Présentation du rapport de l`Etat sur l`école - Pr Alain Mingat, (expert en éducation) : "L`école ivoirienne produit des analphabètes"

Faible taux de scolarisation, courte espérance de vie scolaire, mauvaise qualité de l'enseignement, les maux de l'école ivoirienne sont égrenés depuis hier au Golf hôtel. Et par qui ? Le gouvernement. Responsables des ministères de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de l'Enseignement technique et professionnel, participent à un atelier de deux jours pour la restitution du Rapport d'Etat sur le système éducatif national (Resen). Le diagnostic posé à la cérémonie d'ouverture par le coordonnateur de l'étude révèle que bien que bénéficiant de ressources relativement plus élevées (4% des dépenses publiques) le système éducatif ivoirien est un des moins efficaces de l'Afrique de l'Ouest. Selon, Biney Francis, ce paradoxe s'explique principalement par une répartition non efficiente des ressources. Tandis que certaines zones à forte population d'élèves n'ont pas d'écoles, d'autres ont des classes vides. Cette mauvaise répartition des infrastructures scolaires est une des causes de la stagnation du taux scolarisation : 60% depuis 1985. Seuls 26% de ces enfants scolarisés achèvent le problème. D'où le faible taux d'alphabétisme. Le spécialiste a expliqué que selon des études psychopédagogiques, c'est à partir de l'âge de 8 ou 9 ans que le gamin commence à stabiliser le savoir qu'il acquiert. Cette tranche d'âge correspond aujourd'hui à celle des élèves du Cours moyen, (Cm). Ceux d'entre eux qui ne franchissent pas ce cap quittent l'école sans parfois retenir ou stabiliser la moindre instruction. « L'école ivoirienne produit des analphabètes », conclut Alain Mingat, expert de la Banque mondiale qui a travaillé sur plusieurs systèmes éducatifs de la sous-région. Il s'est occupé du volet résultat de cette étude qui va proposer une utilisation plus rationnelle des ressources octroyées à l'éducation. Le supérieur a aussi ses problèmes. Les ressources baissent d'année en année. Le ministre de l'Education nationale, Gilbert Bleu-Lainé, a pour sa part souhaité que ce processus s'achève avec l'élaboration d'un plan sectoriel pluriannuel pour la traduction des recommandation en actes concrets.

Cissé Sindou