Nos policiers savent-ils réellement user de leurs armes à feu ? S'agit-il toujours de légitime défense quand un agent des forces de l'ordre tire sur un présumé suspect ? Le débat mérite d’être posé sur la place publique et que, au plan national, il soit traité. En quelques années, pas moins de quarante deux cas de meurtre, abusivement qualifiés de « bavures policières » ont été dénombrés par les mouvements syndicaux qui défendent les droits des chauffeurs de véhicules de transport en commun.
Une patrouille de la Brigade de lutte contre la criminalité de proximité (BLCP), unité spéciale créée par Désiré Tagro, ministre de l’Intérieur, a ouvert le feu sur un véhicule stationné, le criblant d’au moins quinze balles.
Peu importent les circonstances du drame, du moment où il est admis qu’il n’y avait pas danger ou affrontement entre deux groupes.
Selon l’article 100 du Code pénal ivoirien, on ne peut parler de légitime défense que si la défense est proportionnelle à la menace de l'attaque. En d'autres termes, un agent ne peut tirer qu'en dernier recours. Quand on a appris à manier les armes, on ne peut pas se permettre de tirer n’importe comment. C’est malheureusement le cas, ici, avec les agents des forces de l’ordre.
Mais à l'origine du mal, il y a d'abord le recrutement et la formation des policiers. De plus en plus, des centaines d’éléments sont enrôlés directement au village, selon leurs sensibilités régionales et politiques. La formation de base se déroule dans des conditions hâtées et bâclées. Ils sont ensuite engagés dans les unités sur l’ensemble du territoire. Les scandales et autres abus des éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) font les premières pages des journaux depuis des années. Des réponses n’ont toujours pas été apportées aux inquiétudes des organisations des droits de l’homme au fait que le ministre de l’Intérieur, prétextant renforcer « la lutte contre la criminalité » a créé, de toutes pièces, sa police à lui. A les voir opérer dans les quartiers, ces policiers, gendarmes et militaires du CeCOS et de la BCLP ne se fixent aucune limite, aucune obligation, peu de règles de conduite. Bastonnades, fouilles, humiliations, injures, rackets, vols et séquestrations sont le quotidien des populations que le ministre de l’Intérieur dit vouloir sécuriser. Il y a, nécessairement, des décisions à prendre et quelque chose à faire pour éviter que la liste des exécutions et assassinats imputables aux agents des forces de l’ordre ne s’allonge. La première des décisions à prendre est la réduction de nombreux barrages qui pullulent toujours dans les quartiers. Sur une distance d’un kilomètre, il n’est pas rare d’enregistrer au moins cinq barrages. Les policiers et gendarmes ont des armes d’assaut pour contrôler les véhicules. Que faut-il attendre d’un agent qui contrôle la circulation avec une kalachnikov ? La grande question qui se pose est de savoir ce que les autorités judiciaires réservent à ces agents qui ôtent la vie à d’honnêtes citoyens pour… cinq cent francs CFA refusés. « On vous tue et puis il n’y aura rien », ainsi a répondu un sous-officier de la police à un chauffeur de taxi qui dénonçait, mercredi dernier, devant le corps inerte de son collègue Konaté, les agissements des hommes en armes. Vous avez dit impunité ? Tout part de là !
Charles Sanga
Une patrouille de la Brigade de lutte contre la criminalité de proximité (BLCP), unité spéciale créée par Désiré Tagro, ministre de l’Intérieur, a ouvert le feu sur un véhicule stationné, le criblant d’au moins quinze balles.
Peu importent les circonstances du drame, du moment où il est admis qu’il n’y avait pas danger ou affrontement entre deux groupes.
Selon l’article 100 du Code pénal ivoirien, on ne peut parler de légitime défense que si la défense est proportionnelle à la menace de l'attaque. En d'autres termes, un agent ne peut tirer qu'en dernier recours. Quand on a appris à manier les armes, on ne peut pas se permettre de tirer n’importe comment. C’est malheureusement le cas, ici, avec les agents des forces de l’ordre.
Mais à l'origine du mal, il y a d'abord le recrutement et la formation des policiers. De plus en plus, des centaines d’éléments sont enrôlés directement au village, selon leurs sensibilités régionales et politiques. La formation de base se déroule dans des conditions hâtées et bâclées. Ils sont ensuite engagés dans les unités sur l’ensemble du territoire. Les scandales et autres abus des éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS) font les premières pages des journaux depuis des années. Des réponses n’ont toujours pas été apportées aux inquiétudes des organisations des droits de l’homme au fait que le ministre de l’Intérieur, prétextant renforcer « la lutte contre la criminalité » a créé, de toutes pièces, sa police à lui. A les voir opérer dans les quartiers, ces policiers, gendarmes et militaires du CeCOS et de la BCLP ne se fixent aucune limite, aucune obligation, peu de règles de conduite. Bastonnades, fouilles, humiliations, injures, rackets, vols et séquestrations sont le quotidien des populations que le ministre de l’Intérieur dit vouloir sécuriser. Il y a, nécessairement, des décisions à prendre et quelque chose à faire pour éviter que la liste des exécutions et assassinats imputables aux agents des forces de l’ordre ne s’allonge. La première des décisions à prendre est la réduction de nombreux barrages qui pullulent toujours dans les quartiers. Sur une distance d’un kilomètre, il n’est pas rare d’enregistrer au moins cinq barrages. Les policiers et gendarmes ont des armes d’assaut pour contrôler les véhicules. Que faut-il attendre d’un agent qui contrôle la circulation avec une kalachnikov ? La grande question qui se pose est de savoir ce que les autorités judiciaires réservent à ces agents qui ôtent la vie à d’honnêtes citoyens pour… cinq cent francs CFA refusés. « On vous tue et puis il n’y aura rien », ainsi a répondu un sous-officier de la police à un chauffeur de taxi qui dénonçait, mercredi dernier, devant le corps inerte de son collègue Konaté, les agissements des hommes en armes. Vous avez dit impunité ? Tout part de là !
Charles Sanga