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Société Publié le vendredi 22 mai 2009 | Le Repère

Enquête express - Gardiennage : Les femmes font-elles peur aux malfrats ?

Dans les commerces, comme dans certains lieux publics, le nombre de vigiles ne cesse de croître. On peut constater également que ce métier s'enrichit d'agents de sexe féminin. Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans ce corps qui semblait être réservé exclusivement aux hommes. En d'autres termes, le métier de gardien et de garde du corps accueille de plus en plus de femmes. L'on pourrait même dire qu'elles volent aujourd'hui la vedette aux hommes. Comment exercent-elles ce métier ? Arrivent-elles convenablement à affronter le danger ?


Le sexe ne confère pas des exceptions aux femmes vigiles

Il est 15h30mn, mercredi 28 avril 2009, nous sommes au Plateau. Mlle Solange G. est en service à l'entrée de l'immeuble " Postel 2001 " vêtue d'un pantalon bleu et d'une chemise jaune. La tête couverte d'une casquette grise. Vigile dans une société de gardiennage et de sécurité de la place, et mère d'un enfant, elle explique ce en quoi consiste son métier. " Mon métier de vigile commence à 6h30 et prend fin à 18h30 mn. Ici, je surveille toutes les voitures garées au parking. Je veille aux entrées et aux sorties ", dit-elle. Comme elles, beaucoup de femmes exercent ce métier. Mais les activités varient selon les entreprises de gardiennage. " Notre rôle premier ici, c'est de surveiller les biens de l'Etat. Nos charges sont différentes les unes des autres, selon le contrat qui nous lie à l'entreprise", explique Mlle Adjaffi Laura qui exerce depuis trois ans à la Sir. Puis elle renchérit : "J'effectue 12h de travail chaque semaine. Je suis au standard, mais je combine la réception et le service des courriers ". Quant à Kady S, elle assure la sécurité la nuit devant une entreprise de communication à Cocody. " Nous travaillons à trois en veillant jusqu'au petit matin. Chacun à son poste fait preuve de vigilance pour ne pas se laisser surprendre par d'éventuel bandits", affirme-t-elle. Métier à risques, ces braves femmes côtoient le danger en permanence. Notamment les cas d'incendie. Kady en donne la confirmation " Un jour vers 1h du matin, nous avons sauvé de justesse l'entreprise où nous montions la garde. Parce que nous avons été vigilantes. Un incendie a failli tout raser. A peine cet incendie s'est déclenché, nous avons alerté les sapeurs pompiers ". Pour sa défense et celle de l'établissement en cas de danger, les femmes vigiles ne disposent que de quelques armes blanches. Ce sont par exemple un couteau, un tonfare (une matraque), des grenades lacrymogènes ou un détonateur. " Nous n'avons pas d'armes. Seuls les assistants de sécurité, qui viennent en renfort en cas d'intervention, sont armés " précisent-elles. Koné Suzanne, rencontrée à la radio télévision ivoirienne (Rti), assure la sécurité d'une pharmacie au vallon. Elle nous donne des précisions sur son métier. " Ce métier demande beaucoup d'ardeur pour une femme. Car, il faut être toujours vigilante, observer tous les faits et gestes des passants. A tous moments, les bandits peuvent surgir avec des armes à feu. Or, nos moyens d'intervention sont négligeables par rapport aux risques d'attaques ". (…) Un jour, vers 5h du matin, les bandits m'ont attaquée. Les malfrats se sont tirés avec mon portable et de l'argent que j'avais. Même s'il n'y a pas eu de mort, j'ai connu la frayeur." révèle-t-elle.


Ce qui attire les femmes vers ce métier

" Cette activité nous permet d'avoir de quoi subvenir à nos besoins. Rester à la maison et tendre la main, ce n'est pas bon. Ici, On se débrouille au moins un peu", déplorent, à l'unanimité, ces femmes. Henriette K. vigile que nous avons rencontrée sur le campus, titulaire d'un Bts en communication d'entreprise, partage cet avis. " Par manque d'emploi, malgré mes diplômes, je me suis reconvertie à ce métier pour faire face à mes propres charges", confirme-t-elle. Franceline K. vigile dans une banque est du même avis que Henriette K. " La femme doit pouvoir se prendre en charge. " Si ce métier de vigile permet aux femmes de subvenir à leurs besoins, certaines d'entre elles le font par amour. " Mon rêve, c'était de devenir un élément des forces de l'ordre. Mais, je n'ai pas les diplômes requis. Donc, j'ai opté pour les entreprises privées de sécurité ". Selon une autre vigile, ce métier est une voie pour avoir accès au corps de l'armée. " Beaucoup de femmes sont passées dans les entreprises de sécurité privées avant d'aller à l'école de police. Ma camarade a exercé ce métier pendant quarte ans. Aujourd'hui, elle est dans l'armée et elle s'en sort bien dans l'exercice de son métier ", a-t-elle dit.

Les conditions de travail ne sont vraiment pas réunies devant les risques qui sont cependant énormes. " La formation que nous recevons, n'est pas adaptée. Les vigiles sont formés sur le tard pendant deux ou trois semaines selon les entreprises. Il n'y a que les tonfares, les appareils sonores et électroniques tels que les radios portatives pour nous défendre. Or les bandits opèrent quelquefois avec des armes d'assaut. Donc, le déséquilibre est grand face aux énormes risques encourus face aux bandits". Tel est la confession d'une femme vigile mère de 4 enfants que nous avons rencontrée à cocody. Malgré les risques énormes auxquels ces femmes sont confrontées, le salaire perçu est pour la plupart en dessous du Smig (Salaire minimum interprofessionnel garanti). " Il est difficile de joindre les deux bouts, car le salaire varie entre 35.000 et 40.000 Fcfa. C'est de l'exploitation pour ce travail qu'on entreprend au risque de notre vie ". Après avoir bravé de multiples dangers et souvent au péril de leur vie, ces femmes estiment qu'elles ne perçoivent pas de primes de risques. " Je touche 30.000fcfa par mois, sans couverture sociale, ni prime de risque, pas de contrat. Tandis que nos employeurs se remplissent les poches " a révélé une femme vigile. Et de soutenir " C'est injuste que notre entreprise qui est l'une des meilleures de la place ne nous payent pas à la hauteur des sacrifices ". Abondant dans le même sens, Martine K. affirme qu'avec la grande insécurité qui règne à Abidjan, il est dangereux d'exercer ce métier sans la moindre précaution sécuritaire. Ces femmes vivent dans des conditions précaires. Il est de notérieté que les femmes vigiles choisissent de dormir à leur lieu de travail. " C'est le meilleur moyen d'économiser " Soutiennent-elles.


Le point de vue des hommes

Pour M. Secongo, contrôleur de site à la Sir, employé d'une compagnie de gardiennage, les femmes vigiles exercent ce métier avec beaucoup d'engouement et de détermination. " Malgré le salaire insignifiant, les femmes de mon site apportent la satisfaction. Vraiment il, n'y a pas de différence entre la femme et l'homme vigile ". Selon M. T.K chef d'entreprise de gardiennage, ce métier prépare parfaitement les femmes vigiles à l'exercice de celui des forces de l'ordre. Etant entendu que les exercices physiques auxquels sont soumis certaines vigiles ne sont pas différents de ce qui se passe lors de la formation à l'école de police ou de gendarmerie. " Qu'elles fassent ce métier de jour comme de nuit, les femmes vigiles ont reçu la même formation que les hommes. C'est comme à la police. A la pratique, elles sont aussi strictes que les hommes " affirme-t-il. Pour M. Bamba Koné, époux de vigile, sa femme est dynamique, car selon lui, elle sait gérer ce métier sans que cela ne perturbe sa vie de famille. Malgré le salaire négligeable, le manque de moyens d'intervention, ces femmes ont accepté de faire comme les hommes. Elles se battent avec abnégation pour assurer leur survie. " Ces femmes agents de sécurité sont à féliciter, notamment celles qui travaillent. Elles savent faire preuve d'abnégation et répondent présentes toujours à leur poste. Assurer la sécurité la nuit, pour une femme vraiment, c'est courageux. Ma collègue l'a fait pendant des années, elle était plus courageuse que des hommes vigiles. Aujourd'hui, elle a intégrée l'école de police ". affirme un agent de sécurité.

EPA (Stagiaire)
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