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Société Publié le vendredi 3 juillet 2009 | Fraternité Matin

Abus de pouvoir : 2 jeunes femmes malmenées et déférées au parquet pour rien

Pour avoir réclamé leur caution, Loukou Ella Victoria et sa sœur Sylvie ont séjourné dans les violons de la police et du parquet sur la base d’un certificat médical de complaisance.



Loukou Ella Victoria Baukosso, technicienne en service à l’imprimerie du groupe Fraternité Matin, revient de loin… de très loin même ! Cette jeune femme de 32 ans, religieuse pieuse, si menue, si frêle et incapable de faire du mal à une mouche, a été pourtant injustement et abusivement menottée et jetée au violon du commissariat de police du 20ème arrondissement de Koumassi. Pis, Ella et sa petite sœur, Loukou Sylvie Berthe, élève couturière, qui ne se sont pas bagarrées avec qui que ce soit, ont été déférées manu militari au parquet d’Abidjan-Plateau sur la base d’un certificat médical produit par la nommée Ezobodo M’neka Marie Elisa, de nationalité nigériane. Le crime de Loukou Ella est d’avoir réclamé sa caution à cette femme et son époux. Fort heureusement, le procureur de la République qui a certainement découvert le complot ourdi contre les sœurs Loukou, les a aussitôt remises en liberté. Pour amener tous les auteurs de cet abus terrible à répondre de leurs actes, le directeur général de Fraternité Matin, Jean-Baptiste Akrou, a commis, à titre personnel, un avocat pour permettre à Ella de poursuivre l’affaire devant la justice. Mais de quoi s’agit-il ?



L’arrestation et le défèrement de Loukou Ella, il faut le dire, a surpris et ému tous ceux qui la connaissent et tout le personnel de l’entreprise qui l’emploie. Parce qu’il s’agit d’une fille sans histoire. Les faits qu’elle a relatés sont tout simplement révoltants : depuis près d’un an, Ella et sa petite sœur sous-louent un studio dans une maison appartenant à M. Ezobodo Blaise, homme d’affaires nigérian, qui y vit avec son épouse prénommée Marie Elisa. Le loyer est de 30.000 F y compris l’eau et l’électricité. Malheureusement, Ezobodo et sa femme qui reçoivent les loyers ne payent pas les factures de la Cie, qui finit par interrompre l’alimentation de la maison en électricité. Le Nigérian, qui exercerait à domicile des travaux d’informatique, va utiliser des moyens frauduleux pour se faire rétablir l’électricité. Pour sans doute éviter que la seule Ivoirienne de ses locataires, qui sont tous ses compatriotes, ne le dénonce à la Cie, Ezobodo Blaise somme Ella de vider sans délai son studio. Le bailleur refuse de ce fait de recevoir le loyer du mois de mai, tout en refusant aussi de rembourser à la locatrice, les 120.000 F de caution qu’elle lui avait versée le 20 octobre 2008. A partir de cet instant, le couple Ezobodo va mener une vie infernale à la jeune fille. Contrairement à ceux des autres locataires, tous de nationalité nigériane, le studio de Ella est privé d’eau et d’électricité et il lui est interdit de se procurer de l’eau chez n’importe lequel de ses voisins. Sans compter les intimidations qui succèdent aux menaces et autres injures qui n’épargnent point les parents biologiques des sœurs Loukou.



Excédée, Ella va saisir la gendarmerie de Koumassi. Laquelle aurait, dans un premier temps, tenté de raisonner le couple nigérian. Ce passage à la gendarmerie sera alors considéré par Ezobodo Blaise et sa femme comme une déclaration de guerre ouverte. «Nous sommes plus Ivoiriens que toi ! Ne sais-tu pas qu’avec les policiers d’ici il faut utiliser l’argent ? Nous allons le leur donner et tu vas voir ce qu’ils vont te montrer ». Ce sont là les propos outrageants que l’homme aurait tenus à Loukou Ella. Ainsi va commencer le calvaire pour les sœurs Loukou. C’est d’abord à la police criminelle au Plateau où convoquées par trois fois, elles vont rester à attendre les plaignants de 8 h à 17 h. Là, elles sont tantôt accusées d’avoir cassé la porte de M. Ezobodo Blaise, tantôt de devoir quatre mois de loyer, tantôt de recevoir des visites dans leur studio, etc. Ella dit avoir été proprement conspuée et menacée par l’officier qui avait manifestement pris faits et cause pour le couple. De retour de la police criminelle, quelle ne fut la surprise d’Ella à sa descente de service le soir, de constater que le portail était barricadé et qu’elle était interdite d’accès chez elle. Sur les conseils d’un ami, elle a recours à la police du 20ème arrondissement dont deux agents, arrivés sur les lieux, réussissent à dissuader les Ezobodo qui consentent à ouvrir la porte.



C’est malheureusement du même commissariat que sur instruction d’un officier, des agents vont venir mettre le grappin sur les sœurs Loukou, le samedi 27 juin, alors que les infortunées étaient en plein déménagement, abandonnant finalement la caution qui leur est due. Sans autre forme de procès, elles sont jetées au violon sous les railleries des « plaignants » et leurs compatriotes rassemblés. Jusqu’à ce qu’intervienne la patronne de Sylvie auprès de l’officier contacté par les Ezobodo. Lequel va laisser les filles sous convocation pour lundi. Ce jour-là, Ella et Sylvie ont été entendues sur procès verbal, avant d’être mises au banc. Elles seront par la suite libérées sous convocation pour le lendemain mardi. Et c’est ce jour-là, et pour la première fois qu’elles vont apprendre qu’elles sont accusées de coups et blessures volontaires sur la personne de l’épouse enceinte de l’homme d’affaires nigérian. L’officier avant de les déférer au parquet aurait dit ceci à Ella : « Tu as giflé la femme et ta sœur l’a poussée. Elle a fait une échographie qui révèle qu’il y a de l’eau derrière le bébé qu’elle porte dans son sein. Prie pour qu’elle accouche sans difficulté… sinon… ».



Pendant que le procureur de la République examinait le dossier de Ella et sa sœur, leurs parents étaient en négociation avec les prétendus plaignants. Lesquels leur exigeaient la somme de trois millions de francs avant de retirer leur plainte. Et l’oncle des filles pris de peur a avancé la somme de 150.000 F.



Landry Kohon
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