Quand le chef de la case « à fétiches » prend sa calebasse d`eau pour faire ses incantations avant d`immoler les trois poulets, l`assistance retient son souffle. Car l`onction des ancêtres dépend exclusivement de la position que vont adopter les poulets notamment de plumage blanc et rouge, après avoir été égorgés. Le chef de la case mortuaire, Soro Coulibaly Issa, lance le premier poulet égorgé de plumage noir. Le poulet agonise et se couche sur le côté pour indiquer qu`il y a quelques problèmes à régler dans la famille. Après cette première étape, tous les six chefs réunis sur les sept qui forment le canton, attendent avec impatience la réponse des ancêtres que vont donner les poulets blanc et noir. Les deux poulets adoptent, à la grande satisfaction de tous, la position idéale. Les deux poulets se couchent sur le dos. Des ouf de soulagement fusent de partout. El Hadj Coulibaly Bafao est consacré chef de canton de Korhogo. Les deux poulets attestent l`accord des mânes et leurs bénédictions pour le nouveau chef qui vient de recevoir ses attributs de chef. Il remplace à ce poste El Hadj Coulibaly Drissa, décédé en 2008. S`adressant à ses administrés en langue malinké puis en tchimbara, (une langue sénoufo) le nouveau chef a insisté sur l`union des peuples, des filles et fils de Korhogo pour un bon développement. Le fils du patriarche Péléforo Gbon a demandé aux chefs de villages et aux responsables des bois sacrés de perpétuer l`initiation au poro. «Sans le poro, le Sénoufo n`a pas d`âme », a révélé en substance le nouveau chef qui a fait son initiation au poro en 1945. Avant lui, le porte-parole de la famille, Me Lanciné Gon, a qualifié cette cérémonie de passage de relais d`un pouvoir à un autre pouvoir. «Vous connaissez l`expression : Le roi est mort vive le roi », a-t-il exprimé.
Mazola,
Correspondant régional
Mazola,
Correspondant régional