Traduction littérale de cette phrase malinké : «Le visage du ciel n’est pas beau.» Entendez : le ciel est très couvert de nuages ou le ciel est à l’orage. Le temps, on le sait et on le subit depuis quelques semaines, est mauvais et menaçant. De jour comme de nuit, les nuages se regroupent quand et comme bon leur semble, rendant le ciel bien triste et pleureur. Le ton tragique de ce mauvais temps qui en cache un autre à venir (pire et violent) a été donné par les pluies diluviennes et ledit ton se mesure déjà en plusieurs morts dans les quartiers précaires et en déguerpissements des habitants de ces lieux par l’Etat qui, par crainte d’être accusé de non-assistance à population en danger, s’active comme le médecin après la mort. Un réveil bien tardif. Relevons que ces sites à risques portent l’appellation pompeuse de «Les Pays-Bas», car situés dans les bas-fonds. Qui dit mieux ? Preuve que les ivoiriens ne manquent jamais d’humour. Même dans la détresse.
Pour revenir à la mauvaise météo, j’observe qu’en plus de menacer et de frapper les quartiers précaires, elle veut s’attaquer au champ politique et, plus précisément, au précaire processus de sortie de crise. J’y revien-drai.
1/- La précarité, c’est aussi bien les quartiers que la paix et notre démocratie
Qui a dit que tout est précaire ? L’écrivain français André Malraux. Témoin son livre intitulé «L’homme précaire» où l’on apprend qu’aucune condition humaine n’échappe à cette fatalité. Au commencement, il y a l’adjectif «précaire» (du latin «precarius» issu de «precari», qui signifie «demander quelque chose à un pouvoir supérieur, prier». Or une demande peut être acceptée ou refusée.
Sur cette définition où rien n’est acquis pour toujours, l’on a construit le nom «précarité». Selon le lexicologue français Alain Rey, «l’adjectif «précaire» apportait naguère l’idée d’une situation fugitive, sans garantie. En droit, pendant deux cents ans, la «détention précaire» (aujourd’hui on dit «détention provisoire») est l’autorisation de disposer d’un bien, qui peut être enlevé à tout moment. Aujourd’hui, on parle de «précarité de l’emploi», toujours menace, et précarité égale risque. Pis encore la précarité est devenue la situation de ceux qui n’ont rien et qui ne savent pas s’ils pourront manger demain. «Précarité» tend à remplacer les mots plus francs, comme «pauvreté, misère ou exclusion», car il ne dit en fait que «situation provisoire …» (cf. «A mots découverts», Ed. Robert Laffont, Paris, 2006, pp. 310-311).
2/- Les signes qui ne trompent pas…
Quand le ciel est couvert ou nuageux, nous interprétons ce fait comme le signe d’une pluie imminente. Ceux qui ont un chien chez eux savent que quand il gratte à la porte, c’est signe qu’il veut sortir… Dans les sillons de ces observations, l’on peut se demander à quoi renvoient ou que cachent le dérapage du Président français Nicolas Sarkozy depuis le Gabon contre le Président ivoirien Laurent Gbagbo (dont les promesses seraient «fallacieuses»), et le dérapage du quotidien Le Nouveau Réveil qui dans sa parution du vendredi 19/06/09, traite Madame Simone Gbagbo d’ex-Première Dame ? Pour le premier dérapage une partie de la réponse se trouve dans deux articles fouillés : celui de Didier Depry intitulé «Les non-dits de l’attaque de Sarkozy contre Gbagbo» (cf. Notre Voie n° 3309 du 19/06/09) et celui de Clarix Delaume (un Français résident en Côte d’Ivoire) intitulé : «Sarkozy dérape au Gabon. Il enterre Bongo et ressuscite la Françafrique» (cf. Notre Voie n° 3310 des 20-21/06/09).
Pour le deuxième dérapage, l’on trouve de sérieuses pistes dans la juteuse analyse de Benjamin Koré intitulé «Le journal du PDCI avoue-t-il un complot ?» avec deux vicieuses allusions. L’une relative à «l’avion endommagé à bord duquel se trouve l’ex-Première Dame Simone Gbagbo» et l’autre allusion à «une forte tornade suivie d’une pluie de 50 minutes au moment où le chef de l’Etat s’apprêtait à animer son meeting à Touba». Au journaliste de se demander à raison «en quoi une pluie qui tombe pendant cette saison de pluies peut-elle être un signe de malheur ? Si une pluie qui tombe est annonciatrice de malheur, que dirait-on de Bédié qui s’est donné le sobriquet de N’zueba parce que, selon lui, partout où il passe, il pleut ? Bédié serait-il, dans ce cas, un lot de malheurs ?» (cf. Notre Voie n° 3310 des 20-21/06/09).
Si bien des fois le mot «dérapage» est défini comme «propos incontrôlé», force est de constater que ceux mentionnés ici sont des «dérapages contrôlés. La volonté de nuire, voire de déstabiliser est manifeste et rappelle au pouvoir ivoirien qu’il est fait de précarité. Une fatalité ? Les ennemis n’ont pas lâché prise. Jamais deux (dérapage) sans trois…, dit-on. La mode étant encore aux réseaux mafieux et aux souterrains, le troisième aura-t-il le visage de la tragédie, du crime dans l’Etat ? Vu sous cet angle, l’on se rend vite compte que si l’on peut dire avec certitude que la guerre est finie, l’on ne peut pas dire autant pour ce qui a engendré la guerre. N’est-ce pas l’échec du coup d’Etat qui s’est mué en rébellion (avec sa guerre) ? On peut aussi marquer sa surprise et s’interroger comme le journaliste Didier Depry : «Pourquoi Nicolas Sarkozy, qui envoie des émissaires auprès de Laurent Gbagbo à Abidjan pour, dit-il, «tourner la page des relations tumultueuses entre la France et la Côte d’Ivoire», peut-il subitement attaquer de façon frontale le Président ivoirien ? (cf. Notre Voie n° 3309). Rien n’est simple quand on a affaire à la langue de bois et à la duplicité.
Si l’on ramène cette vive interrogation à notre conviction qui, du reste, est élémentaire, à savoir que nos crises majeures relèvent de nos crises de représentations, l’on voit que dans le fond rien n’a changé (absolument rien) dans la représentation que les pouvoirs français (du grand De Gaulle au petit Nicolas en passant par Giscard, Mitterrand et Chirac) ont toujours eue des nègres, que dis-je, des peuples africains et de leurs dirigeants regroupés dans la «Françafrique». Du racisme primaire qui se mesure en droits, en exploitation des richesses du continent, en espèces sonnantes et trébuchantes, en développement pour les premiers, en charges, devoirs et précarité pour les seconds. Et si la page tournée n’était autre chose que celle d’un cahier de charges ou du livre de la Françafrique ? Car tout le monde parle de page (à tourner), mais personne ne parle du type de cahier ou livre qui la contient… Quelle histoire !!!
Quiconque, comme Laurent Gbagbo, a compris cela et veut s’en affranchir essuie forcément des attaques ou des coups de colère qui annoncent la déstabilisation indispensable des régimes insoumis pour la stabilisation de leurs intérêts de prédateurs menacés. Ne dit-on pas que les «grands» pays n’ont pas d’amis, mais des intérêts ?
L’absence physique de Laurent Gbagbo à Libreville aux obsèques du Président gabonais Omar Bongo est signe de liberté qui a donné et donne soucis et insomnies au «petit Nicolas» qui veut bien continuer ce qu’il n’a pas créé : la Françafrique, un système où désormais presque tout le monde est plus âgé que lui. Comme quoi un être, que dis-je un pays essentiel (la Côte d’Ivoire) manque au système (Françafrique) et tout est dépeuplé… Yako, Nicolas ! Sur notre pays béni de Dieu, tu te casseras les dents. Comme Jacques qui l’a appris à ses dépens. Dieu ne dort pas. Nous non plus.
Mais, avant de nous quitter, je voudrais dire merci à une lectrice mienne (Akwaba à toi ! Bonne arrivée à Abidjan !) qui, après avoir lu l’annonce du présent papier (cf. Notre Voie du mardi 23/06/09) m’a aussitôt envoyé le texte suivant intitulé «Nicolas Police». Lecteurs miens, je vous en donne quelques savoureux passages : «Quand le petit Nicolas est entré au CP, heu ! On l’a tous montré du doigt. On a tous manifesté, heu ! C’est à cause de son nom. Quelle idée de s’appeler Police ! Nicolas a des copains. En classe ce sont ses deux voisins. Il copie sur Jean- Marie. Et Dominique copie sur lui. Pour les billes à la récré, c’est avec Edouard qu’il joue. Comme il a loupé le calot (ou la grosse bille) alors il joue avec Jacques… Nicolas qui ? Nicolas Police. Nicolas pue des doigts ! Nicolas sent le caca !» Ah, bon ! Ces paroles mises en musique sont de Olaf Hund. Pour les avoir, allez sur Google et ouvrez «nicolaspolice».
Koné Dramane: direbien@live.fr
Pour revenir à la mauvaise météo, j’observe qu’en plus de menacer et de frapper les quartiers précaires, elle veut s’attaquer au champ politique et, plus précisément, au précaire processus de sortie de crise. J’y revien-drai.
1/- La précarité, c’est aussi bien les quartiers que la paix et notre démocratie
Qui a dit que tout est précaire ? L’écrivain français André Malraux. Témoin son livre intitulé «L’homme précaire» où l’on apprend qu’aucune condition humaine n’échappe à cette fatalité. Au commencement, il y a l’adjectif «précaire» (du latin «precarius» issu de «precari», qui signifie «demander quelque chose à un pouvoir supérieur, prier». Or une demande peut être acceptée ou refusée.
Sur cette définition où rien n’est acquis pour toujours, l’on a construit le nom «précarité». Selon le lexicologue français Alain Rey, «l’adjectif «précaire» apportait naguère l’idée d’une situation fugitive, sans garantie. En droit, pendant deux cents ans, la «détention précaire» (aujourd’hui on dit «détention provisoire») est l’autorisation de disposer d’un bien, qui peut être enlevé à tout moment. Aujourd’hui, on parle de «précarité de l’emploi», toujours menace, et précarité égale risque. Pis encore la précarité est devenue la situation de ceux qui n’ont rien et qui ne savent pas s’ils pourront manger demain. «Précarité» tend à remplacer les mots plus francs, comme «pauvreté, misère ou exclusion», car il ne dit en fait que «situation provisoire …» (cf. «A mots découverts», Ed. Robert Laffont, Paris, 2006, pp. 310-311).
2/- Les signes qui ne trompent pas…
Quand le ciel est couvert ou nuageux, nous interprétons ce fait comme le signe d’une pluie imminente. Ceux qui ont un chien chez eux savent que quand il gratte à la porte, c’est signe qu’il veut sortir… Dans les sillons de ces observations, l’on peut se demander à quoi renvoient ou que cachent le dérapage du Président français Nicolas Sarkozy depuis le Gabon contre le Président ivoirien Laurent Gbagbo (dont les promesses seraient «fallacieuses»), et le dérapage du quotidien Le Nouveau Réveil qui dans sa parution du vendredi 19/06/09, traite Madame Simone Gbagbo d’ex-Première Dame ? Pour le premier dérapage une partie de la réponse se trouve dans deux articles fouillés : celui de Didier Depry intitulé «Les non-dits de l’attaque de Sarkozy contre Gbagbo» (cf. Notre Voie n° 3309 du 19/06/09) et celui de Clarix Delaume (un Français résident en Côte d’Ivoire) intitulé : «Sarkozy dérape au Gabon. Il enterre Bongo et ressuscite la Françafrique» (cf. Notre Voie n° 3310 des 20-21/06/09).
Pour le deuxième dérapage, l’on trouve de sérieuses pistes dans la juteuse analyse de Benjamin Koré intitulé «Le journal du PDCI avoue-t-il un complot ?» avec deux vicieuses allusions. L’une relative à «l’avion endommagé à bord duquel se trouve l’ex-Première Dame Simone Gbagbo» et l’autre allusion à «une forte tornade suivie d’une pluie de 50 minutes au moment où le chef de l’Etat s’apprêtait à animer son meeting à Touba». Au journaliste de se demander à raison «en quoi une pluie qui tombe pendant cette saison de pluies peut-elle être un signe de malheur ? Si une pluie qui tombe est annonciatrice de malheur, que dirait-on de Bédié qui s’est donné le sobriquet de N’zueba parce que, selon lui, partout où il passe, il pleut ? Bédié serait-il, dans ce cas, un lot de malheurs ?» (cf. Notre Voie n° 3310 des 20-21/06/09).
Si bien des fois le mot «dérapage» est défini comme «propos incontrôlé», force est de constater que ceux mentionnés ici sont des «dérapages contrôlés. La volonté de nuire, voire de déstabiliser est manifeste et rappelle au pouvoir ivoirien qu’il est fait de précarité. Une fatalité ? Les ennemis n’ont pas lâché prise. Jamais deux (dérapage) sans trois…, dit-on. La mode étant encore aux réseaux mafieux et aux souterrains, le troisième aura-t-il le visage de la tragédie, du crime dans l’Etat ? Vu sous cet angle, l’on se rend vite compte que si l’on peut dire avec certitude que la guerre est finie, l’on ne peut pas dire autant pour ce qui a engendré la guerre. N’est-ce pas l’échec du coup d’Etat qui s’est mué en rébellion (avec sa guerre) ? On peut aussi marquer sa surprise et s’interroger comme le journaliste Didier Depry : «Pourquoi Nicolas Sarkozy, qui envoie des émissaires auprès de Laurent Gbagbo à Abidjan pour, dit-il, «tourner la page des relations tumultueuses entre la France et la Côte d’Ivoire», peut-il subitement attaquer de façon frontale le Président ivoirien ? (cf. Notre Voie n° 3309). Rien n’est simple quand on a affaire à la langue de bois et à la duplicité.
Si l’on ramène cette vive interrogation à notre conviction qui, du reste, est élémentaire, à savoir que nos crises majeures relèvent de nos crises de représentations, l’on voit que dans le fond rien n’a changé (absolument rien) dans la représentation que les pouvoirs français (du grand De Gaulle au petit Nicolas en passant par Giscard, Mitterrand et Chirac) ont toujours eue des nègres, que dis-je, des peuples africains et de leurs dirigeants regroupés dans la «Françafrique». Du racisme primaire qui se mesure en droits, en exploitation des richesses du continent, en espèces sonnantes et trébuchantes, en développement pour les premiers, en charges, devoirs et précarité pour les seconds. Et si la page tournée n’était autre chose que celle d’un cahier de charges ou du livre de la Françafrique ? Car tout le monde parle de page (à tourner), mais personne ne parle du type de cahier ou livre qui la contient… Quelle histoire !!!
Quiconque, comme Laurent Gbagbo, a compris cela et veut s’en affranchir essuie forcément des attaques ou des coups de colère qui annoncent la déstabilisation indispensable des régimes insoumis pour la stabilisation de leurs intérêts de prédateurs menacés. Ne dit-on pas que les «grands» pays n’ont pas d’amis, mais des intérêts ?
L’absence physique de Laurent Gbagbo à Libreville aux obsèques du Président gabonais Omar Bongo est signe de liberté qui a donné et donne soucis et insomnies au «petit Nicolas» qui veut bien continuer ce qu’il n’a pas créé : la Françafrique, un système où désormais presque tout le monde est plus âgé que lui. Comme quoi un être, que dis-je un pays essentiel (la Côte d’Ivoire) manque au système (Françafrique) et tout est dépeuplé… Yako, Nicolas ! Sur notre pays béni de Dieu, tu te casseras les dents. Comme Jacques qui l’a appris à ses dépens. Dieu ne dort pas. Nous non plus.
Mais, avant de nous quitter, je voudrais dire merci à une lectrice mienne (Akwaba à toi ! Bonne arrivée à Abidjan !) qui, après avoir lu l’annonce du présent papier (cf. Notre Voie du mardi 23/06/09) m’a aussitôt envoyé le texte suivant intitulé «Nicolas Police». Lecteurs miens, je vous en donne quelques savoureux passages : «Quand le petit Nicolas est entré au CP, heu ! On l’a tous montré du doigt. On a tous manifesté, heu ! C’est à cause de son nom. Quelle idée de s’appeler Police ! Nicolas a des copains. En classe ce sont ses deux voisins. Il copie sur Jean- Marie. Et Dominique copie sur lui. Pour les billes à la récré, c’est avec Edouard qu’il joue. Comme il a loupé le calot (ou la grosse bille) alors il joue avec Jacques… Nicolas qui ? Nicolas Police. Nicolas pue des doigts ! Nicolas sent le caca !» Ah, bon ! Ces paroles mises en musique sont de Olaf Hund. Pour les avoir, allez sur Google et ouvrez «nicolaspolice».
Koné Dramane: direbien@live.fr