Les transporteurs n'ont pas encore répercuté, comme le souhaitent ardemment les consommateurs, la baisse du prix du carburant sur leurs tarifs. Une attitude qui cause le courroux des usagers. Excédés ceux-ci préparent une riposte face à cette « trahison ».
Les opérateurs du transport maintiennent le statu quo sur leurs tarifs malgré la nouvelle baisse des prix du carburant à la pompe. Une attitude que ne semblent pas apprécier les usagers. Des grincements de dents se font sentir présageant une réaction dans les jours à venir. Il pourrait s'agir de manifestations remarquées. En effet, après les premières hausses des prix du carburant le 6 juillet 2008, consécutives à la flambée des cours internationaux du pétrole brut, le gouvernement ivoirien a procédé par la suite à quatre baisses sur ces nouveaux prix. De juillet 2008 à avril 2009 et compte tenu de la chute progressive du cours du baril de pétrole, de 795 Fcfa, le super sans plomb est tombé aujourd'hui à 625 Fcfa le litre, soit une baisse totale de 170 Fcfa. De 785 Fcfa, le gasoil a chuté à 540 Fcfa le litre, soit une réduction globale de 245 Fcfa. Mais il faut noter que les prix de ces deux produits pétroliers étaient respectivement à 615 et à 545 Fcfa le litre avant le 6 juillet 2008.
Les usagers indignés…
Nonobstant ces différentes baisses consenties par le gouvernement, la réaction n'a pas été toujours immédiate ni proportionnée chez les opérateurs du transport, de manière à arriver à une baisse satisfaisante de leurs tarifs. Toute chose qui est de nature à offusquer les usagers. «Nous estimons que les transporteurs doivent revoir leur prix à la baisse. Dans la mesure où le gouvernement vient de baisser les prix du carburant à la pompe. Depuis que les autorités ont annoncé les nouveaux prix du carburant rien n'a changé au niveau du transport. C'est intolérable. Nous ne comprenons pas l'attitude des transporteurs. Il ne faudrait qu'ils nous poussent à réagir», fustige visiblement mécontente Mme Yao Rose commerçante ce 21 avril au Plateau.
Selon elle, les transporteurs feignent de ne pas constater la nouvelle baisse des prix à la pompe. «Le tarif moyen sur le trajet dans les communes avec les wôrô-wôrô est de 300 Fcfa et plus de 500 Fcfa d'une commune à une autre. C'est inacceptable. On souffre et nous pensons que si l'Etat fait des efforts, les opérateurs doivent aller dans le même sens», renchérit-elle. Précisant qu'elle avait nourri de l'espoir lorsqu'à la veille de la fête de Pâques, le gouvernement a procédé à une nouvelle baisse des prix à la pompe. Mais ce rêve aura été éphémère puisque les tarifs des transporteurs sont restés invariables. M. Gossan Rogert comptable dans une société de la place, estime que le gouvernement doit convoquer dans l'immédiat les syndicats de transport et les opérateurs afin d'étudier ensemble la proportion dans laquelle la répercussion doit se faire sur les tarifs des transports. «Le gouvernement représente l'exécutif, donc il a les moyens de ramener les transporteurs à l'ordre. Les distances sont quasiment les mêmes, mais nous payons des tarifs non uniformisés. Cela devient de plus en plus insupportable pour nous, surtout que nous sommes frappés durement par la crise. Ce n'est pas normal que les transporteurs maintiennent encore leurs prix sans proposer une réduction aux usagers», décrie le comptable, le visage dégoulinant de sueur. M. Yoro Emmanuel, opérateur dans le cosmétique, plus incisif, estime que si rien n'est fait pour répercuter la baisse des prix du carburant sur les tarifs du transport, il faudra réagir comme il se doit. «Les transporteurs attendaient l'Etat afin qu'il procède à une réduction des prix du carburant. C'est chose faite. Aujourd'hui nous lorgnons les transporteurs. L'Etat a fait son devoir, les transporteurs doivent faire de même afin que ces efforts conjugués profitent aux usagers. Mais au contraire ils bloquent les prix. Il faut que cela change », souligne-t-il.
Avant de poursuivre : «Quand les transporteurs se plaignent de la hausse des prix du carburant, la population les soutient. Mais pourquoi ils ne veulent plus jouer leur partition au moment où les prix à la pompe chutent. La population doit réagir vigoureusement.» Les associations de consommateurs ne cachent pas leur ras-le-bol face à ce qu'elles appellent «une grosse trahison » des transporteurs. Koumoué Marius président de la Fédération des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire explique que même si cela reste encore insuffisant, le gouvernement a montré de bonnes dispositions sur la question. Dans la mesure où toute fixation de prix à la pompe devra désormais tenir compte des fluctuations internationales des cours du baril. «Une baisse des prix du carburant est toujours bonne à prendre. Car du fait que les cours du baril du pétrole étant en dessous des 40 dollars, l'Etat pouvait faire plus. Mais il faut saluer les efforts du gouvernement. Nous sommes par contre surpris qu'au jour d'aujourd'hui, les transporteurs ne font aucune répercussion de manière proportionnelle sur leurs tarifs. Les transporteurs ont trahi la population. Nous ne pouvons pas l'accepter », maugrée-t-il. A l'en croire, il appartient au ministère des Transports d'inviter les opérateurs du secteur à une table de discussion afin de trouver un mécanisme pour arriver à imputation de la baisse des prix du carburant sur ceux du transport.
… veulent réagir vigoureusement
«Autrement dit, nous allons prendre nos responsabilités. Nous allons protester publiquement à travers des manifestations pour exiger la baisse des prix du transport», prévient Koumoué Marius. Les fonctionnaires, soutient-il, sont en difficulté à cause du blocage des salaires depuis des décennies, la pauvreté gagne chaque jour du terrain avec un taux de 49,8%. «C'est vraiment inquiétant. Les opérateurs du transport sont de mauvaise de foi quand ils prétextent de la hausse des prix des pièces détachées des véhicules pour maintenir leurs tarifs au même niveau. C'est inadmissible. Nous n'allons pas attendre la Fête du travail le 1er mai pour nous faire entendre, car nous estimons que la situation est préoccupante, mais malheureusement nous ne voyons aucune centrale toucher du doigt ce problème », critique-t-il. En effet, pour certains opérateurs en plus du carburant, l'une des difficultés auxquelles, ils sont confrontés demeure la flambée des prix des pièces détachées des véhicules de transport et ils souhaitent que l'Etat mettent en place le « fonds de développement des transports » pour relancer le secteur qui croule sous le poids de la vétusté du parc automobile. Mais Koumoué Marius réplique en rappelant que cela peut être discuté dans un cadre bien donné avec les autorités, précisant qu'ils ont intérêt à montrer de bonnes intentions en ramenant leurs tarifs à un niveau qui puisse prendre en compte la baisse des prix du carburant. Pour Doukoua Godé, président de la Fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d'Ivoire (Fac-ci), sa structure va bientôt rencontrer les acteurs du transport dans le cadre du « comité de lutte contre la cherté de la vie » en vue de trouver une solution commune. «Il y a quelques rares zones qui ont commencé à réduire leurs tarifs, mais il faut que cela soit profitable pour tous les usagers. Donc nous n'allons pas rester les bras croisés », conclut-il.
Cissé Cheick Ely
Les opérateurs du transport maintiennent le statu quo sur leurs tarifs malgré la nouvelle baisse des prix du carburant à la pompe. Une attitude que ne semblent pas apprécier les usagers. Des grincements de dents se font sentir présageant une réaction dans les jours à venir. Il pourrait s'agir de manifestations remarquées. En effet, après les premières hausses des prix du carburant le 6 juillet 2008, consécutives à la flambée des cours internationaux du pétrole brut, le gouvernement ivoirien a procédé par la suite à quatre baisses sur ces nouveaux prix. De juillet 2008 à avril 2009 et compte tenu de la chute progressive du cours du baril de pétrole, de 795 Fcfa, le super sans plomb est tombé aujourd'hui à 625 Fcfa le litre, soit une baisse totale de 170 Fcfa. De 785 Fcfa, le gasoil a chuté à 540 Fcfa le litre, soit une réduction globale de 245 Fcfa. Mais il faut noter que les prix de ces deux produits pétroliers étaient respectivement à 615 et à 545 Fcfa le litre avant le 6 juillet 2008.
Les usagers indignés…
Nonobstant ces différentes baisses consenties par le gouvernement, la réaction n'a pas été toujours immédiate ni proportionnée chez les opérateurs du transport, de manière à arriver à une baisse satisfaisante de leurs tarifs. Toute chose qui est de nature à offusquer les usagers. «Nous estimons que les transporteurs doivent revoir leur prix à la baisse. Dans la mesure où le gouvernement vient de baisser les prix du carburant à la pompe. Depuis que les autorités ont annoncé les nouveaux prix du carburant rien n'a changé au niveau du transport. C'est intolérable. Nous ne comprenons pas l'attitude des transporteurs. Il ne faudrait qu'ils nous poussent à réagir», fustige visiblement mécontente Mme Yao Rose commerçante ce 21 avril au Plateau.
Selon elle, les transporteurs feignent de ne pas constater la nouvelle baisse des prix à la pompe. «Le tarif moyen sur le trajet dans les communes avec les wôrô-wôrô est de 300 Fcfa et plus de 500 Fcfa d'une commune à une autre. C'est inacceptable. On souffre et nous pensons que si l'Etat fait des efforts, les opérateurs doivent aller dans le même sens», renchérit-elle. Précisant qu'elle avait nourri de l'espoir lorsqu'à la veille de la fête de Pâques, le gouvernement a procédé à une nouvelle baisse des prix à la pompe. Mais ce rêve aura été éphémère puisque les tarifs des transporteurs sont restés invariables. M. Gossan Rogert comptable dans une société de la place, estime que le gouvernement doit convoquer dans l'immédiat les syndicats de transport et les opérateurs afin d'étudier ensemble la proportion dans laquelle la répercussion doit se faire sur les tarifs des transports. «Le gouvernement représente l'exécutif, donc il a les moyens de ramener les transporteurs à l'ordre. Les distances sont quasiment les mêmes, mais nous payons des tarifs non uniformisés. Cela devient de plus en plus insupportable pour nous, surtout que nous sommes frappés durement par la crise. Ce n'est pas normal que les transporteurs maintiennent encore leurs prix sans proposer une réduction aux usagers», décrie le comptable, le visage dégoulinant de sueur. M. Yoro Emmanuel, opérateur dans le cosmétique, plus incisif, estime que si rien n'est fait pour répercuter la baisse des prix du carburant sur les tarifs du transport, il faudra réagir comme il se doit. «Les transporteurs attendaient l'Etat afin qu'il procède à une réduction des prix du carburant. C'est chose faite. Aujourd'hui nous lorgnons les transporteurs. L'Etat a fait son devoir, les transporteurs doivent faire de même afin que ces efforts conjugués profitent aux usagers. Mais au contraire ils bloquent les prix. Il faut que cela change », souligne-t-il.
Avant de poursuivre : «Quand les transporteurs se plaignent de la hausse des prix du carburant, la population les soutient. Mais pourquoi ils ne veulent plus jouer leur partition au moment où les prix à la pompe chutent. La population doit réagir vigoureusement.» Les associations de consommateurs ne cachent pas leur ras-le-bol face à ce qu'elles appellent «une grosse trahison » des transporteurs. Koumoué Marius président de la Fédération des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire explique que même si cela reste encore insuffisant, le gouvernement a montré de bonnes dispositions sur la question. Dans la mesure où toute fixation de prix à la pompe devra désormais tenir compte des fluctuations internationales des cours du baril. «Une baisse des prix du carburant est toujours bonne à prendre. Car du fait que les cours du baril du pétrole étant en dessous des 40 dollars, l'Etat pouvait faire plus. Mais il faut saluer les efforts du gouvernement. Nous sommes par contre surpris qu'au jour d'aujourd'hui, les transporteurs ne font aucune répercussion de manière proportionnelle sur leurs tarifs. Les transporteurs ont trahi la population. Nous ne pouvons pas l'accepter », maugrée-t-il. A l'en croire, il appartient au ministère des Transports d'inviter les opérateurs du secteur à une table de discussion afin de trouver un mécanisme pour arriver à imputation de la baisse des prix du carburant sur ceux du transport.
… veulent réagir vigoureusement
«Autrement dit, nous allons prendre nos responsabilités. Nous allons protester publiquement à travers des manifestations pour exiger la baisse des prix du transport», prévient Koumoué Marius. Les fonctionnaires, soutient-il, sont en difficulté à cause du blocage des salaires depuis des décennies, la pauvreté gagne chaque jour du terrain avec un taux de 49,8%. «C'est vraiment inquiétant. Les opérateurs du transport sont de mauvaise de foi quand ils prétextent de la hausse des prix des pièces détachées des véhicules pour maintenir leurs tarifs au même niveau. C'est inadmissible. Nous n'allons pas attendre la Fête du travail le 1er mai pour nous faire entendre, car nous estimons que la situation est préoccupante, mais malheureusement nous ne voyons aucune centrale toucher du doigt ce problème », critique-t-il. En effet, pour certains opérateurs en plus du carburant, l'une des difficultés auxquelles, ils sont confrontés demeure la flambée des prix des pièces détachées des véhicules de transport et ils souhaitent que l'Etat mettent en place le « fonds de développement des transports » pour relancer le secteur qui croule sous le poids de la vétusté du parc automobile. Mais Koumoué Marius réplique en rappelant que cela peut être discuté dans un cadre bien donné avec les autorités, précisant qu'ils ont intérêt à montrer de bonnes intentions en ramenant leurs tarifs à un niveau qui puisse prendre en compte la baisse des prix du carburant. Pour Doukoua Godé, président de la Fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d'Ivoire (Fac-ci), sa structure va bientôt rencontrer les acteurs du transport dans le cadre du « comité de lutte contre la cherté de la vie » en vue de trouver une solution commune. «Il y a quelques rares zones qui ont commencé à réduire leurs tarifs, mais il faut que cela soit profitable pour tous les usagers. Donc nous n'allons pas rester les bras croisés », conclut-il.
Cissé Cheick Ely