"Je suis Me Adoubah. Je suis lié au Sempa par un contrat d'assistance judiciaire et juridique. Ce qui m'amène à être souvent aux côtés du Sempa. Soit devant la justice ou devant l'administration de la direction générale. J'ai été saisi officiellement par le Sempa à la suite des faits, nous avons notamment obtenu un procès verbal de constat qui est édifiant. Des halls ont été fermés, des dockers ont été blessés et le Sempa m'a demandé d'initier une plainte contre les mis en cause. Nous avons saisi le Procureur de la République (ndlr : Tchimou Raymond) avec la liste des mis en cause et les couteaux de ceux-ci. Le procureur a saisi les autorités de police et donc l'enquête suit son cours. Nous c'est le côté préjudice. Mais en attendant l'évaluation du préjudice, il y a lieu de lire les questions liées à la législation du travail s'agissant des délégués du personnel et des chefs de syndicat, parce qu'eux aussi sont protégés. Nous devons saisir l'Inspection du travail afin d'obtenir l'autorisation de licenciement. Je suis chaque fois à l'écoute, chaque fois qu'il y a un règlement allouable, on essaie de suspendre un peu pour tenir compte du règlement qui est en cours. Evidemment, tout ça n'a rien à voir avec le retrait de la carte de docker, parce que le Sempa a la possibilité de retirer les cartes de dockers en attendant que la Commission ne se prononce au second degré."
Dr Touvolly Bi Charles,
Chef du Département médico-social du Sempa/ Bmod
"Depuis le déclenchement de la grève, il faut dire que nous avons été extrêmement sollicités par le nombre de blessés de plus en plus importants. C'est le cas de le dire, depuis 16 ans, je suis au Sempa en tant que chef de Département médico-social et je suis spécialiste en médecine du travail. C'est la première fois que nous sommes confrontés à une situation pareille. Pourquoi ? Parce que d'habitude nos accidentés, nos blessés viennent du travail. Des accidentés du travail, de la voie publique et puis des malades. Mais cette fois-ci nous avons été confrontés à des situations, qui pour nous, sont des situations de temps de guerre. Il y a des gens qui ont été agressés dans des maquis, à domicile, sur le trajet du travail, il y a des gens qui ont été agressés pratiquement dans des zones où nous n'avons pas l'habitude d'intervenir. Nous nous sommes retrouvés dans des situations assez exceptionnelles qui nous ont emmenés à prendre certaines dispositions. Au niveau des chiffres, nous avons enregistré environ 60 cas d'agressions pendant toute la période, dont 18 cas graves. Ces 18 cas ont nécessité des prises en charge totale dans des cliniques que le Sempa a conventionnées. L'évaluation que nous pouvons faire déjà tourne autour de 10 millions de Fcfa en frais de prises en charge, tant au niveau des cliniques que de la pharmacie. Les lésions que nous avons rencontrées sont des lésions assez graves. On a eu des traumatismes crâniens, des traumatismes de la face, des traumatismes du thorax, des traumatismes cutanés. On a eu un cas de tentative d'immolation, quelqu'un qui a failli être brûlé. On a eu un cas d'assassinat par noyade, puisqu'il a été poussé pendant les heures de travail dans l'eau, heureusement qu'il y a eu des personnes qui l'ont sauvé. Il y a un blessé qui a eu une lésion au niveau du nerf sciatique, donc il sera probablement paralysé, ce qu'on ne souhaite pas. Il faut ajouter que ces agressions ont été faites aussi bien par des cailloux, des barres de fer que des couteaux (des plaies cutanées, des plaies de l'abdomen et tout). C'est donc une situation assez exceptionnelle que nous n'avons jamais connue. Au niveau de notre centre médical, le Sempa nous a donné tous les moyens nécessaires aussi bien sur le plan de l'évacuation par notre ambulance que la sollicitation d'ambulances privées pour certaines interventions. Les capacités de nos pharmacies ont été renforcées au niveau médical et évidemment de tout ce qui est de l'hospitalisation. Dieu merci, on a pu éviter la mort de certains accidentés parce qu'on a eu deux ou trois cas graves qui ont été récupérés in-extrémis, car le premier était dans le coma et grâce à une intervention rapide dans la clinique où il a été évacué, on a pu le sauver. Donc à ce jour, on n'a pas eu de cas de décès, on a de grands traumatisés qui auront probablement des séquelles. Pour ceux qui ne le savent pas, quand on parle de traumatisme, ce sont des agressions physiques assez graves qui provoquent, quand il s'agit de traumatisme crânien, dans la majeure partie des cas des séquelles. Ce sont des gens qui demain, seront des épileptiques, des gens qui vont faire des sinusites, des gens qui vont avoir des problèmes de mémoire, donc c'est des cas vraiment très graves. Le Centre médical a déjà une politique de suivi des dockers. Pour terminer, je voudrais vous dire que nous avons une assurance-maladie au niveau du Sempa, mais aucun de ces accidentés n'a été pris dans le cas de l'assurance. Le Sempa aurait pu mettre ça dans le cadre de l'assurance pour ne pas avoir à engager des frais supplémentaires, mais ils ont été pris sur le budget du Sempa, puis que l'assurance-maladie des dockers, pour ceux qui ne le savent pas, est une assurance qui les couvre à 100% ; en dehors de la prime qui est payée, il n'y a pas de participation des dockers. Aujourd'hui, les derniers chiffres donnent 4000 dockers assurés avec 6 personnes en moyenne par famille, cela fait 24.000 personnes. Cette assurance dont j'avais annoncé la naissance lors d'un congrès en 2008 a pris effet depuis le 1er septembre 2008, une assurance de tous les dockers qui aujourd'hui nous permet de leur apporter toute la couverture médicale et même au-delà, parce que comme je le dis, ils ne déboursent rien aussi bien dans les cliniques que dans les structures de l'Etat. Voilà monsieur le Directeur de manière schématique la situation sur le plan médical."
Nazi Kaboré,
Secrétaire régional adjoint Afrique de l'ITF
"Je remercie monsieur le Directeur général ainsi que tous ses collaborateurs. Je voudrais surtout m'adresser aux travailleurs. J'ai écouté avec émotion ce que vous avez vécu ces derniers jours. Comme je l'ai dit au début, nous sommes venus pour nous informer et ensuite voir qu'est-ce que nous pouvons faire à notre niveau pour que de telles situations ne se répètent plus. Ce que je peux vous dire, c'est que la fédération internationale des ouvriers du Transport, ITF, qui regroupe actuellement 5 millions de membres dans 140 pays, près de 600 syndicats sont membres, et qui sont du secteur maritime mais aussi aérien, routier et de la navigation intérieure, la pêche et le tourisme. Notre ambition, c'est d'assurer des conditions meilleures de travail et de vie à tous les travailleurs des Transports, alors, nous sommes peinés lorsque nous apprenons que des travailleurs du Transport ont été maltraités. Je vous présente la compassion de l'ITF pour ce qui vous est arrivé, et comme je le disais, j'invite toutes les parties à ce que nous travaillions ensemble pour une véritable paix sociale. Afin que nous puissions tous gagner notre pain en travaillant dans le respect d'abord des partenaires et aussi dans le respect de la législation dans notre pays. Voilà ce que je veux dire pour le moment en attendant de faire mon rapport à mes supérieurs. Merci ! (…) Il faut leur (Cndd) demander de vous montrer ce que l'ITF leur a dit. Ce que nous avons évoqué n'est pas différent de ce que vous avez ici. Nous avons dit que la détermination des salaires se passe entre l'employeur et les syndicats, et dans certains cas avec les travailleurs eux-mêmes, s'ils n'ont pas d'organisation. Ça nous étonnerait que ce taux (ndlr : les dockers exigeaient 60 euros l'heure travaillée soit 39333 Fcf/ H les jours ordinaires travaillés et 90 euros l'heure travaillée soit 58999 Fcfa les samedis après-midi, dimanche et jours fériés) soit applicable. On l’a reconnu, c'est par écrit, demandez- leur de vous montrer l'écrit."
Propos recueillis par Sériba K.
Dr Touvolly Bi Charles,
Chef du Département médico-social du Sempa/ Bmod
"Depuis le déclenchement de la grève, il faut dire que nous avons été extrêmement sollicités par le nombre de blessés de plus en plus importants. C'est le cas de le dire, depuis 16 ans, je suis au Sempa en tant que chef de Département médico-social et je suis spécialiste en médecine du travail. C'est la première fois que nous sommes confrontés à une situation pareille. Pourquoi ? Parce que d'habitude nos accidentés, nos blessés viennent du travail. Des accidentés du travail, de la voie publique et puis des malades. Mais cette fois-ci nous avons été confrontés à des situations, qui pour nous, sont des situations de temps de guerre. Il y a des gens qui ont été agressés dans des maquis, à domicile, sur le trajet du travail, il y a des gens qui ont été agressés pratiquement dans des zones où nous n'avons pas l'habitude d'intervenir. Nous nous sommes retrouvés dans des situations assez exceptionnelles qui nous ont emmenés à prendre certaines dispositions. Au niveau des chiffres, nous avons enregistré environ 60 cas d'agressions pendant toute la période, dont 18 cas graves. Ces 18 cas ont nécessité des prises en charge totale dans des cliniques que le Sempa a conventionnées. L'évaluation que nous pouvons faire déjà tourne autour de 10 millions de Fcfa en frais de prises en charge, tant au niveau des cliniques que de la pharmacie. Les lésions que nous avons rencontrées sont des lésions assez graves. On a eu des traumatismes crâniens, des traumatismes de la face, des traumatismes du thorax, des traumatismes cutanés. On a eu un cas de tentative d'immolation, quelqu'un qui a failli être brûlé. On a eu un cas d'assassinat par noyade, puisqu'il a été poussé pendant les heures de travail dans l'eau, heureusement qu'il y a eu des personnes qui l'ont sauvé. Il y a un blessé qui a eu une lésion au niveau du nerf sciatique, donc il sera probablement paralysé, ce qu'on ne souhaite pas. Il faut ajouter que ces agressions ont été faites aussi bien par des cailloux, des barres de fer que des couteaux (des plaies cutanées, des plaies de l'abdomen et tout). C'est donc une situation assez exceptionnelle que nous n'avons jamais connue. Au niveau de notre centre médical, le Sempa nous a donné tous les moyens nécessaires aussi bien sur le plan de l'évacuation par notre ambulance que la sollicitation d'ambulances privées pour certaines interventions. Les capacités de nos pharmacies ont été renforcées au niveau médical et évidemment de tout ce qui est de l'hospitalisation. Dieu merci, on a pu éviter la mort de certains accidentés parce qu'on a eu deux ou trois cas graves qui ont été récupérés in-extrémis, car le premier était dans le coma et grâce à une intervention rapide dans la clinique où il a été évacué, on a pu le sauver. Donc à ce jour, on n'a pas eu de cas de décès, on a de grands traumatisés qui auront probablement des séquelles. Pour ceux qui ne le savent pas, quand on parle de traumatisme, ce sont des agressions physiques assez graves qui provoquent, quand il s'agit de traumatisme crânien, dans la majeure partie des cas des séquelles. Ce sont des gens qui demain, seront des épileptiques, des gens qui vont faire des sinusites, des gens qui vont avoir des problèmes de mémoire, donc c'est des cas vraiment très graves. Le Centre médical a déjà une politique de suivi des dockers. Pour terminer, je voudrais vous dire que nous avons une assurance-maladie au niveau du Sempa, mais aucun de ces accidentés n'a été pris dans le cas de l'assurance. Le Sempa aurait pu mettre ça dans le cadre de l'assurance pour ne pas avoir à engager des frais supplémentaires, mais ils ont été pris sur le budget du Sempa, puis que l'assurance-maladie des dockers, pour ceux qui ne le savent pas, est une assurance qui les couvre à 100% ; en dehors de la prime qui est payée, il n'y a pas de participation des dockers. Aujourd'hui, les derniers chiffres donnent 4000 dockers assurés avec 6 personnes en moyenne par famille, cela fait 24.000 personnes. Cette assurance dont j'avais annoncé la naissance lors d'un congrès en 2008 a pris effet depuis le 1er septembre 2008, une assurance de tous les dockers qui aujourd'hui nous permet de leur apporter toute la couverture médicale et même au-delà, parce que comme je le dis, ils ne déboursent rien aussi bien dans les cliniques que dans les structures de l'Etat. Voilà monsieur le Directeur de manière schématique la situation sur le plan médical."
Nazi Kaboré,
Secrétaire régional adjoint Afrique de l'ITF
"Je remercie monsieur le Directeur général ainsi que tous ses collaborateurs. Je voudrais surtout m'adresser aux travailleurs. J'ai écouté avec émotion ce que vous avez vécu ces derniers jours. Comme je l'ai dit au début, nous sommes venus pour nous informer et ensuite voir qu'est-ce que nous pouvons faire à notre niveau pour que de telles situations ne se répètent plus. Ce que je peux vous dire, c'est que la fédération internationale des ouvriers du Transport, ITF, qui regroupe actuellement 5 millions de membres dans 140 pays, près de 600 syndicats sont membres, et qui sont du secteur maritime mais aussi aérien, routier et de la navigation intérieure, la pêche et le tourisme. Notre ambition, c'est d'assurer des conditions meilleures de travail et de vie à tous les travailleurs des Transports, alors, nous sommes peinés lorsque nous apprenons que des travailleurs du Transport ont été maltraités. Je vous présente la compassion de l'ITF pour ce qui vous est arrivé, et comme je le disais, j'invite toutes les parties à ce que nous travaillions ensemble pour une véritable paix sociale. Afin que nous puissions tous gagner notre pain en travaillant dans le respect d'abord des partenaires et aussi dans le respect de la législation dans notre pays. Voilà ce que je veux dire pour le moment en attendant de faire mon rapport à mes supérieurs. Merci ! (…) Il faut leur (Cndd) demander de vous montrer ce que l'ITF leur a dit. Ce que nous avons évoqué n'est pas différent de ce que vous avez ici. Nous avons dit que la détermination des salaires se passe entre l'employeur et les syndicats, et dans certains cas avec les travailleurs eux-mêmes, s'ils n'ont pas d'organisation. Ça nous étonnerait que ce taux (ndlr : les dockers exigeaient 60 euros l'heure travaillée soit 39333 Fcf/ H les jours ordinaires travaillés et 90 euros l'heure travaillée soit 58999 Fcfa les samedis après-midi, dimanche et jours fériés) soit applicable. On l’a reconnu, c'est par écrit, demandez- leur de vous montrer l'écrit."
Propos recueillis par Sériba K.