, mais une réalité vivante. Je voudrais dire en toute sincérité, les ministres sont là, que quoiqu`il en soit, les élections se tiendront en 2009. Vous pouvez me faire confiance. " Mais à quel prix ces élections se tiendront-elles, serait-on tenté de s`interroger ? A l’allure où vont les choses, ce ne sera plus le ministre de l`Intérieur, Désiré Tagro seul qui sera accusé par le com-zone récalcitrant de " passer en force et de brusquer les choses ". Il aura pour compagnon Guillaume Soro qui, aussi devra s`apprêter à faire la guerre aux réfractaires à la réunification du pays. Parviendront-ils à bout des faucons de la rébellion ivoirienne ? Wait and see, disent les anglophones.

Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr
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